Chapitre 42 : Chaud, chaud, chaud cacao

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Cette entrevue improvisée avec Dory m'a laissée de marbre. Au fur et à mesure qu'elle m'a conté ses mésaventures avec l'horrible Cerbère qui lui sert « d'associée » ou de boss, j'ai passé dans mon esprit les conversations que j'ai pu avoir avec Sharon par le passé.

Certes, il y en a eu que peu, deux ou trois à tout casser, mais j'en ai assez vu et entendu pour comprendre que cette Sharon n'est pas la représentation même d'un ange. Ou alors, elle cache très bien ce caractère sous des couches et des couches de piques. Finalement, lorsque nous nous sommes quittées, à l'aide d'une poignée de main simpliste et rapide, j'ai regagné la ville sans me presser.

Pendant quelques minutes de plus, j'ai essayé de penser à autre chose, des choses plus appropriées à la période de l'année et correspondantes plus à mon âge, du genre où se passera la fête de Nouvel An ? Et puis j'ai dévié sur mes parents que je n'avais pas vus depuis une éternité – depuis mon emménagement à New York City à vrai dire –, qu'ils me manquaient et que peut-être qu'ils auraient pu me conseiller.

À plusieurs reprises, j'ai soupiré et quelque temps plus tard, après m'être débrouillée pour prendre les transports malgré mon manque d'argent notoire, j'ai atterri devant le Starbucks, peut-être un peu dépitée. Et c'est actuellement là où je me trouve.

Les lourdes portes s'ouvrent à mon entrée, les épaules contractées contre mon corps, j'ai la tête baissée, blasée. Au loin, j'aperçois le regard d'Ashton suivre ma lente progression vers lui. Une de ses jolies petites, presque inexistantes, fossettes se creuse lorsqu'il me sourit et il m'indique du sourcil une table libre puis retourne à ses activités.

« Hey ma petite Steele, il agite son poignet gauche et regarde le cadran de sa montre, perplexe, qu'est-ce qu'il t'arrive ? Tu ne viens jamais à cette heure. Ash dépose ma boisson devant moi et s'appuie négligemment contre la table, en attendant une réponse.

— Devoir vivre dans le cœur du cyclone, c'est jamais très plaisant tu sais, glissé-je, en aspirant le début du chocolat, encore moins quand il y a une femme extrêmement populaire qui veut votre tête au bout d'une pique.

— Heureusement que l'on n'est pas en 1790, qu'elle n'est pas Robespierre et toi Danton, fait-il, sincèrement amusé ! Ce serait dramatique sinon ! »

Je reste perplexe, ne comprenant pas réellement la référence, ce qu'il capte rapidement, le faisant rouler les yeux.

« La Terreur ? La prise de la Bastille ? La guillotine ? Non ? Je hoche la tête. J'aime beaucoup la Révolution française, il y a beaucoup de faits importants à raconter.

— Je ne sais pas si je dois me sentir idiote de ne pas avoir capté la référence ou mal à l'aise d'entendre parler de guillotines alors que je bois. Je n'ai pas vraiment envie de tout recracher sur toi, style l'Exorciste.

— Je te rassure, l'idée même de devoir me changer ainsi que nettoyer tes expulsions vomitives ne me plaît pas plus qu'un rendez-vous chez le proctologue, répond-il, amusé.

— Tu sais que c'est de pire en pire là ? Je souris à m'en faire mal aux joues.

— Je sais Liv', mais parler de trucs crades, ça t'a fait sourire. Il tapote ma main et se retire dans le fond de sa chaise. Alors, qu'est-ce qu'il se passe ?

— Mmh, la routine tu sais, métro, boulot, Sharon, télé, infos, paparazzi, argent, justice, dodo. Je m'arrête puis reprends, après un instant de réflexion : non, en fait, retire le dodo.

— Ah, je vois. Il grimace et reporte son attention sur ma tasse à moitié pleine. Je te conseille d'aspirer cette potion de jeunesse avant qu'elle ne soit plus froide que froide. »

Chocolat Chaud et Chantilly [Tome 1]Where stories live. Discover now