La protégée du diable.

101.

Je ne peux pas respecter quelqu'un qui ne soutient pas son opinion juste parce qu'elle est impopulaire.

A seize heure pile,je m'engouffrai aux côtés de Vladimir dans un petit pub.
La devanture annonçait déjà les préjugés qu'il pouvait y avoir,ici en Russie,sur la France.Derrière la vitrine, l'accordéon,garni d'un béret, posé sur une baguette de pain m'avait arraché un sourire.Quant au nom du café,La vie en rose,je n'avais réussi à m'en remettre que lorsque Vladimir m'avait jeté un regard sévère.
Il semblerait que ce dernier prenne mon rendez-vous bien plus au sérieux que moi.
Au début,j'avais pensé qu'il m'accompagnait uniquement pour s'assurer que je ne tombais pas dans un traquenard mais,au vu du véritable interrogatoire auquel j'avais dû répondre pendant tout le trajet,je m'étais vite rendue compte qu'il s'intéressait vraiment au projet.
Comme quoi,il avait beau crier sur tous les toits qu'il avait un cœur de pierre,au fond il s'intéressait bien plus aux autres que ce qu'il laissait croire.

Au fond de la petite salle,à une table entourée de deux banquettes rembourrées,une jeune femme me fit un signe de main.
Tout en m'avançant vers elle,je distinguai ses longs cheveux blonds,ses petits yeux encadrés de lunettes en papillon (forme de lunettes), ainsi que son large sourire bordé de fines lèvres.
Une fois arrivés à son hauteur,elle se leva pour nous saluer avant de inviter à nous assoir.

- Enchantée ! S'exclame-t-elle en me tendant la main.Je m'appelle Tanya !
- Et moi Elisabeth,souriais-je.

Vladimir lui serra solennellement la main avant d'entamer de lui même la conversation.

- Je n'ai pas très bien compris à quoi Elisabeth contait prendre part.

Instinctivement,je fermai les yeux quelques secondes.Je détestais qu'on se mêle de mes affaires.Je pensais que Vladimir venait pour s'assurer que j'étais en sécurité pas pour faire passer un interrogatoire à la femme en face de nous.

- C'est de l'humanitaire.J'en fais dans beaucoup de pays : au États-Unis,au Mexique,en Nouvelle Zélande,... Ici en Russie ce projet débute seulement. J'aimerais m'occuper en priorité des orphelinats et des gens récemment licenciés.
- Par quel genre d'activités ? Demanda-t-il avant moi.
- Et bien c'est très varié,tout dépend du secteur visé.Si on décide de s'occuper en premier lieu des orphelinats, on ira certainement passer du temps là bas,faire des collectes de fond ou même des sorties ludiques avec les enfants.Tandis que pour les adultes démunis on agira plus dans le concret : leur trouver un travail,faire des repas pas cher,... Les possibilités sont nombreuses.

Tout le long du rendez-vous Vladimir continua de monopoliser l'attention tandis que je sirotais, énervée,ma limonade.
Je détestais qu'on se mêle de mes affaires.
Je savais très bien qu'à la fin du rendez-vous,je passerais un savon à Vladimir.J'étais déterminée et vraiment en colère.
C'était peut-être Vladimir Ivanovich,le grand chef de la mafia,mais ça ne lui donnait pas tout les droits du monde.

Quand on marcha jusqu'à la voiture deux heures après, ma colère n'avait toujours pas diminuée.
J'attendis simplement qu'il engage la voiture sur l'autoroute pour commencer à lui crier dessus.

- Ce n'est pas parce que tu as une place importante dans la société que tu peux t'approprier mes projets ! M'exclamais-je sèchement.

Vladimir tourna sa tête vers moi,comme choqué.

- De quoi parles-tu Elisabeth ?
- C'était MON rendez-vous Vladimir ! Moi aussi j'avais envie de parler avec Tanya,de lui poser des questions et de proposer mes idées.
- Qu'est-ce qui t'a empêchée de le faire ?
- MAIS TOI !

Il semblait sincèrement ne pas comprendre ce que je lui reprochais,comme s'il l'avait fait sans s'en rendre compte.

- Tu étais tout le temps en train de parler Vladimir,du début à la fin.Tu ne m'as pas laissé en placer une.
- Je n'avais pas cette impression.Je voulais simplement m'assurer que ce projet était digne de toi.

Je relevai les yeux vers lui croisant son regard pourtant je ne lui répondis rien,attendant simplement de descendre de cette voiture.