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Les souvenirs sont des présences invisibles.

Les réveils semblaient plus doux quand ils se faisaient dans les bras de Vladimir.
Collée à son torse,il faisait,du bout des doigts,de lents mouvements sur mon bras.

- Il est quelle heure ? Demandais-je.
- Onze heure.Je crois bien qu'on est en retard pour le petit déjeuné.

Il sourit comme un gamin et je me demandai à quoi avait pu ressembler l'enfance de Vladimir.
Quel genre de petit garçon était-il ?
Avait-il été élevé pour devenir le grand patron de la mafia ? Lui avait-on volé sa jeunesse ?

- A quoi penses-tu ?
- Comment a été ta vie Vladimir ? Demandais-je soudain la voix enrouée.

C'est dans ce genre de moment que j'étais sûre d'aimer Vladimir.Parce que l'imaginer malheur ne serait-ce qu'un seul instant me serrait les tripes au point de me sentir nauséeuse.

D'abord,il resta silencieux puis enfin il décida de se livrer un peu.Simplement parce qu'il savait que l'apparence d'un dur ne durait qu'un temps et qu'on était obligé de s'ouvrir à quelqu'un si on ne voulait pas le perdre.

- Mon père était le grand patron de la mafia du coup j'ai toujours vécu dans ce manoir surprotégé.Au début,c'était moi le clown de service tandis que Vinchenso était très sérieux.
Puis,le jour de mes douze ans,mon père m'a tendu une arme et il l'a guidé vers un membre d'un gang ennemi.

Soudain il se tue et je me collai un peu plus à lui. C'était la seule chose que je pouvais faire,lui montrer que je l'aimais.

- J'ai tiré,j'ai tué cet homme et on m'a applaudi.Parce que c'était ce que je devais faire,parce que j'étais le fils aîné et que je devais reprendre le flambeau.
- Je suis désolé Vladimir.
- Je ne regrette pas de tuer,je regrette d'avoir commencé à le faire.Le seul mort qui me hante c'est le premier.
- C'est horrible,dis-je.

Il haussa les épaules tout en respirant un grand coup.Sa réaction un peu fataliste me déchira de l'intérieur. Comme si dans son monde priver un enfant de son enfance n'était que banalité.
Comme si Vladimir n'avait été conçu que pour un jour prendre la tête de cette organisation criminelle.

- Allez descendons manger, me dit-il en se levant du lit.

Quand je le vis se diriger vers le dressing j'eu une idée un peu folle.

- Vladimir ?
- Oui
- Allons manger en pyjama.

D'abord perplexe il me sourit ensuite.

- T'es vraiment barge,dit-il en s'arrêtant dans sa lancée.

Il y avait quelque chose de drôle à voir nos deux âmes brisées se recoller l'une l'autre.On essayait de se créer ensemble un bonheur qui nous avait semblé jusque là irréalisable.
Parce que lui et moi nous avions depuis longtemps baissé les bras face à la recherche du bonheur.
Peut-être était-ce cela le plus triste dans l'histoire ? Ne même plus croire en l'avenir ?

Je me dis que j'avais de la chance d'avoir Vladimir comme super glue,recollant tous les éclats de mon être.
Un jour peut-être arrivera-t-il au bout.
Un jour peut-être seront nous réparés.

La protégée du diable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant