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On était assis, côte à côte, sans rien dire. Il y avait ce silence, présent mais pas gênant. La tête relevée, j'observe le ciel étoilé. Fascinant. La lune est si étincelante. Et puis les étoiles, brillantes, illuminant la pénombre. Je pourrais rester des heures à observer le ciel, ou toute autre représentation de la nature. C'est magnifique. Lui ne parle pas, il a la tête baissée sur ses chaussures, et semble en pleine réflexion.

Ouss – J'suis vraiment un trou d'balle.

Il a l'air si malheureux que ça me fend le cœur en deux, vraiment. Je veux tellement l'aider, lui apporter du réconfort, la moindre étincelle de bonheur. Je ne me considère pas comme la plus réconfortante des filles, je suis même plutôt nulle, mais avec lui j'ai envie de mener un combat, corps et âme.

Il me lance un petit regard, un peu désolée.

Ouss – Désolée, je sais même pas ce que je fous là. Rentre dormir, t'as école demain.

- Ca va, je suis pas fatiguée.

Il m'observe quelques instants, et rigole. Doucement. La voix un peu cassé.

Il approche sa main et touche le bout de mon nez.

Ouss – T'es une très mauvaise menteuse Radia, t'as des cernes jusque-là.

Dit-il en montrant le milieu de sa joue.

- Mais maintenant que je suis réveillée, je vais pas réussir à dormir.

Ouss – Donc je t'ai réveillée ?

J'opine seulement du chef et il se remet à fixer ses baskets. Ce n'est même pas que je ne vais pas réussir à me rendormir, c'est que je vais me poser mille et une question du style : il est où, il fait quoi, il va bien ? Et je préfère être à côté de lui, sereine, que dans mon lit en panique.

En peu de temps je me suis attaché à ce bout d'homme, parce qu'il me montre de l'attention. Il me montre que j'existe, et que je suis un minimum importante à ses yeux. Nos petits messages et appels de tous les jours nous ont offerts une complicité unique, que je ne partage avec personne d'autre. Je n'ai jamais parlée autant avec un garçon, et je découvre de nouveaux sentiments. C'est agréable. Il a réalisé un de mes rêves,  la tour Eiffel était dans mon top goal. Et ça non plus ce n'est pas rien. Et depuis son annonce, depuis que je sais qu'il a besoin d'aide, j'ai envie d'être cette personne-là. Celle qui l'aidera, et l'épaulera, sur qui il pourra compter. Mais il faut qu'il accepte. On ne peut pas aider quelqu'un qui ne veut pas être aidé. Surtout dans son cas. Il faut y mettre de la bonne volonté, et faire beaucoup d'effort. Il va avoir mal, mais je serais là. Je serais là pour calmer son mal, en tout cas j'espère y arriver.

- Je vais t'aider Oussama. Je sais pas comment, mais je te jure que je vais t'aider. Tu peux me dire non si tu veux, mais j'te lâcherais pas. Tu mérites pas de finir comme ça, t'as de belles choses à vivre. Et j'veux les vivre avec toi.

Ouss – C'que tu comprends pas, c'est que tu m'aides déjà. Quand jt'appelle, j'te jure que j'suis clean. Je me permettrais pas de...

- Eh bah continue, appelle moi tous les soirs. Tous les jours. Quand tu veux. Si ça, ça t'aide, alors appelle-moi.

Il me fit un petit sourire, et avec un ton malicieux il reprit.

Ouss – Tu vas tomber amoureuse de moi si j'fais ça.

Le malaise. Mes joues rosirent vivement, et j'ai senti mon corps devenir tout chaud. Il sait comment me mettre mal à l'aise. Pourtant, il était khabat, bourré. Ce soir, ce n'est pas à moi d'être mal à l'aise. Et puis, les bourrés se rappellent pas de ce qui s'est passé quand ils sont bourrés. Enfin je crois.

- Et alors ? Ça te fait peur ?

Il me regardait, c'était intense. Ses prunelles marron partaient à la rencontre des miennes, les cherchant, les aguichant et les charmant.

Ouss – Je suis pas le prince charmant Radia.

Mon cœur manqua un battement et je me mis à l'observer. Son pull trop grand, ses immenses cernes, ses lèvres rosies et sa touffe de cheveux désordonné. Il était tout le contraire de ce quoi je rêvais, le contraire de mon homme idéal. J'avais toujours imaginé le joli blond sortie des films romantiques, celui qui traînait en costard et avait de belles tablettes de chocolat. Mais j'avais en face de moi Oussama.

Je savais qu'avec cette simple phrase il me mettait en garde, il me donnait une chance de reculer, de refuser. Il me donnait une chance de m'échapper, il me donnait la chance de vivre sans lui. Il me donnait cette chance. Sa main trembla légèrement quand il rabattu la capuche sur son crâne et son regard inquisiteur me fit comprendre qu'il attendait une réponse. J'avais la gorge sèche, à vrai dire qu'est-ce que j'avais à répondre à ça ? Bien sûr qu'il n'était pas le prince charmant, il n'était ni prince ni charmant. Mon regard se perdit sur sa main égratignée, sûrement de la veille, et doucement mes doigts la rejoignirent. Avec tendresse je me mis à caresser chaque plaie, chaque cicatrice, chaque rougeur, comme si ce geste allaient les enlever.

- Je sais.

Je le savais. Je le savais qu'il n'était pas cet idéal. Mais je ne savais pas dans quoi je m'embarquais avec seulement deux petits mots.  Un petit sourire se dessina sur ses lèvres et sa main emprisonna mes doigts, cessant ainsi les caresses. Il me tira, presque brutalement, vers lui et ma tête vint se caler parfaitement sur son torse. Le silence régnait, et ça pouvait presque être gênant. Mais pas avec Ouss, avec lui j'avais l'habitude. Son souffle se mêla à ma crinière chevelue et je ne pus m'empêcher d'humer son odeur. Il sentait son parfum habituel, charmant, mélangé à cette forte odeur d'alcool, assez repoussant. Mais sur le coup, je m'en fichais. Il n'était pas bourré à la mort, il était un minimum conscient de ce qu'il faisait, ça se voyait.

Comme ça, j'étais bien.

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Je veux des votes, et pleins de commentaires pour ce gros rapprochement, qui d'ailleurs vous plait j'espère ?

Bisou 💕

« Soleil de mes nuits »Where stories live. Discover now