Chapitre 45 : Du riz cantonais avec votre nem ?

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Il n'est jamais venu.

Je vous mentirais si je vous disais que je n'ai pas été déçue et triste par son comportement. Peut-être que j'ai eu tort depuis le début.

Nous sommes deux jours plus tard, vendredi 30 décembre, après une nuit intense sommeil bercé par quelques cauchemars. Lorsque j'ouvre les yeux, le plafond blanc s'affiche comme un immense écran avec quelques petites zébrures plus foncées. La pièce est plongée dans une pénombre réconfortante, seul un fin filet de lumière atterrit sur ma commode, en face de moi. Mon oreiller est chaud sous ma nuque, alors que je me décale, fixant le trait lumineux avec insistance, l'esprit ailleurs.

Je déglutis en repensant à la journée précédente, allongée et drapée dans ma couverture. Tout me semble comme un kaléidoscope, des couleurs qui se balancent dans ma rétine et l'impression de ne plus savoir où j'en suis. Mais revenons aux actes passés, ce sera sans doute plus simple pour la compréhension.

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Jeudi soir, après une longue attente, trop longue d'ailleurs

Mes pas sur le sol froid de l'appartement me glacent presque le sang. Je déambule comme un certain funambule, les pointes de pied en équilibre pour joindre la cuisine.

Je n'ai pas quitté le lit de la journée ce qui insinue que j'ai transféré rapidement de la nourriture de la cuisine et mon ordinateur portable du salon à la chambre en un éclair avant midi. J'ai fait un peu ma marmotte, mais une journée de pause, c'est ce qu'il me fallait.

Sans oublier les problèmes auxquels je suis malencontreusement embourbée, je me suis endormie à plusieurs reprises malgré mes tentatives vaines de me maintenir dans un état d'éveil productif, ici regarder des séries avec des gâteaux secs. Ce n'est qu'à, environ, 15 heures que mon état d'hibernation à réellement pris fin et que tout l'est revenu en pleine figure.

Sharon, Dorothy, Andrew, l'argent, Mediatics, Riley, Liam et finalement le pivot, Caleb.

Il n'est pas venu. Jamais. Et je suis là, telle une loque, à mille pieds sous terre, car je n'arrive pas à affronter la situation alors que je vois être au front. Après mon aller-retour express, je me réinstalle sur mon lit. Mon ordinateur sur les genoux, l'onglet des mails est ouvert et je croise le nom de Dave Ingram dans mes derniers messages ouverts. Si je ne peux pas avoir l'exclusivité d'une conversation avec Caleb malgré ses appels insistants, alors j'informerais Dave qui saura quoi faire.

Le mail ne met pas plus de quelques minutes à être tapé et envoyé. Il est assez détaillé sans faire trop lourd, laissant les informations les plus importantes sur le cas Sharon. J'ai décidé de faire abstraction du père Barnes, Dave ne devant pas être au courant pour l'instant.

Certains secrets doivent être protégés avec plus de précautions avant d'être révélés.

À la fin de ma tirade, j'ai glissé quelques mots en direction de Caleb, cherchant à comprendre le pourquoi du comment. Depuis mon dernier message, il a cessé de me contacter. Pourquoi n'est-il pas venu ? C'est pour cette raison que mon dernier segment indique clairement :

« Dis-lui de venir, nous avons à parler. J'en ai bien assez de remuer ciel et terre, et tout NYC pour un beau sourire qu'il se garde bien de montrer. »

Après avoir appuyé sur le bouton Send, ma tête bascule en arrière et tape sur le contour de lit en métal. Je crie de surprise et de douleur en me frottant la zone vigoureusement. Ça m'apprendra à faire la mélodramatique !

La douleur s'oublie lorsque l'on fait autre chose. S'occuper devient une obsession. Alors faute de mieux, je m'active, enfilant quelques vêtements chauds à la hâte et rejoins mon salon. Des jours et des jours que je ne me suis pas occupée de moi, de mon habitat, de ma vie. Au détour de la fenêtre, des petites plantes en pots meurent lentement. Les rideaux s'agitent lorsque j'ouvre pour aérer. Le vent gelé me mord la peau alors que je m'éloigne. Il y a une pluie légère. Je souffle maintenant assise sur l'embrasure de la fenêtre et laisse mon regard se perdre au loin, nous voilà bien en hiver.

Chocolat Chaud et Chantilly [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant