« Soleil de mes nuits »

11.

Plusieurs jours sont passés, jours qu'on peut même compter en semaines. Je me suis beaucoup rapprochée d'Irem, elle est adorable et nous nous entendons vraiment bien. Eh oui, j'ai enfin une copine. ENFIN ! Elle a pris la bonne résolution d'être studieuse pour réussir son année, et ça m'arrange bien car nous avons adopter un mode de vie commun. Nous révisons et parlons de nous cours ensembles, je n'ai pas l'impression de parler chinois comme ce serait le cas avec les personnes totalement étrangères au milieu du droit.

Il faut que j'achète quelques légumes, je manque de crudités. J'aime beaucoup me faire des petites entrées, salades, tomates (oignons lol t'as compris ou pas ?), concombres, chou rouge... Ce genre de petits délices simples et naturels. J'enfile un slim et une tunique avant d'enfiler mes baskets. Je vais passer à l'épicerie, histoire de rassasier mes petites envies. Je reste quelques minutes à m'observer dans le miroir près de la porte d'entrée, histoire de vérifier si je suis potable. En effet, ce serait mentir que de dire que je n'y vais pas SPÉCIALEMENT maintenant, je sais qu'Oussama y travaille et ça me fait plaisir de le voir. Nous parlons quasiment tous les jours en message, rien de fou, des petits « tu fais quoi ? » ou plutôt « tfk » de sa part, des « bien dormi ? » et des « ça va ? » échangés par ci par là. Mais ça me satisfait, on rigole bien, il aime bien me taquiner, et ça ne me déplait pas.

Je vérifie une dernière fois que je n'ai pas de noir sous les yeux, j'attrape le cabas et je me dirige vers l'épicerie. J'ai environ 10 minutes de marche, alors j'enfile mes écouteurs et me laisse emporter par les sons à l'ancienne. J'suis trop conservatrice, on a beau être en 2017 je me bute aux son RNB à l'ancienne, eh oui je saigne encore les chansons de faiblarde à la kenza farah, mais que voulez-vous, j'aime ça. Je fais défiler ma bibliothèque musicale, qui passe de Choplin à David Guetta, mais qui passe surtout par les chansons à l'eau de rose. Et c'est ainsi que j'arrive rapidement devant la porte, je souris devant l'étiquette « TIREZ » écrite à la main, et j'entre.

Je lance un rapide coup d'œil à droit, effectivement c'est bien Oussama qui est là. Il est assis sur son tabouret tournant et observe d'un mauvais œil deux mecs qui se tiennent en face de lui, deux jus de fruits sur le tapis. Le temps que j'enlève mes écouteurs et saisisse leur conversation, ils m'ont bien remarquée et c'est un silence de mort qui m'accueille. Je ne sais pas trop quoi faire, dire bonjour ? Non, ils me font flipper en plus. L'un d'eux à une grosse cicatrice sur le front, et m'observe, imperturbable. Sa cicatrice me fascine, mais je détourne rapidement les yeux. Il pourrait prendre cela pour de l'impolitesse, et j'ai moyennement envie de me frotter à lui. Je fonce au fond du rayon, et réfléchis devant les différents paquets de céréales. Choix crucial. En réalité, je n'arrive même pas à me rappeler ce que je voulais acheter, tant ma curiosité est piquée vive. Qui sont ces mecs ? Des amis à lui ? Certes l'habit ne fait pas le moine, et la gueule ne fait pas l'ange, mais quand même eux ça se voit à des kilomètres qu'ils sont bizarres. Le clingcling de la porte m'indique qu'ils sont sortis, et je jette un petit regard, en effet. Bon débarras.

Ouss – T'as besoin d'aide ?

Je rougis, prise en flagrant délit de commérage.

- Euh... Oui, enfin j'arrive pas à attraper les miel pops.

Je parle si bas que s'en est pathétique. Nous ne nous sommes pas parlé depuis la dernière fois, quand il est venu manger à la maison. J'appréhendais notre nouvelle rencontre, même si j'en avais hâte. Nous ne sommes plus si « inconnus » même si nous ne sommes pas intimes. Enfin merde, il me demande quand même si je dors bien... Oui, c'est pas rien quoi.