30 -

8.4K 642 50
                                    

Une suite au réveil un dimanche matin.... coooool. J'ai pas relu la partie, trop la flemme je poste direct lol désolée si c'est pas parfait. Bonne lecture. 

Je tenais juste à vous dire que les propos tenus par Radia depuis le début de l'histoire sur la prison font parti de son personnage et j'espère que vous saisissez pourquoi elle est comme ça. C'est justement la complexité de sa pensée qui rend la relation avec Oussama et tout ce qu'elle implique intéressante. J'ai hâte de pouvoir tout vous expliquer...

***

Sa tête est sur ma poitrine, et j'entends mon coeur résonner dans tout mon corps, je le sens battre dans mes veines. je l'entends si fort qu'il me dérange, c'est une sorte de nuisance sonore.
A part lui, il n'y a pas un bruit. Oussama n'a plus prononcé un mot, il est juste là, le regard dans le vide, sa chaleur m'englobe entièrement, il me tient presque trop chaud. Ma tête repose sur le dossier du canapé, et j'essuie doucement, de la manière la plus discrète possible, mes larmes. Bien que discrète, j'attire l'attention d'Ouss.

Il relève la tête, et plante son regard dans le fond de mes yeux.

Ouss - Pourquoi tu pleures ?

Sa question me surprend, il vient de me raconter un truc horrible, dégueulasse, affreux, et me demande pourquoi je pleure ? Il doit comprendre mon aberration dans mon regard puisqu'il soupire et approche sa main de mon visage, doucement, comme s'il avait peur que je me recule à nouveau.

Ouss - C'est pas ton histoire Radia. C'est la mienne. Pleure pas.
- T'as pris combien ?
Ouss - 1 an et 6 mois ferme, deux ans avec sursis.
- Je suis tellement désolée Oussama, je ...

J'arrive même pas à terminer ma phrase que ma voix se brise. Je me sens trop conne. Trop conne pour ne pas avoir vu sa souffrance. Trop conne pour faire des études de droit et continuer de voir l'injustice. Trop conne pour l'avoir repoussé, pour l'avoir incriminé, pour l'avoir jugé.

Ouss - T'as pas à être désolée Radia, c'est pas ta faute.
- J't'ai.. Je me sens trop conne wAllah...

Je renifle. Cette fois c'est lui qui attrape ma tête et l'attire vers lui. Nos visages se touchent presque, et il m'offre un petit sourire triste.

Ouss - T'as tes raisons et je les comprends. Mais maintenant, tu comprends aussi les miennes.

J'hoche vigoureusement la tête, ce mec est brisé de l'intérieur, et en prendre conscience me fait un mal de chien. Un mec  brisé c'est dur à relever, surtout s'il en a pas envie. Les hommes font les forts et les fiers, mais ce sont les plus faibles. Il se laisse sombrer depuis des années dans l'alcool et les conneries du type courses de voiture, et quelque part je saisis pourquoi. Pourquoi un homme se saoulerais jusqu'à perdre connaissance si ce n'est pour oublier ? Effacer de sa mémoire de terribles souvenirs...

- Ouss... Est-ce que c'est pour ça que tu bois ?

Il ne dit rien, et je prends ça pour un oui. J'ai si mal, parce que je le vois tellement affecté par cet événement. Mes bras passent autour de son torse, et je me blottis contre lui. J'espère lui transmettre ma chaleur, et lui enlever de sa froideur. Je veux lui transmettre mon bonheur de privilégiée, mes sourires, mes moments de bonheur, je voudrais tellement pouvoir lui retirer cette peine qui l'enfonce toujours plus bas.

Ouss - Ça m'aide à oublier. Chaque jour, chaque moment de lucidité je me dis putain espèce d'enculé, elle était sous tes yeux et t'as rien vu. Tu vois, je me sens comme complice. Je me dis que si juste un jour j'avais fais l'effort de me poser avec ma sœur et de lui demander comment ça va, peut-être qu'elle aurait lâcher le morceau, et que j'aurais pu éviter tout ça. Je hais ces mecs pour tout ce qu'ils lui ont fait.

Ses poings se crispent. Doucement, ma main les entourent.

Ouss - Mais je les hais toujours moins que je me déteste moi-même.

***

On était en train de regarder la télé, encore une truc débile et sans intérêt. Pour de vrai, j'avais envie de changer d'air. J'arrêtais pas de penser à cette histoire, à Ouss, à la prison, c'était un total chaos dans mon esprit. Toutes mes convictions étaient chamboulées. En plus de la tristesse infinie que je ressentais à propos de cette histoire, je m'en voulais terriblement pour toutes ces pensées à l'égard de l'homme présent à mes côtés. J'ai toujours eu la bouche facile quand il s'agissait de la prison. Je sais que je suis en quelque sorte traumatisé par mon père, mais il y a quand même tout un monde et toutes ses problématiques qui s'ouvre devant moi. Oussama n'était pas le méchant de l'histoire. Non, c'était eux. C'est eux qui auraient du finir entre 4 murs, à bouffer de la merde, à virer paro. C'était sûrement pas lui le fautif. Et ça me rendait ouf de me dire que notre système judiciaire pouvait être injuste. Ils étaient friqués, ils avaient peut-être des relations, il avait la tête basanée et l'origine cramée. Ce monde me dégoûtait. Certes, Oussama était fautif de violence, mais si il est condamné à raison, les autres devraient prendre 20 fois plus. Quelle frustration pour lui de les savoir en liberté quand il s'est retrouvé enfermé.

Mes pensées dérivèrent vers sa sœur. J'aimerais qu'il m'en dise plus. J'ai envie de la connaître. J'ai envie de rencontrer cette personne exceptionnelle qu'il a décrite. Mon coeur se serre furtivement, comment se remet-elle de tout ça ? Pourquoi est-ce qu'il ne l'évoque jamais, tout comme son père ? Qu'est ce qu'elle devient ?

J'ai tant de questions, j'ai tant envie de parler, mais je me retiens. J'imagine que c'est de la décence. J'ai pas envie de passer pour une grosse comère. Le plus important pour moi, c'est lui. J'ai envie de lui changer les idées comme il a réussi tant de fois, j'ai envie de le réconforter sans sortir un seul mot, j'ai envie d'être son pilier, même sans force.
Je sais qu'il faudrait qu'on se change les idées, car on gamberge.

- Ouss ?
Ouss - Mh ?

Il tourne sa tête vers moi et me questionne avec ses sourcils.

- Tu veux pas qu'on sorte ? J'ai envie de... prendre un peu l'air.
Ouss - Tu veux aller où ?
- J'sais pas... Enfin si, j'ai envie de voir la mer.

Ses yeux s'arrondissent.

Ouss - La mer ? C'est loin Dia, t'as vu l'heure... T'as cours demain.
- C'est pas grave, Irem me passera le cours.

Il fronce les sourcils et tourne de nouveau son regard vers la télévision.

Ouss - C'est mort, tu vas en cours.
- Stp Ouss, juste demain. J'en ai envie, et ... peut-être besoin ?

Il semble considérer la question pendant quelques instants avant de soupirer. Je sais à ce moment là que j'ai gagnée. J'ai profondément besoin de me retrouver devant cette étendue tumultueuse, j'ai envie d'entendre les vagues, sentir l'odeur iodée. Ça m'a toujours permis de me vider la tête tout en faisant le point sur ma vie. C'est une sorte de thérapie.

J'attrape mon plaid et m'enroule dedans avant de fermer la porte derrière nous. Ouais. Enfin. Je vais revoir la mer, et l'écume.

« Soleil de mes nuits »Donde viven las historias. Descúbrelo ahora