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J'étais vraiment choquée. Je m'y attendais tellement pas. Et ça me faisait peur, vraiment. Déjà, ça ne me plait pas qu'on appelle ma tante la "psychopathe", parce qu'elle ne l'est pas. Ça m'énerve, fortement. Ils ne le connaissent pas mais se permettent de faire des jugements, ils ne savent même pas à quoi elle ressemble mais en font une légende urbaine. Et puis surtout, MON PÈRE ? Il est sortit ?! Pour moi mon père était toujours entrain de croupir dans une prison de banlieue, et ça me foutait des frissons dans le dos.

Ma relation avec mon père a toujours été très compliquée. Je ne l'ai jamais connue dehors, il a été enfermé toute mon enfance, et dès qu'il sortait il replongeait, et ça encore et encore. Les coups de fils de ma mère, c'était toujours les mêmes. "Ma puce, papa est repartie..." et elle pleurait toutes les larmes de son corps. Moi aussi j'ai pleurée. La première fois. Puis la deuxième. Au bout de la troisième je n'ai pas bronché. Mima me scrutait de loin, tout en faisait bouillir des pattes, elle attendait de me voir m'effondrer pour me relever. Mais ce ne fut pas le cas. Ce jour là j'ai eu le démon, une haine immense au fond de mon cœur, et ça pour la première fois. Pour la première fois de ma vie à l'âge de 12 ans je lui ai souhaité la mort. Et ce ne fût pas la dernière. Je le hais. Tout ce qui m'arrive de pourri dans ma vie, tout ça c'est à cause de lui. Si maman et mima se disputent, c'est toujours de sa faute. Si Kader et maman se disputent, c'est encore sa faute. Si maman et moi on se dispute, devinez quoi? C'est encore de sa faute.

Je suis allée le voir une fois, en prison. Accompagnée de ma mère, on a franchit les grands barreaux, les murs sombres et l'atmosphère lugubre. J'ai pleuré pendant 5 minutes, histoire de rassembler assez de courage pour l'affronter. Cet endroit était si moche, si glauque, si ... Qu'il me donnait la gerbe. On s'est assis autour d'une table en métal, froide. Il est arrivé menotté, et c'est assis en face de moi, me fixant avec de grands yeux. Il me faisait peur. Peut-être que c'était l'endroit finalement, peut-être que c'était la manière dont je le rencontrais, mais il ne me fît pas bonne impression. Déjà que j'avais du mal à me le saquer, ça passait encore moins. Il a passer l'heure a critiqué ma tante. En vérité, il me posait un tas de question banales, il voulait faire connaissance. Mais j'arrivais pas à parler. J'avais la gorge sèche, les larmes sur le point de couler. J'arrivais même pas à lui répondre, à mon propre père. Et il s'est mis à crier. Ezia par ci, la folle par là, la sorcière, la sheitana... Il n'arrêtait pas. Il le traitait si fort, que ma main tremblait. Il l'accusait de tous les maux de la terre, comme si c'était sa faute ce qui lui arrivait. J'avais envie de lui cracher à la gueule, de l'envoyer aux enfers, mais je n'arrivais même pas à la défendre. Ils ne pouvaient pas comprendre. Ils ne la connaissaient pas. Ils ne connaissent pas ma Mima comme nous on la connaît. Il se permet de traiter la seule personne qui a pris soin de moi. Il a le culot et l'audace d'insulter celle qui essaye de rattraper sa merde. C'est pas de sa faute si il a plonger. Et encore moins la sienne si il a replonger à répétitions. Cet homme est un lâche. Ne pas assumer la conséquence des ses actes est la pire des lâchetés. Oui, je ne veux pas te parler. Oui, j'ai 12 ans mais je ne te connais pas. Oui. Mais c'est simplement de ta faute, papa. C'est toi l'enculé. Tout ça c'est de ta faute.

L'heure tournait, sa langue de vipère ne cessait de parler. Et maman ne la défendait même pas, elle avait la tête basse et écoutait seulement. Car sous les reproches envers mima, c'est elle qu'il critiquait. Il lui reprochait de m'avoir envoyer là bas et pas chez sa famille à lui. Tout le monde était fautif dans l'histoire, sauf lui.

Ce jour là fut la dernière fois que j'ai vu. La première, et la dernière. Le sentiment de dégout envers sa personne s'est imposé de manière très nette à l'intérieur de mon corps. Je te hais papa, pour toujours, crois moi.


***


J'ai fuis. Comme souvent, quand la situation ne tourne pas à mon avantage je prends la poudre d'escampette. Ce fut encore une fois le cas aujourd'hui. J'avais bafouillée quelques vagues excuses en me levant, Irem avait tenté de me rattraper mais elle n'a pas fait long feu.

Je suis entourée par tous ces hauts immeubles et je me sens oppresser. Vraiment, je ne me sens pas bien. A chaque homme qui surgit devant moi j'imagine mon père et mon cœur se serre, mon souffle s'accélère, ce mec me fout le boules. J'avance d'un pas rapide, dans 5 minutes je suis sortie de ce quartier, et dans 10 minutes je suis chez moi. Tout va bien se passer. J'ai juste à marcher vite. J'ai des crampes aux mollets à forcer de forcer l'allure, et je suis entrain de souffrir mentalement quand une main s'abat sur mon épaule.

Putain.

C'est mon père. Je sais que c'est lui. Il m'a trouver.

J'ai envie de creuser un trou et de m'y enterrer.

Je redoute tellement ce moment que les larmes me montent aux yeux, Seigneur.

On me retourne, non pas brutalement, mais pas doucement non plus. Je m'apprête à voir sa face dégarnie, son regard sombre et sa mâchoire serré, comme dans mon souvenir ; mais je tombe nez à nez avec une tête cerné et des petites bouclettes. Seigneur Marie Joseph.

Ouss - Wech qu'est ce que tu fous là ?

Je suis tellement heureuse de le voir là maintenant, tout de suite, que les larmes débordent de mes yeux et coulent abondamment le long de mes joues. Ce n'est pas mon père. C'est personne d'autre que Oussama. Et ça me fait un bien fou.

Ouss - Oh...

Il place son doigt sous mon menton et lève doucement ma tête, pour place mes yeux face à ses pupilles marrons ternes.

Ouss - Pourquoi tu pleures ?

Je ne sais même pas quoi dire. Les mots me manquent. Je viens de passer par trop d'émotions. le stress de croiser mon père m'a fait perdre toute faculté mentale.

Il s'approche un peu plus et attrape mon bras.

Ouss - Quelqu'un t'a touché ?

Je le fixe. C'est vrai que, avec la vision floue, il est mignon. Ce n'est pas un beau gosse fou, il a des joues bien trop creusé, on dirait qu'il ne se nourrit pas très bien. Et puis ses yeux sont ternes, sans vie, sans joie. Et puis ses cernes... Ses cernes sont tellement tenaces qu'il fait un peu peur. Il ressemble à un toxico. Vraiment. Mais il a quand même du charme. Bizarrement, je le trouve charmant. Je le détaille et l'analyse quand lui me fixe en attente d'une réponse.

Ouss - T'as perdue ta langue ou quoi? Répond moi !

Je bouge ma tête de gauche à droite, non personne ne m'a frapper ou toucher de quelque manière. Il relâche la pression qu'il exerçait sur mon bras, lance un petit regard sur ses arrières et m'attrape par la main.

Ouss - Vasi viens, je te ramène.



« Soleil de mes nuits »Where stories live. Discover now