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Le trajet m'a semblé beaucoup plus rapide qu'à l'aller, la présence d'Oussama y est sûrement pour beaucoup. On se s'est pas décroché un seul mot depuis notre départ de l'épicerie mais ça ne me dérange pas plus que ça. Tout d'abord si il m'avait tapé la causette j'aurais été tellement gênée que j'aurais bafouillée comme une débile, je serais sûrement tombée et j'aurais agis de façon bizarre, comme à chaque fois que je suis mal à l'aise. Alors le silence ce n'est pas trop mal. Et puis ce n'est pas le silence gênant, celui qui est pesant, non. C'est un silence calme, assez reposant même.

Enfin bon, il est 21 heures et nous voilà devant chez moi. Je tape le code et nous nous engouffrons dans le hall. Il appuie sur le bouton d'appel de l'ascenseur.

- Ça va ?

Ouss – Pourquoi tu me demandes ça ?

- Ça fait mal à la main.

Il ne broncha pas, mais me regardait comme si j'étais un spécimen étrange.

Ouss – Il suffit de ne pas être trop faible.

Sa réplique ma piqua légèrement et j'ai tout de suite détournée le regard. J'espère qu'il a bien mal, connard. Les portes s'ouvrirent, puis se refermèrent derrière nous.

Ouss – Quel étage ?

- Deuxième.

Mon ton était plus sec que je ne l'aurais voulu, je ne voulais pas qu'il me prenne pour une fille à chichi qui se vexe pour un rien (même si c'était un peu le cas).

Il appuya sur le bouton 2 qui s'illumina puis se tourna vers moi.

Ouss – C'est pas grave d'être faible.

Il en rajoute une couche. Je sais que je ne suis pas la fille à la force carapace, celle qui ne ressent rien, celle qui n'a peur de rien, celle qui dit tout haut ce qu'elle pense tout bas, je suis pas cette fille-là. Mais ce n'est pas la peine de m'enfoncer. Mon regard devait être bien noir car il se reprit bien vite.

Ouss – J'voulais pas être méchant.

- Ah ouais ? Ravie de l'apprendre.

Ouss – Nan vraiment, c'est pas ce que je voulais dire.

« Deuxième étage ». Je déteste la voix de cet ascenseur. Je pose un pied sur le palier et il fait de même.

- Et qu'est-ce que tu voulais dire alors ?

Ouss – Que c'est pas grave de pas arrivé à porter des patates.

Sérieux ? J'pensais que c'était une affaire d'état. Je préparais une réplique cinglante mais je n'ai pas eu le temps de la sortir.

Ouss –Tant que t'as quelqu'un pour t'aider, c'est pas grave.

Il m'offrit un petit sourire et déposa le filet à mes pieds avant d'appeler à nouveau l'ascenseur. Si je comprenais bien ce qu'il venait de dire, il fallait juste que chaque « faible » trouve son « fort » ? Plutôt poétique le p'tit Ouss. « Ting ». L'ascenseur est là.

- Attend...

Il se retourne à moitié et me lança un regard interrogateur.

- 10 kilos de patates c'est trop pour 3. Tu pourrais rester manger pour...

Merde, pourquoi ? Qu'est-ce que je vais bien pouvoir dire ?

- Pour qu'il m'en reste moins. Enfin si t'as envie bien sûr.

Il s'accouda au mur.

Ouss – Et qu'est-ce que tu vas me préparer hein ?

- Un poulet aux olives, t'aimes bien ça ?

Ouss – Quand c'est bien fait, ouais. T'as intérêt d'être à la hauteur.

Sa dernière remarque fut suivie d'un clin d'œil et je sentis mon visage s'empourprer. Punaise... La clé déverrouilla ma porte d'entrée, j'étais enfin de retour dans mon appartement, suivie de près par Oussama.

***

Mon poulet était déjà au four à feu doux et Aïda et Emre n'allaient pas tarder à arrivés. Oussama était assis sur une des chaises de la cuisine et à vrai dire je savais pas trop ce qu'il faisait. Et je voulais pas me retourner, la honte qu'il me crame entrain de le regarder j'ai pas besoin de ça ce soir.

J'attrape le filet de patates, les laves tranquillement puis je sors la friteuse.
A l'aide de mon éplucheur je commence à leur enlever la peau quand l'intervention d'Oussama me surprit.

Ouss - T'as bsoin d'aide ?

- Euh .. Ouais pas de refus.

Sans même le voir je le sentis s'approcher.

Ouss - Il faut que je fasse quoi ?

- Dans le premier tiroir près du frigo il y a les couteaux. Tu sais faire des frites ?

Ouss - Suffit de couper en rectangles nan ?

- M'ouais en gros c'est ça.

Ouss - Montre moi une comment tu l'as fais.

J'attrape la patate que je viens d'éplucher, et la coupe en 4 avant de trancher des lamelles fines. 

Ouss - Ah ouais une vraie pro hein.

Je ne pu m'empêcher de sourire, il m'a légèrement déconcentrer et la lame me rentra dans le doigt.

- ishhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh

Ouss - Qu'essta ?

- Ouah je me suis coupée je crois.

Du liquide rouge commençait déjà à sortir, et je supporte vraiment pas la vue du sang.

- Oh mon Dieu au secours.

J'ai fermée les yeux si fort que ça m'en a fait mal. Faut pas que je vois le sang ou je vais réellement être dans le mal. J'étais en pleine période de ressaisissement quand je l'entendis rire.

Ouss - Wech t'es sérieuse tout ce sketch pour trois gouttes de sang ?

- Je supporte pas ça ça me dégoûte.

Ouss - C'est rien tranquillise toi.

- Nan vraiment je peux pas !

Ouss - Passe ton doigt sous l'eau.

Il ouvrit le robinet et attrapa ma main pour la passer dessous. C'était, à vrai dire, un moment assez gênant. On a du rester comme ça pendant 1 minute, ce qui en temps réel est énorme, avant qu'il ne prenne la parole.

Ouss - T'es vraiment une p'tite faiblarde Radia.

Il ma charriait vu son grand sourire.

- J'y peux rien... Et puis laisse moi tranquille c'est pas de ma faute.

Ouss - C'est pas grave.

Il lâcha ma main. Je sentais son regard me brûler le haut du crâne et j'évitais à tout prix de me retourner vers lui, mon Dieu ce qu'il peut me mettre mal à l'aise...

Ouss - C'est pas grave tant que j'suis là.

« Soleil de mes nuits »Onde histórias criam vida. Descubra agora