Chapitre 15: ... Qui est vite rattrapé par la réalité

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Séparés par une vitre criblée d'impact de pichenettes et de rayures de clefs, nous attendons à l'arrière de la Cheker Cab, mains sur les genoux pour ma part, avachi pour sa part, sans rien dire. Mon regard en tarit long sur le fond de ma pensée. Je me suis fait encore avoir. Qu'est-ce maman penserait de ça ?

En pensant à elle, je porte ma main sur ma gorge pour toucher doucement le petit pendentif qui apaise immédiatement alors que la voix du chauffeur commence à s'élever dans le petit espace. Il a un accent français très charmant qui me fait sourire.

« Où voulez-vous aller ?

— Brooklyn, Crown Heights, entre St Johns Place et Rogers Ave, s'il vous plaît.

— Très bien ! Le jeune homme a l'air charmant et commence à parler tout seul. Vous n'êtes pas d'ici, vous.

— Vous non plus, lui fais-je remarquer. »

Caleb arque le sourcil puis soupire en inspectant son iPhone. Quant au chauffeur, il me répond immédiatement par :

« Madame est observatrice visiblement.

— Toujours lorsqu'il s'agit d'une nouvelle rencontre. Je souris en baissant le regard. »

Mon voisin pousse un second plus long soupir qui me fait tourner la tête vers lui. Je lui jette un regard noir tandis qu'il lève les yeux au ciel. Ils trahissent son envie de dire une réplique cinglante, mais il ne dit rien. Étrangement.

Le chauffeur ne répond rien aussi durant tout le long du trajet. J'ai vaguement vu un regard de travers de Caleb vers lui à un moment, mais non, le silence s'est immiscé dans le taxi. À un moment, le conducteur commence à siffloter une petite mélodie qui me rappelle une chanson dont je ne me souviens plus du nom.

Je m'affaisse sur mon siège lentement, en portant mes doigts à mes lèvres pour les mâchouiller. Il n'y a décidément rien à faire dans un taxi à part naviguer sur son téléphone, regarder le paysage et se triturer les ongles. Surtout quand votre patron est aussi à l'aise que moi à mon examen d'entrée en études supérieures. Si vous vous posez la question, je résumerais le tout en une seule phrase. J'ai rendu mon déjeuner sur les chaussures du proviseur. Un grand moment de solitude si vous voulez mon avis.

Alors que vous naviguons dans la circulation bondée de New York City, mon esprit vague entre différentes pensées. D'abord pour ce « contact » plus que douteux, puis pour Ashton, Dave et Merry, ne parlons même plus de Dory, qui m'ont abandonné un à un et enfin pour tout ce qui arrivera durant cette semaine et demie avec Caleb à mes côtés. Je me rends compte que je n'ai plus que lui à présent. Depuis lundi, rien n'est plus pareil. À cause de lui et uniquement à cause de lui.

Je me tourne vers lui et aperçois qu'il me regarde aussi. Mon sourcil s'arque tandis que ses commissures des lèvres se lèvent doucement. Il y a quelque chose de charmeur en plus, je comprends mieux Sharon. Elle a dû tomber amoureuse d'un visage avant de vraiment le connaître.

Je ne peux pas prétendre être experte en Caleb Barnes, et je ne pourrais jamais le prétendre, mais il y a cette petite chose de lumineuse en plus qui fait tomber toutes les femmes, il n'y a pas de doute à avoir.

« Je ne pensais pas que tu vivais dans ce genre, il balaie de la main l'air de la voiture, d'endroit. C'est...

— Tout le monde n'est pas millionnaire Caleb, et encore moins lorsqu'on débarque ici, répliqué-je, agacée.

— Ne sois pas énervée, je fais juste un constat.

— Constat assez dégradant si tu veux mon avis. Je me remets à regarder le paysage pour ne plus avoir à le voir lui. La technique de « si je ne te vois plus, tu ne me vois plus ». »

Chocolat Chaud et Chantilly [Tome 1]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora