Chapitre XVIII

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« - Vous devriez profiter de votre dernière nuit de repos dans cette chambre, les matelas là-bas ne sont pas si confortables.

Kinsley - Pourquoi dite-vous cela Renata? Demandais-je en me blottissant sous les couvertures.

La femme de chambre s'arrêtait alors de border de lit en me regardant.

Renata- N'avez-vous pas entendu les nouvelles qui circulent ?

Kinsley - Des ragots ? Je n'en sais rien, je n'ai pas quitté ma chambre le reste de la journée.

Renata - Il ne s'agit point de ragot ma Dame. C'est au sujet de cette armée qui est arrivée aujourd'hui, c'est une déclaration de guerre paraît-il, nous ne savons pas encore quand les attaques vont frapper, mais on nous à demander de préparer les galeries sous le château. Nous avons commencé à placer des matelas et du confort pour vous accueillir, vous, la reine et les quelques nobles. Quelques villageois pourront peut-être aussi venir s'abriter parmi vous, mais les places sont comptées. Certains ont déjà prévu de passer la nuit entière à dormir dehors dans la nuit gelée afin d'être les premiers et être sûr d'avoir une place.

Kinsley - Qu'adviendra-t-il des autres ?

Renata - Ils devront survivre par leur propre moyen ... Ils sont voués à une mort certaine à vrai dire.

Kinsley - Mais c'est horrible.

Renata - Vous avez encore tellement à apprendre ma Dame, la guerre n'a jamais été bien joyeuse, même en faisant pour le mieux, des âmes innocentes seront emportées ...   »

Je ne cessais de repenser à cette scène en boucle, je ne parvenais pas à m'endormir. De nombreux villageois seraient emprisonné dans leurs maisons si fragiles et dans l'insécurité par ma faute, tandis que je serais dorloté dans la plus grande sécurité.

Je ne cessais de me retourner dans mon lit m'en voulant à chaque instant un peu plus. Alors que j'avais réussi à alléger ma conscience depuis quelques mois au sujet des camps sauvages , je me retrouvais une nouvelle fois à penser à la survie des innocents. Malgré les choses que j'avais pu voir là-bas, j'avais été la plus chanceuse, je m'étais échappée et une vie incroyable s'était offerte à moi. Maintenant, une guerre allait éclater et je serai la première à être protégée. Je ne le méritais définitivement pas.

A force de chavirer dans tous les sens, j'avais fini par mettre un réel bazar dans les couvertures, n'en trouvant même plus l'endroit de l'envers. Lassé de devoir me débattre pour me dépatouiller de tout ça, je décidais de me lever. J'en avais par-dessus la tête de ne pas trouver le sommeil même si mes yeux me brûlaient. 

Instinctivement, je me rendais près de la fenêtre et tirais le grand rideau afin de regarder dehors. Le ciel était nuancé de nombreuses couleurs chaudes, violet, rouge, rose. C'était magnifique. Le soleil se levait déjà. Mais tandis que je me perdais dans ce magnifique spectacle. La porte de ma chambre s'ouvrit brusquement. Il s'agissait de Renata. Une gouvernante d'origine italienne, âgée d'une cinquantaine d'années elle faisait partie des plus âgées mais aussi des plus sages. J'aimais sa compagnie, elle se montrait professionnelle ainsi que maternelle.

Renata - Que faites-vous déjà levé ! Ne restez pas si près de cette fenêtre !

La servante avait aussitôt tiré le rideau pour le fermer, elle posait sa bougie sur l'une des tables en m'attrapant par les épaules afin de m'éloigner de la fenêtre.

Renata - Les ordres sont clairs, personne ne s'approche des fenêtres, les chambres royales doivent garder les rideaux clos. Maintenant, si vous le permettez, il vous faut enfiler une toilette convenable.

Kinsley - Pourquoi êtes-vous si hâtive que je m'habille ? Il est encore tôt.

Renata - Justement, j'étais venue vous réveiller, mais vous étiez déjà levé, grâce à Dieu, je redoutais cette tâche. Ce matin le petit déjeuner est servi dans la grande salle et non en chambre. Tout le monde est rassemblé là-bas, il vous faut donc être convenable afin d'apparaître auprès de tous. Pendant ce temps, nous autres servants avons pour ordre de préparer vos malles, d'y mettre des vêtements pour plusieurs jours avant de les emmener dans les galeries.

