Toujours.

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Reid était allongé dans son canapé, les yeux rivés sur le plafond, les mains croisées sur son ventre, se soulevant au rythme de sa respiration.
Il passait ses journées à tourner en rond. En une journée, il avait déjà lu 3 livres, passant de la physique quantique à un pollar, et à cette cadence, sa bibliothèque n'allait pas être assez grande pour couvrir sa soif de lecture. Il avait aussi essayé de jouer aux échecs tout seul mais tous les coups étaient prévisible et il n'y avait aucun charme à jouer une partie. Depuis son enlèvement, il ne sortait plus. Il n'avait plus le goût de rien. De temps à autre, ses collègues venaient frapper à la porte, deposaient également des présents devant cette dernière. Mais Reid ne l'ouvrait jamais. La seule personne qu'il avait envie de voir, c'était une personne qui avait disparu de sa vie depuis un petit moment. Mais elle était à des milliers de kilomètres de l'endroit où il se trouvait. Elle au moins, le comprenait. Elle était déjà passée par là et elle savait trouver les mots pour le réconforter. Une personne tapa à sa porte, le sortant de sa rêverie. Il ne bougea même pas, il en avait pas l'envie. Ouvrir pourquoi ? Pour voir de la pitié dans les yeux de ses collègues ? Pour être serré par des bras encore et encore ? Oui, il était asocial. Depuis sa tendre enfance, il l'avait été. Et il l'est toujours. Mais aujourd'hui, c'était de pire en pire car il n'avait absolument pas envie que ses amis aient pitié de lui. Il n'avait envie de voir personne, juste s'isoler et oublier. Son téléphone fix sonna. Il ne bougea pas. Il sonna une seconde fois, la mélodie résonnant dans l'appartement. Il ne bougea toujours pas. Lorsqu'un troisième coup de téléphone avait retenti dans l'appartement, il s'était levé pour aller répondre, sans grande conviction.

- Enfin ! S'écria une jeune femme au téléphone.

Cette voix, il l'aurait reconnu entre mille.

- Ce serait gentil de m'ouvrir car j'ai un peu l'air d'une quiche à poirauter sur ton palier.

Reid lâcha le combiné et se précipita à la porte. Il prit la jeune femme dans ses bras. Cette dernière émit un petit cri de surprise et le réceptionna in-extremis. Ce n'était pas dans les habitudes de Spencer de faire une telle démonstration de sentiment, mais elle n'allait pas sans plaindre. Au contraire, elle le serra un peu plus contre lui, jusqu'à ce que Spencer brisa le contact.

- Mais, et Monroe ? Et ta planque ? Et Interpole ? S'inquièta le petit génie, revenant à la réalité.
- Du calme Spence. Chaque chose en son temps. Et pour le moment, tu es ma priorité, souria Emily, penchant un peu la tête sur le côté.

Ils se sourièrent, durant de longues secondes, jusqu'à ce que Reid se reconnecta avec la réalité et s'effaça pour laisser Emily rentrer. Sans cesser de sourire, la jolie brune pénétra dans l'appartement sombre et sinistre. Rapidement, elle analysa les lieux, son côté flic refaisant surface. Les rideaux étaient tirés ne laissant rentrer aucune lumière naturelle. Des vêtements jonchaient le sol, la vaisselle s'amoncellait, les pièces d'échec étaient échoués sur le sol, au même titre que des vieux bouquins. Tout cela ne ressemblait en rien à l'image qu'elle s'était faite de l'appartement de son ami.

- Reid... soupira t-elle, tout en se dirigeant vers le canapé.

Elle se laissa tomber entre les coussins lors un objet sur la table basse attira son attention. Elle le saisit, entre ses deux doigts, avant de se tourner vers le jeune homme, rouge de colère.

- Ne me dit pas que c'est ce que je crois Spencer !

Ce dernier, qui avait entreprit de rejoindre Emily sur le sofa, s'arrêta net, les yeux rivés sur l'objet en question.

- Je peux t'expliquer, couina t-il, comprenant qu'il allait passer un sale quart d'heure.
- J'espère bien ! Et crois moi, dans ton intérêt, l'explication a intérêt d'être valable !

La jeune femme, fulminante, était à nouveau debout, faisant face à Reid, les poings serrés. Au bout de ses doigts, un petit sachet de drogue, qu'elle agitait sous les yeux de son ami.

- Je n'y ai pas touché, je te le jure, avoua t-il, à demi-mot, terrorisée de voir Emily ainsi.

La jeune femme ferma les yeux et inspira profondément. Lorsqu'elle les ouvrit de nouveau, elle semblait plus détendue, plus rassurée.

- Tu me le promets ?

Il hocha la tête, honteux d'avoir une telle chose chez lui. Sans un mot, Emily fourra le petit sachet dans sa poche avant de s'approcher de Reid et de le prendre dans ses bras.

- Désolé Spence... Mais j'ai eu peur que tu ais replongé.
- Je ne le ferai plus Emily. Maintenant, tu es la.
- Toujours.

Il relâcha légèrement son étreinte, afin de la regarder dans les yeux. Cette femme était tout pour lui. Certes, il n'éprouvait pas le genre de sentiments que vous ressentez quand vous êtes amoureux, mais c'était bien plus fort. Il éprouvait des sentiments comme il en avait jamais ressentis, si bien que cela dépassait l'entendement. Elle était comme sa soeur, une amie, une confidente, une personne forte sur laquelle il pouvait se reposer et compter, même si elle avait ses propres faiblesses. Elle était en danger avec Monroe, un fou furieux qui en voulait à la jeune femme et pourtant, elle était la. Elle avait tout plaqué pour être là. Mais ce qu'il appréciait le plus, c'est qu'il se doutait la jeune femme savait tout sur son enlèvement, mais qu'elle n'avait rien dit, rien demandé. Elle savait qu'il avait été battu et torturé et pourtant, elle n'avait pas demandé à avoir sa version des faits.

- Tu repars quand ?... Demanda t-il, le regard soudainement attristé, comprenant que la venue de la belle brune ne serait qu'éphemère et que en un battement de cils, elle aurait disparu.
- Je ne sais pas. Quand tu n'auras plus besoin de moi, souria t-elle, ebouriffant les cheveux de Spencer. Tu as quelque chose à manger ? Je meurs de faim !

Il ne peut s'empêcher de rire face à sa réaction. La jeune femme déambula jusqu'à la cuisine avant d'ouvrir le frigo et de se retourner vers Reid, claquant fermement la porte. Elle leva les yeux au ciel mais ne dit rien cependant, et il haussa les épaules.

- Viens avec moi, demanda t-elle, tout en lui tendant la main.
- Où ça ? Demanda t-il, méfiant.
- C'est une surprise !
- J'aime pas les surprises, grogna t-il.

Elle ria. Il n'avait rien perdu de son caractère qui faisait de lui quelqu'un d'unique. Malgré tout, il attrapa la main qu'elle lui tendait. Il avait une confiance aveugle en la jeune femme et cela n'était pas près de changer. Ils sortirent rapidement de l'appartement et se mirent à marcher dans les rues de Quantico, bras dessus bras dessous, les peurs du jeune homme oubliés.

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Emily : "La fin d'une histoire est aussi le commencement d'une autre. La seule chose, c'est qu'on l'ignore à ce moment-là."

Des Petits Moments De Vie (Esprits Criminels OS)Where stories live. Discover now