La protégée du diable.

106.

On pouvait lire le vide dans son regard comme si le rêve avait laissé place au cauchemar.

Durant six jours nous avions partagé notre temps entre les visites,la plage et ce magnifique lit douillet.
Ces six jours avaient été tout bonnement magique.
Pendant ce temps j'avais tout oublié,ma mère,ma sœur,Tanya et même Tatiana.Je n'avais pensé qu'à Vladimir,qu'à nous.

Pourtant,ce jour là,Vladimir avait dû aller régler une affaire importante avec un de ses subalternes arrivés urgemment vers midi.
Sachant pertinemment qu'il n'allait pas revenir avant la fin de journée,j'avais décidé de passer la journée sur la plage mais quand je voulus me lever,je fus saisie d'un violent mal de ventre.Je décidai donc,après que la douleur soit passée,de me rendre en la ville,la plus proche du bungalow,pour acheter des médicaments.

Je rentrai dans une petite pharmacie mal climatisée,me dirigeant vers des antidouleurs quand soudain mon regard dévia autre part.

Et si ?

Une petite heure plus tard,assise sur les toilettes,je crus que mes yeux allaient sortir de leurs orbites.
Au bout de la petite languette blanche,un seul chiffre avait suffit à me faire retenir mon souffle.

2 mois.

Je passai une main tremblante sur mon visage défait.

J'avais toujours aimé les enfants mais étais-je prête à en élever un alors que j'étais si jeune ?
Je n'y avais jamais réfléchi plus sérieusement.Vladimir et moi passions souvent du bon temps au lit mais je prenais de façon journalière la pillule.Certes je savais qu'aucun moyen de contraception n'était fiable à cent pour cent mais jamais l'idée d'être l'exception ne m'était venue à l'esprit.

Vladimir ...
Comment réagirait-il ?

Effectivement,cet enfant n'était,en quelques sortes,pas voulu mais je savais d'avance que jamais je ne pourrais me résoudre à avorter.

Je ne pourrais jamais tuer mon bébé.

Démunie,je cachai le test de grossesse dans un sachet plastique avant de descendre le jeter incognito dans une poubelle du rez-de-chaussée.

- Comment vais-je lui annoncer ? Gémis-je en me laissant tomber sur le lit.

Vladimir,je l'aimais éperdument mais cet enfant qui grandissait en moi passerait en premier lieu.Cet embryon était peut-être une surprise il n'en était pas moins là,occupé à grandir dans mon ventre.
Il fallait voir la réalité en face,si Vladimir ne l'acceptait pas je n'aurais pas beaucoup le choix.Cet enfant n'avait pas demandé à venir au monde,c'était donc ma responsabilité.
Et soudain je compris une chose.

Cet enfant serait ma priorité.

Tard dans la soirée,Vladimir rentra dans le bungalow visiblement exténué.
Lorsqu'il s'approcha de moi,assise sur le lit en train de feuilleté un magasine,il me prit le visage en coupe pour déposer ses lèvres sur mon front avant de partir prendre une douche.
Tandis que l'eau coulait,je tournais les pages de ma revue,profitant de cette lecture sans prise de tête.
Soudain une date m'interrompis.
Je restai longtemps à la fixer et,quand Vladimir sortit de la douche,je l'interrogeais immédiatement :

- Quel jour sommes-nous ?
- Le trois Juillet

Mon Dieu.
Mon anniversaire était dans deux jours.

Et soudain,comme une évidence,je savais que je le dirais à Vladimir ce jour là.