Chapitre 27 : Parlons autour d'un chocolat

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Lundi après-midi, centre de Greenwich Village

« Alors, ce week-end ? demande Merry qui est assise en face de moi. »

Étrange ? Euphorique ? Montagnes russes ? Horrible puis agréable ?

« Mouvementé, finis-je par répondre, en articulant les syllabes.

— On se faisait un sang d'encre pour toi ! Nous avons été plus que surpris vendredi soir, informe Dave, qui porte sa tasse à ses lèvres, avec la plus grande des précautions. Elle doit être brûlante.

— Que s'est-il passé ? Merry pose sa main sur la mienne et la serre, s'écriant. Les médias couvrent l'affaire, mais les zones d'ombres sont immenses. Sharon a jeté un froid sur toute l'industrie du divertissement et de l'information ! Les actions en bourse de Mediatics ne cessent de dégringoler et j'ai cru comprendre que tout le monde s'impatiente d'entendre la plaidoirie de Caleb à la NBC. Merry se recule dans le fond de sa chaise et ajoute, amusée. Même Oprah en a parlé aujourd'hui ! J'ai eu droit à mon compte rendu journalier et à une pêche aux infos de la part de Maman, c'est te dire l'importance de cette histoire ! »

J'écoute les deux voix de mes amis avec distance. Tout ce qu'ils me disent m'effraie et j'ai bien peur que les histoires de triangles amoureux passionnent le public.

Surtout quand ils n'existent pas vraiment.

« Oh la la Olivia ! Tu deviens quelqu'un de populaire ! rugit Merry qui se balance comme une gamine sur sa chaise.

— Si tu savais, j'aimerais bien me passer de cette « popularité » fulgurante, j'exécute des guillemets avec mes doigts puis réagis aux regards perplexes de mes congénères, je vous assure, c'est assez dur à vivre. Autant ce week-end, cela ne s'est fait sentir que sur le web et sur mon téléphone, mais aujourd'hui... Je n'ai même pas pu accéder à mon bureau sans me faire harceler toutes les cinq secondes par des journalistes, des paparazzis et des collègues. Tous me voient comme la fille qui a couché et c'est très perturbant. »

Mes amis acquiescent en cœur d'un hochement de tête et tandis que l'un tapote ma main droite avec acharnement, l'autre ne cesse de piailler dans tous les sens. Cependant, ils veulent savoir l'histoire et je ne sais même pas si je suis capable d'en faire un résumé.

« Je comprends Liv', ça doit être compliqué, mais les Drôles de Dames font toujours dans le compliqué n'est-ce pas ? La jeune femme cligne difficilement de l'œil tandis que Dave et moi nous mettons à rire.

— Les Charlie's Angels sont trois chéries, nous ne sommes plus que deux malheureusement... Je me mordille le bout du doigt et pense à Dorothy. D'ailleurs, vous avez des nouvelles de Dory ? Vous avez bien passé Noël avec elle non ? »

Le visage de Dave se voile l'espace d'une fraction de seconde et lance un coup d'œil vers Merry qui lui répond en silence. Il se passe définitivement quelque chose.

« Je n'aime pas ce regard, qu'est-ce qu'il se passe ? Ma tête fait trajet entre eux alors que personne ne prend la parole. Merde, les gars, répondez-moi, je ne suis pas une inconnue quand même ! »

Finalement, c'est Dave qui me répond, calmement. Il appelle le serveur de la main puis dit :

« On pensait que tu étais au courant Liv'... Dorothy s'est rangée du côté de Sharon. Elle a fait passer une circulaire dans tous les services de Mediatics pour demander – non, obliger – le retrait de notre PDG et, par extension, le tien... Elle compte lancer une grève générale. »

Je reste muette et sonnée par ce que je viens d'apprendre. Ma tête bouge de gauche à droite rapidement.

« Elle profite de la déchéance personnelle et financière des Barnes ?

Chocolat Chaud et Chantilly [Tome 1]Where stories live. Discover now