9 - Rencontres et nouveautés

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Le lendemain, le campus était surpeuplé ; tous les étudiants – des premières aux dernières années – étaient rentrés de vacances et envahissaient les moindres recoins de Felice.

Maddie se regarda une dernière fois dans la glace et, d'un geste plein de nervosité, réajusta son sac à dos sur son épaule. Les choses sérieuses commençaient.

Elle quitta les dortoirs et avança à vive allure sur l'allée qui menait au bâtiment de psychologie. En pénétrant dans le hall, elle découvrit qu'une poignée de jeunes y patientait ; déambulant sur le sol de marbre.

Elle s'arrêta devant le plan des salles affiché sur un immense tableau en bois. Alors qu'elle le scrutait, une voix la fit sursauter.

— Besoin d'aide ?

Maddie fit volte-face et se retrouva nez à nez avec un grand brun.

— Maddie, c'est ça ?

Maddie le fixa un instant, puis se souvint où elle avait vu son visage ; au sein du groupe qui jouait au football la semaine passée. Mais comment s'appelait-il déjà ? Cet élément lui faisait défaut. Il sembla lire dans ses pensées car il pointa un doigt sur son propre visage.

— Nate, le maladroit avec le ballon.

Un sourire naquit sur le visage de la jeune fille.

— Ah oui. Excuse-moi, Nate.

— Pas de problème. Tu cherches quelque chose ?

Maddie jeta un œil sur son planning et lui montra la salle où devait avoir lieu son premier cours magistral.

— Je peux t'y accompagner si tu veux. J'ai mon TD juste à côté.

Maddie opina et ils se dirigèrent ensemble vers l'amphithéâtre. Nate en profita pour lui demander quelle filière elle avait choisie. Maddie parla de son intérêt pour la psychologie, puis Nate expliqua qu'il était en double cursus éducation-philosophie, dans le but de devenir professeur, et qu'il entamait sa dernière année de fac.

Ils se quittèrent devant la salle de Maddie en se souhaitant une bonne journée. Maddie s'installa dans les gradins sur lesquels se reflétait une douce lumière, et se perdit dans ses pensées en observant autour d'elle. Émerveillée, elle pensa à toutes les générations d'étudiants passées ici avant elle. Elle leva les yeux et balaya du regard les murs qui l'entouraient et qui avaient traversé des siècles d'histoire. Elle sourit en pensant à la chance qu'elle avait de se trouver là.

Les étudiants pénétraient un à un et se regroupèrent à l'avant. Un homme chauve, souriant au visage jovial et au bouc grisonnant entra et salua la salle. Un joyeux « bonjour » collectif lui répondit suivis par quelques chuchotements. Le professeur leva les mains pour obtenir le silence et vint poser une fesse sur le plateau de son bureau. Il commença sa présentation en expliquant sa façon de travailler : chaque semaine, il donnait des ouvrages à lire et il fallait en faire des résumés. Ses cours étaient organisés en deux parties distinctes : la première théorique pendant laquelle les étudiants ne devaient faire que l'écouter et la deuxième n'était que de la discussion, lui n'intervenant que pour poser des questions, réguler si besoin les échanges et donner une direction aux débats. Il énonça ensuite les différents auteurs qui seraient étudier et démarra directement en parlant de l'un d'eux. Tout comme Maddie, fascinée par ce premier cours, les étudiants burent ses paroles.

Quand le professeur termina son cours en annonçant l'organisation des travaux pratiques auxquels il serait impératif d'assister, les étudiants quittèrent lentement leurs places. Maddie franchit la porte et se faufila à travers la foule dans le bâtiment.
Elle rejoignit la cafétéria où elle devait prendre tous ses repas ; ceux-ci étant compris dans sa bourse d'étude. Elle profita de déjeuner seule pour passer son temps sur son téléphone et raconter cette première matinée à Anthony, celui-ci fit de même, bien moins ravi que sa petite amie de son premier cours.

Dans la même semaine, elle rencontra tous ses nouveaux professeurs, et celle qui la marqua tout particulièrement fut la professeure de psychanalyse. Maddie fut surprise de voir qu'avant même la fin du cours précédent, les étudiants se massaient déjà aux portes de l'amphithéâtre. Quand ils purent pénétrer dans l'espace, les places assises dans les gradins furent prises d'assaut et les marches des escaliers s'emplirent de personnes, cahiers ou ordinateurs sur les genoux. L'espace se retrouva comble en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire.

Maddie se demanda qui pouvait susciter autant enthousiasme et de ferveur quand une petite femme en jean et chemisier sans manche, à la chevelure blanche et hirsute s'avança dans l'amphithéâtre. Le silence se fit instantanément. Quand le cours débuta, Maddie comprit. Ce petit bout de femme faisait preuve d'une bonne humeur communicative et d'un humour mordant. Elle était passionnée et passionnante.

Quant à ses autres professeurs, ils étaient plus classiques et leurs cours également. Beaucoup d'écoute, de prise de notes et peu de place à la discussion.

Un après-midi en rentrant à Reggio Hall, Maddie s'attarda devant les petites annonces affichées dans le hall de la résidence. Alors qu'elle parcourait les différentes colonnes, Élise fit irruption à ses côtés.

— Qu'est-ce que tu regardes ?

— Les annonces. Il faut que je trouve un petit boulot, la bourse ne couvre pas toutes mes dépenses, expliqua Maddie. Et si je veux pouvoir manger dans d'autres restos que la cafétéria, j'ai besoin d'argent !

Élise acquiesça vigoureusement. Elle n'avait besoin ni d'une bourse ni de travailler, et elle éprouvait un profond respect pour ceux dont c'était le cas.

— Tu comptes passer des sélections ? demanda Maddie.

— Sportives, tu veux dire ?

Maddie confirma et Élise, elle, secoua négativement la tête.

— Non. Si je dois faire du sport, je ferai un tour de temps en temps au centre sportif de la fac, ça me suffira !

Maddie lui sourit. Plus les jours passaient et plus elle pensait faire la même chose ; du sport quand elle en aurait envie. Sans contrainte ni obligation.

Maddie s'attarda sur une petite annonce qui concernait la bibliothèque : le poste consistait à faire du classement, de l'archivage et de la saisie informatique. Elle nota toutes les informations avant de suivre sa colocataire jusqu'à leur chambre.

Depuis son arrivée à Felice, Maddie découvrait la vie en communauté, et notamment celle de Reggio Hall. Les portes des chambres passaient bien plus de temps grandes ouvertes que fermées. Dans les couloirs, les filles et garçons discutaient et riaient sans retenue. La gent masculine avait souvent tendance à se promener dans les couloirs avec pour unique vêtement une serviette nouée autour du corps.

Au départ, cela avait eu tendance à mettre Maddie mal à l'aise mais, finalement, elle s'y était faite et n'y faisait même plus attention. Elle qui n'avait vécu qu'avec sa mère, être entourée d'autant de personnes lui apportait même une forme de réconfort, et l'empêchait de ressentir une quelconque nostalgie.

Élise était une jeune fille très sociable et Maddie le remarqua vite. En une journée, elle fit – en entraînant Maddie avec elle – le tour de l'étage pour faire connaissance avec tous leurs voisins et voisines.

— Tu me remercieras quand tu auras besoin de quelque chose et que tu pourras toquer à n'importe quelle porte ! lui dit en riant Élise en finissant leur tour du dortoir.

Maddie ne risquait pas de connaître la solitude en étant amie avec cette fille, c'était certain, et ce n'était définitivement pas pour lui déplaire.


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