Chapitre 41 : Paillettes et réalité

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Tic... Toc... Tic... Toc... Tic... Toc...

Le temps ne m'a jamais paru aussi long. Même l'ascenseur me paraît plus rapide. Nous bâillons en concert, chacun devant nos postes. Il n'y a plus rien à chercher depuis si longtemps, mais certains d'entre nous veulent être sûrs de notre théorie. Je roule des yeux et sors sans rien dire ni m'intéresser aux autres, rejoignant l'ascenseur, mon téléphone à la main et mon manteau sur le dos. Au loin, j'entends :

« Hey, où vas-tu Olivia ? m'interpelle Caleb. »

J'appuie sur le bouton pour l'appeler puis attends en me balançant de gauche à droite, impatiente de prendre un peu l'air. Enfin, tout est relatif.

« Dans un endroit où je ne vous verrais pas, toi et tes « mauvaises ondes », pensé-je, tellement fort. »

Les portes en métal prennent un temps infini à l'activer, le bruit grinçant s'étire et m'agresse les oreilles. Je porte ma main légèrement contre mon oreille en grimaçant, ce son me rappelant les couinements du vieux chat des anciens voisins de mes parents. Je détestais littéralement cet animal, surtout quand, un matin de l'année de mes 13 ans, ce foutu matou a réussi à rentrer par la fenêtre de ma chambre puis s'est posé sur mes jambes et ma couette. À mon réveil et à cause de mon cri de peur, le chat s'est juste mis à sauter partout en miaulant à la mort, comme s'il était possédé. Je suis ressortie de cette bataille féroce avec de multiples griffures.

Mes ongles tapotent en rythme le dos du Nokia tandis que le poignet droit de ma main craque dans un mouvement brusque. Je replace vaguement ma veste puis pénètre dans l'habitacle en pressant le bouton du rez-de-chaussée, ou du premier étage, comme vous le souhaitez. Les portes se ferment derrière moi quelques secondes plus tard, comblant un silence assourdissant. Intérieurement, j'attends quelque chose sans trop savoir quoi. Quelqu'un qui vienne avec moi peut-être. Pathétique.

J'expulse de l'air par la bouche, me colle contre la rambarde et pose ma main libre dessus, en appui sur un pied, regardant vers la lumière écrasante du plafond. Cela fait longtemps que je n'ai pas eu un moment seule, sans bruit et sans drame autour de moi. L'espace de quelques minutes pour souffler un peu. Sur l'écran qui indique les niveaux, les chiffres dégringolent, faire une descente est clairement plus facile pour se reposer de façon isolée qu'une montée accompagnée d'un homme colérique.

Dig.

Les portes s'ouvrent et je déambule dans le hall, sans trop savoir quoi faire où aller. Jackson, le réceptionniste de l'immeuble est à son poste, plutôt fatigué au vu de sa position avachie contre son dossier. À ma vue, il me salue d'un geste évasif de la main et esquisse un petit sourire de compassion. Je lui rends le même mouvement vague et prends le temps d'observer le hall.

Je travaille dans ces locaux depuis six mois et je trouvais que l'entrée du bâtiment paraissait si grandiose, si magnifique qu'elle n'était que le reflet du prestige de Mediatics et son rayonnement national. Mais maintenant, elle ne m'éprouve plus qu'un immense vide, une pâle caricature de ce qu'aurait pu être réellement cette entreprise si elle n'avait pas triché. Ces pierres brunes, cette hauteur de plafond, ces voûtes et fioritures dorées ne sont que des mensonges. Dans un coin, il y a toujours ce sapin de Noël immense et son étoile de créateur au sommet. Peut-être que cet artiste de Philadelphie savait déjà ce que trafiquaient les Barnes. Je ne peux ressentir un dégoût pour ce qui m'entoure. Quelle idiote j'ai pu être.

Ma main vibre alors que j'observe plus attentivement cette stalagmite réfléchissant la lumière comme une étoile. Je bascule ma tête en avant et décrypte le message que l'on vient de m'envoyer. Je me retiens de poser un petit cri en posant mes doigts sur ma bouche, consternée. C'est un message de Dory « highlight ».

Chocolat Chaud et Chantilly [Tome 1]Where stories live. Discover now