Chapitre 46 : La soirée du Nouvel An (Partie 1)

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Samedi 31 décembre, 18h01

Enfiler une robe alors que tout me donne envie de rester en jogging me serre le cœur. Je ferme les yeux en levant le menton vers le ciel. J'aimerais tellement qu'il soit là pour aider, comme la dernière fois.

Mais il n'est pas là, car je n'ai pas été capable de lui répondre. Il est parti et je me retrouve à m'agiter dans tous les sens pour fermer cette robe inutile. Nous sommes deux heures avant la soirée de fin d'année de Mediatics et ce n'est que maintenant que l'idée de m'habiller décemment m'est venue à l'esprit.

Après la débâcle d'hier soir, je suis restée assise sur ma chaise avec un nem à moitié fini et presque froid, les yeux dans le vide en me rendant compte de mon idiotie plus les secondes passaient. Le tourne-disque s'activait toujours alors que je me morfonds sur mon sort. Je sais bien que cela est ridicule.

Nous sommes à un peu moins de deux heures du grand évènement qui clôture l'année 2016. C'est la première fois que j'y assiste. S'il y a un mois, j'aurais pu être excitée de m'y rendre, aujourd'hui, je m'y oblige presque à m'y rendre. J'ai besoin de parler à quelqu'un qui ne me jugera pas. Qui me comprendra sans doute, qui sera là pour m'épauler. Une personne comme ma mère que je n'ai pas appelée depuis des lustres.

Toujours la robe à moitié ouverte dans le dos, les cheveux en pagaille et une tête à faire peur, je plonge sur mon lit où gît mon téléphone, entre les plis de la couverture et les restes de mouchoirs. Son contact me lance une décharge tandis que je compose son numéro.

Le bip régulier résonne dans mes oreilles pour la troisième fois, mon cœur se serre brusquement. Et si elle ne répondait pas ? Puis soudain, j'entends sa voix à l'autre bout du fil. C'est à ce moment précis que tout le poids que je porte sur mes épaules semble s'être envolé.

« Allô ? Liv', chérie, c'est toi ? Son timbre de voix me paraît si lointain, un océan nous sépare et je n'ai jamais ressenti aussi fort la distance.

— Salut maman, je sanglote presque, j'ai... J'ai besoin de toi...

— Oh ma chérie, ne pleure pas, tu me rends triste lorsque tu te mets dans cet état. Un reniflement sourd transparaît à l'autre bout du combiné. Qu'est-ce qui se passe ? C'est ce garçon, celui que l'on voit aux informations ? Il t'a fait du mal ? Tu sais bien que papa et moi pouvons prendre l'avion à tout moment pour venir lui refaire la figure ! En écrasant quelques larmes, je ris de bon cœur alors qu'elle semble tout à fait sérieuse. C'est ça ?

— Non non, ce n'est pas lui, c'est moi ! Je me mords la lèvre, honteuse, je visualise déjà le visage surpris de maman. Il m'a malmenée pendant un moment, mais hier, il... Je prends une grande inspiration. Il m'a déclaré sa flamme et je n'ai même pas été capable de lui répondre ! Je me sens si bête ! »

Un long silence me répond, maman semble avoir disparu alors je l'appelle, inquiète. Ce n'est que quelques instants plus tard que j'entends un éclatement de rire.

« Liv', ce n'est que ça ? J'ai cru que tu avais été blessée ! Elle explose de rire – c'est bien ma veine ça, ma mère qui se fout de ma gueule – ce qui ne me rassure pas réellement pour le coup. Mais c'est normal mon poussin, j'ai fait la même chose à ton père quand nous étions jeunes. Pendant quelques mois, il m'a tourné autour et lors de notre premier rencard, il a prononcé les trois mots, j'étais si surprise que j'en ai perdu ma voix. Tu m'aurais vu, je ressemblais à une carpe sans air ! Je la rejoins dans son rire. Alors poussin, ne t'inquiète pas, si tu le fais mariner, c'est plus drôle ! Et puis tu vois, ça va faire presque 40 ans que je le supporte alors franchement, ce n'est rien, tant que vous êtes heureux par la suite.

Chocolat Chaud et Chantilly [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant