Simple collègue ?

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La BAU est vide, tout le monde est rentré chez soi, pour retrouver sa famille ou bien pour se reposer, simplement. Il est 22h et je suis seule dans mon bureau, les stores tirés, la lumière éteinte. Les larmes roulent le long de mes joues, venant s'échouer à la commissure de mes lèvres ou finissant par d'écraser sur le sol. Je suis incapable de me calmer, bien trop épuisée mais tout aussi énervée. Je ne comprends pas. Pourquoi Reid ? Pourquoi faut-il que ça lui arrive ? Plusieurs semaines qu'il a été arrêté et plusieurs semaines que nous ne pouvons rien faire pour le sortir de la. Dieu sait à quel point je m'en veux. Je lui avais promis de l'aider, de ne jamais l'abandonner mais je suis complètement impuissante. Les yeux dans le vide, je laisse les perles salées couler, de plus en plus nombreuses, le corps parcouru de soubresauts incontrôlables. Je suis à la tête de la BAU et je ne suis même pas fichu d'aider un ami ! A quoi ça rime tout ça ?! Rageusement, je balaye d'un geste brusque de la main tout ce qui se trouve sur mon bureau. Dossier, stylo, papiers, le tout s'échoue sur le sol, bruyamment. Le silence prend de nouveau place, simplement brisé par mes reniflements.

- Tout va bien ?

Je fais pivoter ma chaise de bureau pour faire face à la porte et croise le regard d'Alvez.

- Qu'est ce que tu fais encore ici ? Lui demandais-je, essuyant rapidement mes larmes.

Il allume la lumière, m'aveuglant, si bien que je mets quelques secondes à m'habituer.

- Je vous retourne la question.

Je me contente de hausser les épaules. Ses yeux balaient la pièce jusqu'à finir par remarquer l'amas de papiers sur le sol.

- Tout va bien ? Me demanda t-il à nouveau, plus doucement, rentrant dans le bureau et fermant la porte derrière lui.
- C'est gentil de te soucier de moi Luke mais je t'assure, je vais bien.
- C'est pour ça que vous pleurez dans le noir, me dit-il, sarcastique.

Je détourne le regard lorsqu'il s'accroupit devant moi.

- Sérieusement Emily... Parlez moi.

J'ai besoin de parler, je le sais mais suis-je prête à me confier ? À Alvez qui plus est ? JJ aurait été sa place je ne dis pas mais la... Je le connais à peine même si j'ai l'impression de le connaître depuis toujours. Même si il est mystérieux, il laisse de temps à autre sa carapace de côté.

- A quoi bon être un membre du FBI si je suis incapable d'attraper le salaud qui a fais ça à Reid ?
- Je me disais aussi...
- Quoi ?
- Tous les membres de l'équipe ont déjà craqué, JJ, Garcia et même Rossi.
- C'est bien plus qu'un simple collègue Luke.
- Cette équipe est bien plus qu'une simple équipe.

Je lui souris malgré tout et je sens qu'il attrape ma main.

- On va coincer cet pourriture et prouver l'innocence de Reid.
- Et si on n'y arrive pas ?! Scratch a fait un coup tordu à beaucoup d'entre nous et pourtant on ne l'a toujours pas coincé. Et si Reid restait en prison ?
- Avec des « Et si » on s'empêche de vivre Emily. On n'a jamais échoué jusque la, même quand c'était dure, même quand tout semblait sans issue. On l'attrapera, j'y veillerai personnellement.
- J'aimerai pouvoir y croire.

Machinalement, il caresse le dos de ma main de son pouce. Une agréable sensation m'envahit et un léger sourire naît sur mes lèvres.

- Je n'ai plus la force d'aller le voir en prison, de le rassurer alors que je n'y crois pas moi même. Je veux rester forte pour lui mais c'est trop dur. Je ne suis pas la Emily que vous croyez. Je ne suis pas aussi solide que ça. Moi aussi j'ai une carapace.
- Mais il a besoin de nous. Il a besoin de vous. Quand j'ai été le voir, il m'a dit que ça faisait deux semaines qu'il ne vous avez pas vu. Alors je sais qu'on a les enquêtes mais ne l'évitez pas.
- C'est gentil.
- De ?
- Me remonter le moral. J'en avais besoin.
- Vous avez surtout besoin d'un bon resto. Je vous invite.
- Tu devrais rentrer.
- J'y tiens.
- Tu ne comptes pas abandonner si je comprends bien.
- Exactement !

