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T'es qu'un enfant qui déguise sa peine.

Quand je revins à la villa,le lendemain matin,ma colère n'était toujours pas retombée.En moi brûlait une rage primitive.

Je rentrai dans mon logement à contre cœur,ne voulant croiser ni l'une ni l'autre,ni personne. Pourtant,les dents serrées,lorsque je m'engageai dans un couloir je tombai nez à nez avec mon frère affolé.

- Vladimir,commença-t-il.
- Je n'ai pas le temps.

Sans que je m'y attende,il m'agrippa les épaules avant de me coller avec violence contre le mur.Trop surpris que pour riposté,je me laissai faire comme une poupée de chiffon.

- NON MAINTENANT TU VAS M'ÉCOUTER ! Hurla-t-il les yeux emplis de rage.

Le voilà le Vinchenso que les gens connaissaient,pas le tendre mais le chef de mafia dur et implacable.
Même si avec nous il était différent,mon petit frère était un monstre qui régnait en maître sur son domaine.
Il avait le sang froid que j'avais toujours souhaité et était insensible à la mort et à la torture.

- L'hôtel où tu as séjourné a appelé.Ils ont trouvé un test de grossesse dans la poubelle.

Un long silence s'ensuivit tandis que l'information peinait à arriver au cerveau.

- Elisabeth est enceinte Vladimir.

Il suffit d'une poignée de secondes et quelques mots justement choisis pour assommer le chef tout puissant que j'étais.
Elisabeth était enceinte.

Elle portait mon bébé.

D'un rude coup d'épaule je me dégageai de l'étau que formait ses mains avant de courir jusqu'à la chambre d'Elisabeth.
Quand je compris que la pièce était vide je courus jusqu'à ma chambre espérant la trouver.Je m'avançai dans la pièce que je connaissais par cœur.
Tout était en état.
Tout sauf une chose.
Un cadre brisé au sol. Presque craintif je m'avançai vers l'objet.
Une photo légèrement gondolée,comme si elle avait été mouillée,était surplombée de morceaux verre.

La photo.

Je m'accroupis avant de capturer le cliché dans mes doigts rugueux.
Je passai légèrement mon pouce sur la petite fille que je tenais dans les bras.
Dans un moment hors du temps,je caresserai le visage enfantin que je n'avais plus voulu voir depuis des années.
Une larme se fraya un passage sur ma pommette.

- Cachée ou pas j'arrive,criais-je à travers le jardin.

Il ne me fallu que quelques secondes pour entendre un rire cristallin ainsi que d'apercevoir une petite jupe blanche dépasser de chaque côté d'un tronc d'arbre.
Doucement je m'avançais vers ce dernier et capturai le corps fragile de ma petite sœur entre mes grands bras.

Elle émit un cri,mélange de hurlement et de rire tandis que je la soulevai dans les airs.

- Je t'ai eu petite sorcière,dis-je en embrassant ses joues halée de rose.

Elle rigola de plus belle,essayant de se débattre.

- Vladimir lâche cette pauvre enfant ! Me gronda une voix.

Je me retournai tout sourire vers Sonya,les poings sur les hanches.Je libérai ma sœur avant de m'avancer vers le petit bout de femme qui me tenait tête.
Avec douceur,je posai mes lèvres sur les siennes.

- Allez mettez-vous ensemble je vais prendre une photo ! S'exclama mon frère en faisant éruption au milieu de nous deux.

Je lâchai un râle d'agacement avant de prendre une nouvelle fois ma sœur dans mes bras tandis que Sonya grimpa sur mes épaules.

Un flash m'aveugla.

Je me relevai d'un coup,le cliché s'échappant de mes doigts.

La vue brouillée par un souvenir,je frappai de rage le premier mur qui barra mon passage.

C'était ma dernière photo avec elle.

Un coup,deux puis une dizaine.
Je hurlai tout en martelant l'obstacle des mes poings.

Une main de femme se posa sur mes épaules mais pas celle d'Elisabeth.

- Vladimir calme toi bon sang tu vas démolir le mur,me dit-elle fermement.

N'écoutant que la rage que j'avais en moi,j'entourai son cou de ma main.

- NE T'APPROCHE PAS DE MOI ! NE T'APPROCHE PAS DE MA FAMILLE ! Hurlai-je comme dans un état second.

J'abattis lourdement mon poing en plein milieu de sa figure la frappant comme j'aurais frappé un homme.

J'aurais pu la tuer, je voulais la tuer,mais mon frère me tira en arrière.
Il me serra contre lui pour m'empêcher de terminer ce que j'avais commencé tout en hurlant contre elle :

- VA-T-EN ! DÉGAGE ! NE REVIENS PLUS JAMAIS !

Elle tourna les talons enfin décidée à nous laisser en paix.

Pourtant elle nous avait brisé,elle nous avait tous brisé.

La protégée du diable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant