Chapitre XX

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Les servants enchaînaient les allées retours afin de s'assurer que tous nos besoins soient satisfaits. L'ambiance était lourde et pesante. Ici, il nous était impossible d'entendre ce qu'il pouvait bien se passer dehors. Le temps passait et nous ne savions même plus si la nuit était tombée ou s'il faisait encore jour.

Mais alors que tout le monde était dans la confusion, un bruit soudain venait briser le silence. Il y eut d'abord un tremblement, puis le son d'une explosion. Des cris de panique avaient alors surgi de l'autre pièce. La bataille dehors avait visiblement commencé. Les coups s'enchaînaient, nous n'entendions que les échos et ressentions de légers tremblements. Cela suffisait à effrayer les pauvres femmes qui ne pouvaient s'empêcher de laisser échapper des cris de panique. La reine s'était alors mis à prier en compagnie de mes amis. J'aurai aimé me joindre à elle, mais je ne parvenais pas à trouver le calme pour me concentrer. Je voulais m'assurer que tout allait bien de l'autre côté.

Décidée, je quittais la pièce pour rejoindre l'autre. Je tombais nez à nez avec une servante fatiguée de ses allés retours afin de donner à ces nobles femmes tout ce qu'elles pouvaient désirer. La pauvre servante n'eut même pas le temps de remarquer ma présence tant elle était occupée. Avant qu'elle n'eut le temps de filer, je saisissais doucement son coude pour stopper sa course.

Kinsley - Mademoiselle, savez-vous où ont été placés les villageois ?

- Il semblerait qu'il n'y avait de place pour personne, j'en ai vu aucun.

Je restais bouche bée. Aucun n'avait eu le droit à la protection. Comment cela était-il possible ? Il restait pourtant assez de places pour de nombreuses familles. Mais alors que je réalisais à peine que des milliers de vies étaient en danger en ce moment même, le bruit d'un plateau de métal se fracassant par terre me fit vivement tourner la tête. La jeune servante à qui j'avais demandé le renseignement un peu plus tôt était affalé parterre, sûrement morte de fatigue. Je me précipitais en sa direction et me baissais afin d'être à sa hauteur. Des gouttes de sueur ruisselaient sur son visage, sa respiration forte n'annonçait rien de bon. Je repoussais les quelques mèches collées à son visage et lui attribuait de douces caresses sur la joue afin d'essayer de la calmer.

« - Regarde-moi ça, une lépreuse en aidant une autre.

- J'espère qu'elles ne vont pas me donner leurs virus, comment le prince fait-il pour ne pas tomber malade ?

- C'est une petite traînée voilà tout, quel genre d'homme refuserait d'épouser une femme qui est bête au point de ne connaître que le sexe.

- Mais bien d'autres femmes auraient accepté de coucher avec le prince si elles avaient pu l'épouser. Cette femme n'est qu'une sorcière.

- Servante. Interpellais une femme en claquant des doigts, veuillez mettre cette mourante dehors, je ne veux point récupérer cette saleté qu'elle à dû attraper en ne traînant je ne sais où. »

Les femmes pouffaient de rire entre elles. Voilà qu'elles recommençaient, elles se moquaient de nouveau ouvertement de moi, de plus elles se montraient insolentes envers cette jeune fille souffrante. J'avais pour habitude de quitter la pièce qu'elles occupaient lorsque ça arrivait au château, mais cette fois, je ne pouvais pas fuir. Leurs paroles insoutenables me faisaient bouillir à l'intérieur. J'interpellais donc l'autre servante qui ne savait plus quoi faire face aux demandes de cette bande de harpies. Je lui expliquais de prendre soin de son amie. Une fois libérée, je me levais et d'un pas décidé, je me postais lourdement face à cette bande de femmes détestables.

Kinsley - Mesdames, laissez-moi vous rappeler qu'en tant que future souveraine, femme du dauphin, j'ai acquis le droit de vous mettre dehors si cela me chante ! Vous semblez si mal à l'aise en ma compagnie et en celle de cette pauvre femme. Ne me tentez pas davantage de vous faire évacuer. La place de vieilles harpies comme vous est dehors, voué à périr.

Voilà qui en fit pâlir plus d'une, elles semblaient pour la première fois avoir perdu leurs langues.

Kinsley - Maintenant, je vous demande de bien vouloir vous serrer. Je compte faire entrer bien des villageois parmi nous. Gare aux maladies mesdames. Me moquais-je en m'éloignant.

Sans rien dire, les femmes s'étaient resserrées entre elles obéissent à mes ordres. Voilà bien la première fois que j'appréciais cette autorité que m'avait offerte notre mariage. Je me dirigeais de nouveau vers la jeune servante qui s'occupait de la souffrante.

Kinsley - Sais-tu ce qui lui arrive ?

La jeune fille, paniquée ne comprenait visiblement pas ce qui arrivait à son amie toujours allongée par terre.

- J'ai ... j'ai bien une tante qui pourrait l'aider à aller mieux, elle pratique la médecine.

Kinsley - Où est-elle ? Répliquais-je aussitôt.

- Et bien ... Elle est dehors, à l'heure qu'il est, je ne sais même pas si elle est encore vivante. Sanglotait la pauvre jeune femme.

S'en était assez, sans perdre plus de temps, je quittais la pièce pour rejoindre les passages souterrains, il s'agissait d'un vrai labyrinthe, mais avec le nombre de soldats postés aux issus, je ne risquais pas de me perdre. Après avoir cherché pendant de longues minutes mon chemin, des cris lointains attiraient mon attention. Au milieu des détonations je percevais des voix. Laissant les voix me guider, je soulevais ma robe et courrais en leur direction. Après plusieurs minutes de recherche, je me retrouvais enfin face à un soldat qui gardait la porte. Derrière lui des coups-de-poing résonnaient contre le bois.

         « Aidez-nous ! Laissez-nous entrer je vous en supplie ! À l'aide ! Sauvez mon enfant ! »

Les appels se multipliaient, la détresse se ressentait dans leur voix. Le soldat adossé à la porte tanguait au rythme des coups de plus en plus ardus que donnaient les pauvres innocents.

Kinsley - Laissez-les entrer. Exigeais-je.

- Madame, ils sont nombreux et très énervés. Annonçait le soldat en se redressant lorsqu'il m'aperçut.

Kinsley - Ils sont énervés car ils sont dans la détresse, une fois à l'abri ils se calmeront, je ferai venir deux soldats pour veiller sur eux.

- Mais, ce ne sont pas les ordres.

Kinsley - Ce soir, ici, c'est moi qui donne les ordres. Répondais-je fermement bien que mal à l'aise de parler d'une telle manière.

Des ténèbres à la lumière T.2Where stories live. Discover now