« Soleil de mes nuits »

23.

Je n'aurais pas du l'appeler. Qu'est ce qu'elle peut-être reloue quand elle s'y met ... Mais cet appel a surtout soulever de nombreuses questions, pourquoi une interdiction si formelle ? Qu'est ce qu'il y a là bas qu'elle ne veut pas que je vois ? Est -ce que ça a un rapport avec mon père ?! Rien qu'à cette pensée, je sens des frissons me parcourir. Il me hante, et il doit la hanter elle aussi. Il la juge responsable de tous ses maux, bien qu'elle n'y soit pour rien. Je crois qu'au fond, elle l'effraie. Son regard fait peur, il faut le souligner, ses grands yeux inexpressifs, sa mâchoire serrée, rarement ornée d'un beau sourire. Son air renfrogné qui ne la quitte jamais... Oui, Mima est effrayante. Sauf pour Adam sûrement. Les seules fois où je l'ai vu sous un autre angle, c'est en sa compagnie. Il est son âme sœur, il est le seul à la supporter jour et nuit, et ça depuis des années. Il est son bras droit, son soutien, son amour. Il la regarde avec tant de tendresse, comme si elle était un rubis, une pierre si précieuse qu'il faut la protéger et la couver. Pourtant, Mima est tout sauf fragile. Mais il ne peut pas faire autrement, il la regarde toujours avec ce même regard. Celui d'un homme amoureux.
Mes pensées devient rapidement vers l'amour. Elle en a de la chance Mima d'avoir un homme fou amoureux d'elle à ses cotés. C'est un de mes rêves. Celui de me réveiller dans les bras d'un beau gosse qui ne voit que par moi. Et j'ai le sentiment que c'est à Paris que je vais la rencontrer, mon âme sœur. C'est ici que va s'écrire mon histoire d'amour. Ce prince charmant est-il prénommé Oussama ? D'un coté j'aimerais bien, mais mon autre côté le repousse. Oussama n'a pas mon niveau social, on a grandis bien différemment, il n'est pas mon idéal beauté, et cache beaucoup de secrets... Mais je suis comme attiré par lui, bien que je ne devrais pas. Il y a quelque chose dans ses yeux... Un truc si puissant que je suis tel un aimant, collée à lui. Je veux le percer à jour, comprendre ses pensées, résoudre le mystère qu'il représente. Et quand mon esprit sera libéré de son emprise, je pourrais commencer mes recherches d'amour. Mais il est pour l'instant l'objectif numéro 1.

***

Il est 3h du matin quand j'entends l'interphone sonner. Mon cerveau me persuade que c'est dans mon rêve. Qui est assez dingo pour débarquer à 3h du matin ?! Je remonte ma couette avant de tenter un nouveau plongeon dans le sommeil, quand la sonnerie se fait de nouveau entendre.
Oussama.
Ça ne peut être que lui, j'en suis certaine. Je me lève en vitesse, et je fonce jusqu'à la porte d'entrée. J'appuie sur le microphone, et patiente quelques instants.

- Ouss, c'est toi ?

Je n'entends qu'un souffle. Lourd. Rauque.

- Ouss ??
- Ouais.

Sa voix est pâteuse. J'appuie sur le bouton caméra et je cligne plusieurs fois des yeux avant de pouvoir apercevoir quelque chose de concret. Il se tient contre la porte, l'air mal en point.

- Oussama ?

Il relève la tête vers l'interphone, et je vois son arcade sourcilière en sang. J'en perds la voix. Il saigne ? Il s'est blessé ?

- Est ce que ça va ?
- J'suis... Sa mère j'suis pas bien Dia.
- Monte.

J'ouvre la porte, et je el vois se traîner difficilement dans le hall. J'attrape un plaid à la va vite, il doit faire un peu frais, et j'ouvre en grand ma porte. Il va avoir du mal à monter les escaliers, je vais l'aider. Je le rejoins rapidement, et effectivement il a du mal à monter. Je passe son bras autour de mes épaules et tente tant bien que mal de la soulever pour le faciliter, cependant ça n'a pas l'air de vraiment fonctionner.

Une fois dans l'appartement, je l'installe sur le canapé. Ses yeux sont plissés, et il bougonne contre la lumière du salon. Bon, c'est vrai que la luminosité est forte. J'allume une petite lampe, et éteint la grande. L'ambiance est plus tamisé. Je m'approche de lui, et pose une main sur son front. Il est brulant.

- Ouss qu'est ce qu'il t'est arrivé ?
- J'ai gagné... ce chien il a pas voulu assumer... je vais le retrouver et je vais le saigner cet enculé...
- De qui tu parles ?

Il me regarde mais ne répond pas.

- J'ai mal partout Dia.
- Allonge toi, je vais te ramener quelque chose.

J'enlève ses chaussures à la va vite et l'aide à s'allonger. J'installe bien quelques coussins, et je pose mon plaid sur son corps. Ses yeux se ferment doucement.

- Reste réveillé Ouss, je vais m'occuper de toi.
- Mhh...

Je m'active dans la cuisine, et plonge simplement un efferralgan dans un verre. Je passe par la salle de bain, et j'attrape un gant que je mouille délicatement d'eau fraîche.

- Tiens, bois ça.

Il ne rechigne pas et avale tout le contenu du verre. Une fois fini, il retombe contre le dossier du canapé.

- Sa mère...
- Je vais essayer de nettoyer tout ça, d'accord ?

Il ne me répond pas, et je tapote en douceur son arcade sourcilière, tentant d'enlever le sang séché. Il grimace, mais ne se plaint pas ouvertement. Il a également une petite balafre sur la joue.

- Qui est ce qui t'as fait ça ?
- Un connard des Ulysse.

Mh, un quartier d'un peu plus loin.

- Et je peux savoir pourquoi?
- Parce que ma femme est plus rapide que la sienne, il seum.

Je relève les yeux vers lui, et il sourit.

- Ma voiture.
- C'est pour ça qu'il t'as défoncé ??
- Ouais, j'fais des courses tous les mercredis soirs. J'suis le meilleur Radia wAllah je suis trop chaud, personne peut me test dans tout le département. Ce connard il a le seum, je le pigeonne toutes les semaines.
- Tu le pigeonnes ?
- Bah ouais, je rafle la mise sale.

Il soupire et ferme les yeux.

- Il a ramener ses copains ce merdeux.
- Et pas toi ?
- J'en ai pas moi.

Je ne réagis pas.

- Tu as mal autre part Ouss ?
- Ouais.

Il ricane, pointe sa bouche du doigt, et me regarde avec un petit air de défi.

- J'ai besoin d'un bisou magique.