Chapitre 32 : Ashton est de retour

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Je bâille devant mon écran de travail. Il est environ 7 heures du matin et je viens d'arriver dans les locaux de Mediatics, les cernes à peine couverts par les trois couches de correcteur que j'ai appliqué à la va-vite ce matin. Mes poches foncées sont aussi grosses que deux semi-remorques en plein chemin pour une livraison Edimbourg-Plymouth.

Les quelques heures de sommeil perturbées se font sentir. Après le carnage d'hier, je n'ai cessé de me repasser l'image de la dispute puis celle de la porte d'entrée en boucle, défaite et honteuse. Et le pire, c'est que je n'étais même pas bourrée quand tout ça est arrivé. J'étais en pleine fonction, mes neurones étaient tous là au rapport, mais personne ne m'a retenue. Absolument aucune partie de mon cerveau n'a lancé le signal d'alarme ultime, le célèbre « STOP, tu fais n'importe quoi » qui luit au centre du poste de contrôle interne, à côté du bouton « C'est l'heure d'aller faire une pause en-cas ».

Mais avant de débarquer ici, j'ai fait un petit tour au seul endroit qui peut me fournir quelques forces pour tenir. J'ai cité, le Starbucks.

En pénétrant dans les lieux où le café torréfié embaume généralement toute la pièce, j'ai cherché du regard mon Hashtag qui devait être de retour de vacances avec Ester, la cousine, dans le Kansas. Il était bien là, en train de réinstaller des tasses plus colorées les unes que les autres sur une grande étagère en bois avec des fixations en métal. De mon point de vue, je ne pouvais voir que son dos recouvert par un t-shirt blanc basique et son petit tablier vert forêt estampillé du logo de la marque d'envergure internationale.

Il n'y avait que quelques personnes, toutes sur leurs ordinateurs dernier cri, soit dans des tenues conventionnelles de travail de bureau, soit habillées comme des gérants de start up avec la panoplie du trentenaire rejetant son âge, s'imaginant encore jeune premier sur le parvis de l'université, le diplôme à la main, l'avenir dans l'autre. Bref, les clients usuels du matin.

À pas de loup, je me suis approchée, puis, accoudée au comptoir, j'ai effectué le sifflement le plus sonore et strident dans son dos.

« Alors ? On revient de voyage et on n'appelle même pas Liv' ? J'ai souri de plus belle quand Ashton a sursauté et effectué une rotation vers moi. Je commence à me prendre mal là.

— Liv' ! Il se penche au-dessus du comptoir, les bras en arc. Tu avais raison...

— Oh Ash'... Tu savais que c'était voué à l'échec dès le début avec elle, c'est ta cousine, aussi éloignée soit-elle. Ai-je fait, en lui donnant une accolade.

— Je suis déçu de m'être fait berner... Ester... J'aurais aimé ne pas avoir eu à la voir et même à la rencontrer. »

La mine déconfite de mon ami m'a fendu le cœur.

« Tu as besoin d'en parler ? On s'assoit dans un coin si tu veux.

— Je te prépare ta boisson et celle de la team puis j'arrive dans quelques mouvements rapides. »

Plus tard, le temps de quelques battements de cils, j'ai reçu ma tasse brûlante et un bundle de boissons de tout type dans un présentoir en carton. Hashtag s'est assis en face de moi, la mine figée dans une humeur mauvaise.

« Je t'écoute, ai-je finalement déclaré.

— Cette Ester... Elle était si belle, mais ce n'était qu'une surface... Elle m'a rendu complètement dingue, j'étais prêt à tout pour elle.

— Tu n'exagères pas un peu la situation ?

— Si tu savais ce que l'amour peut faire et ce qu'elle est, toutes les hyperboles du monde ne peuvent la décrire, a-t-il prononcé, en tirant son col.

Chocolat Chaud et Chantilly [Tome 1]Where stories live. Discover now