Il se lève et me tends la main.

- On y va ?

/ Restaurant /

Le repas se passe bien mieux que je ne l'avais espéré. Je pensais qu'on allait passer un moment gênant, sans savoir quoi se dire mais finalement la conversation est venue naturellement. J'en ai plus appris sur la vie de Luke ces dix dernières minutes qu'en plusieurs semaines. Nous en sommes au dessert et très honnêtement, je n'ai pas envie que cette soirée se finisse. Je ne veux pas rentrer et me retrouver seule chez moi avec pour seule compagnie un chat et des remords.

- On partage ? Proposais-je.
- Hors de question. J'ai dis que je vous invitais.
- Tu.
- Pardon ?
- On est en dehors du bureau, je pense que tu peux me tutoyer.
- Pourquoi pas.

Nous nous sourions et je le regarde se lever pour payer. Immédiatement, je lève les yeux au ciel. C'est terrible ce cliché qui veut que les hommes doivent payer. La féministe qui est en moi est révoltée mais d'un côté, je suis plutôt flattée d'avoir passé une soirée rien qu'avec lui.

- On y va ?

Je sursaute, ce qui fait rire Alvez. J'étais tellement perdue dans mes pensées que je ne l'ai pas vu revenir. Je sors de table et l'accompagne au dehors. Nous montons dans sa voiture, la mienne étant restée à la BAU.

- Je vous ramène ?
- Avec plaisir.

Contrairement au repas, le trajet en voiture se fait dans un silence quasi religieux. Seule la radio permet de ne pas rendre l'atmosphère pesante. Par automatisme, je balance doucement la tête au rythme de la musique. Après des minutes qui semblent interminable, nous finissons par nous garer devant chez moi. Je détache ma ceinture et m'apprête à sortir quand je me ravise.

- Tu veux monter ?
- Ma patronne ne dira rien si j'arrive avec une tête d'enterrement demain matin ?

Je regarde l'heure qui se veut tardive et me mets à rire.

- Je crois qu'elle sera dans le même état.
- Alors j'accepte volontiers.

Nous descendons de la voiture et prenons la direction de mon appartement. L'ascension dans la boite métallique se fait d'une lenteur presque insupportable. De temps à autre, nos mains se frôlent, sans le vouloir. Enfin je crois. Le ding caractéristique se fait entendre et je me précipite à l'extérieur. Les mains tremblantes, j'ouvre la porte et entre, suivie de Luke. Je retire mon manteau, imitée par mon invité et me dirige vers le salon. Il me suit et s'arrête à quelques centimètres de moi. Je suis incapable d'émettre le moindre mouvement, comme paralysée. Sa main vient se loger dans le bas de mon dos et nous nous regardons dans les yeux. Ma respiration devient chaotique, je sens mon cœur s'accélérer.

- Et maintenant ? Demandais-je, dans un murmure.
- Et maintenant je vais t'embrasser.

Je n'ai pas le temps de répliquer que ses lèvres viennent se poser sur les miennes. Son baiser est doux et je me laisse transporter par la douceur de ses gestes. Je ferme les yeux et passe mes bras autour de son cou. Il finit par se détacher de mes lèvres et caresse ma joue.

- Ma patronne ne va pas me virer ?
- Elle pourrait en effet.
- Je n'ai fais que l'embrasser.
- Mais tu as violé le règlement.
- Tu marques un point, ria t-il.
- Tais toi et embrasse moi !

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Emily : "La fin d'une histoire est aussi le commencement d'une autre. La seule chose, c'est qu'on l'ignore à ce moment-là."

Des Petits Moments De Vie (Esprits Criminels OS)Where stories live. Discover now