Visiblement, il n'y avait pas de temps à perdre. Renata qui s'agitait dans tous les sens me donnait le tournis. J'étais restée plantée au milieu de la chambre sans rien faire. Renata en avait déjà profité pour sélectionner ma tenue. Elle avait rapidement noué mon corset et superposé mes jupons afin que je sois prête.

Renata - Vous voilà prête, rendez-vous en salle commune avant que les autres arrivent pour préparer vos bagages. Vous vous sentirez vite de trop.

Sans broncher, je quittais la chambre pour me rendre au lieu de rendez-vous. Les couloirs étaient plutôt calmes et seuls les cliquetis de l'amure du soldat qui me suivait animait l'endroit. Une fois rendue, je poussais doucement la porte. La salle était déjà pleine à craquer. Tous les nobles étaient là. Je n'aimais guère tant d'agitations dès le matin, mais je n'avais pas d'autre choix et m'aventurais à l'intérieur.

Mira - Comme c'est incroyable toute cette nourriture ! Je n'arrêterais jamais de manger tant qu'il y en aura.

La deuxième fille d'Adélard s'était précipité vers moi lorsque j'avais passé le pas de la porte, la bouche pleine, elle semblait émerveiller de la quantité de nourriture énorme servie au buffet. Affectueusement, un léger sourire aux lèvres, j'ébouriffais sa petite chevelure brune. Tandis que la petite fille continuait de m'exprimer sa joie, j'observais d'un œil distrait les convives un à un. Mon regard fut alors soudainement interpellé par la présence de mon mari au fond de la salle. Il était là au milieu de tous, et moi qui pensais ne pas le revoir avant que toute cette histoire ne soit réglée. Je repensais alors à la veille, il semblait tellement énervé contre moi et pourtant je ne pouvais pas rester dans mon coin sans rien faire. Il fallait que j'aille le voir avant que la bataille ne commence.

D'un pas décidé bien que je sois tourmentée à l'idée de le rejoindre, je m'approchais de lui. Lorsque je fus plus qu'à quelques pas de lui, je m'étais de nouveau arrêtée. Il souriait, il riait même. La veille, il semblait si tourmenté et aujourd'hui alors que les choses ne s'arrangeaient pas vraiment, il souriait ? 

C'est alors que je constatais la crinière rouge de mon invitée, Jea. Elle se tenait devant lui, une tasse de thé entre les mains et discutait en compagnie de mon mari, visiblement elle le faisait rire et il semblait passer un bon moment en sa compagnie. Je n'avais pas pour habitude de le voir rire en compagnie d'autres femmes, bien que certaines se montraient entreprenantes avec lui, il n'y faisait guère attention. Sans m'en rendre compte, je me mordais la lèvre inférieure comme pour étouffer ce sentiment étrange qui s'emparait de moi. Je ne craignais aucunement Jea, elle ne s'était jamais montrée aventureuse auprès de mon mari, elle fréquentait même un autre garçon à la cour, un cousin d'Isaac, un jeune soldat qui s'entraînait durement pour devenir un grand guerrier un jour.

Je n'osais désormais plus m'avancer, qu'allait-il se passer si j'interrompais cette conversation ? Et si la colère du prince ne s'était pas estompé à mon égare . Cela donnerait naissance à un moment tellement gênant que je ne voulais pas m'y aventurer.

Soudain, l'intention de tous fut détournée par un claquement répétitif, le roi faisait claquer un bâton de bois sur le sol. Une fois l'intention de tout acquise, il cessa de tambouriner le sol et prit la parole.

Roi - Mes chers amis, dehors un peuple semble vouloir nous affronter. Mesdames et enfants, pour votre sécurité la forteresse souterraine a été aménager pour vous accueillir afin de vous offrir une protection. Personne ne devra les quitter jusqu'à ce qu'un accord de paix soit signé.

Le roi fit signe à plusieurs de ses soldats d'escorter les personnes concernées jusqu'aux galeries.

Roi - Je fais appel à mon conseil et ma plus proche famille de me rejoindre en salle de rassemblement. Annonçait-il une dernière fois avant de lui-même prendre le chemin de la salle de conseil.


Des ténèbres à la lumière T.2Where stories live. Discover now