17 - Une fraternité

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— Sérieux ? s'étonna Maddie en fouillant dans son tiroir.

Élise éclata de rire.

— Oui, je te jure ! Meredith a mimé sa tête quand elle l'a appris. Elle était à deux doigts de faire un arrêt cardiaque !

Maddie jeta un jean et un tee-shirt sur son lit.

— Pourtant elle est co-capitaine, elle devrait être contente.

Élise fronça le visage.

— Je ne suis pas sûre que Sally s'entende à merveille avec Mere. Partager le poste avec elle ne semble pas la ravir.

Maddie haussa les épaules. Peu importait ce qui se passait dans la vie de Sally, elle s'en fichait éperdument. Du moment qu'elle n'interférait pas dans la sienne.

Maddie fourra ses affaires dans son sac, en prévision de la nuit qu'elle allait passer avec Anthony. Depuis peu, il avait intégré une fraternité et, contrairement à Maddie, il avait préféré quitter son dortoir pour une chambre individuelle dans la résidence. Il pouvait ainsi en profiter pour faire venir sa petite amie. Ce nouveau lieu d'habitation allait grandement leur faciliter la vie.

Élise s'installa sur son lit et croisa les jambes. Elle attrapa son vernis à ongles et le secoua avant de l'ouvrir.

— Profite bien de la soirée avec ton Jules ! Moi, je vais être bien occupée aussi.

Maddie sourit et lui fit un clin d'œil.

Quelques jours plus tôt, Élise l'avait accompagnée dans le département de psychologie, Maddie sachant pertinemment que Nate s'y trouverait pour l'un de ses cours. Ainsi, elle avait pu les présenter l'un à l'autre de la façon qui lui semblait la plus naturelle possible. Résultat, Élise se rendait le soir-même dans un des cafés sur le campus pour y retrouver Nate. Maddie était ravie pour sa colocataire.

Quelques heures plus tard, Maddie était sur le campus de Stanfild aux côtés de son petit ami devant une jolie bâtisse grise à deux étages.

— Voilà mon nouveau chez-moi, s'exclama Anthony. Rien à voir avec le dortoir !

— Si tu y es mieux, je suis contente pour toi, lui répondit Maddie en le serrant contre elle.

En pénétrant dans la maison qu'occupait la fraternité, l'enthousiasme de la jeune fille retomba quelque peu ; l'espace était franchement sale, des ordures étaient éparpillés partout sur le sol et des cadavres de bouteilles en tout genre jonchaient les tables. Une odeur de renfermé imprégnait l'atmosphère.

Maddie croisa le regard d'Anthony qui s'empressa de lui expliquer.

— Hier soir, les mecs ont organisé une petite fête qui a fini tard. Personne n'a encore pris le temps de ranger.

— Il faudrait peut-être, marmonna Maddie en regardant autour d'elle, sacrément refroidie.

Anthony prit la main de Maddie et ils se faufilèrent à travers le bazar. Ils rejoignirent le premier étage et la chambre d'Anthony. Elle était très petite et sombre mais l'ayant pour lui seul, il n'allait pas s'en plaindre.

Anthony y avait déjà rapatrié toutes ses affaires ; ses vêtements s'entassaient dans un coin, ses livres et cahiers étaient réunis sur le plateau de son bureau.

Maddie se laissa tomber sur le lit et, avec un sourire en coin, fit signe à son petit ami de la rejoindre. Elle avait envie de profiter pleinement de l'instant présent...

Après avoir fêté leurs retrouvailles sous la couette, ils passèrent les heures qui suivirent à discuter de leur quotidien sur leurs campus respectifs.

Quand de joyeux cris retentirent depuis l'extérieur, Maddie enfila son pantalon et le tee-shirt d'Anthony avant de s'approcher de la fenêtre.

Devant le bâtiment de la fraternité, des garçons torse nu en short se poursuivaient sur la pelouse les bras chargés d'énormes pistolets à eau.

— Ils vont attraper la crève, lâcha Maddie.

Malgré le soleil et la météo clémente, les températures restaient fraîches.

— Ils ont l'air d'être plutôt résistants, souffla Anthony à son oreille en arrivant juste derrière elle.

Maddie fit volte-face et enroula ses bras autour du cou d'Anthony.

— Je t'ai beaucoup parlé de tout ce que faisait ma sororité, toi tu ne m'as pas dit grand-chose sur les activités de ta fraternité.

Anthony haussa les épaules et se dégagea de son emprise pour aller se couvrir, ne portant toujours qu'un simple boxer.

— Je peux tout te résumer en une seule phrase ; une bande de potes qui veulent profiter de la vie étudiante.

Il ouvrit la porte.

— Viens, on descend. Je vais te présenter.

Et Anthony disparut dans le couloir.

À contre-cœur, Maddie le suivit. Elle aurait préféré rester seule avec lui et en apprendre davantage sur le groupe qu'avait rejoint son petit ami car sa première impression n'était franchement pas terrible.

Cette mauvaise impression se confirma les heures passant.
Elle entendit les garçons de la fraternité s'apostropher bruyamment et parler de la  gente féminine en utilisant des termes peu respectueux. Ces gens lui semblaient particulièrement lourds et immatures.

Une nouvelle fête était organisée le soir-même et la maison se retrouva vite envahie d'étudiants et d'étudiantes. Maddie en profita pour discuter avec certaines filles dans le but d'obtenir quelques informations sur l'image qu'avait cette fraternité.

— Ces mecs sont fabuleux, s'enthousiasma une petite brune. Ils organisent des fiestas tout le temps ! Ce sont les rois des nuits blanches et de vrais grandes gueules.

Maddie n'arrivait pas à comprendre ce qu'Anthony faisait là. Il ne ressemblait en rien aux personnes que décrivaient cette fille. Pourquoi, parmi toutes les fraternités existantes, Anthony avait-il rejoint celle-ci ?

Maddie passa finalement peu de temps en tête avec tête avec son petit ami ; elle partit se coucher très tôt, prétextant un mal de ventre et lui ne vint la rejoindre que tard dans la nuit.

Quand ils reprirent la route vers Felice le lendemain, Maddie demanda.

— Pourquoi tu as choisi cette fraternité ?

Anthony fronça le visage.

— Comment ça ?

— Parmi toutes les fraternités sur ton campus, pourquoi tu n'en as pas choisi une un peu plus active ?

— Active ? répéta-t-il d'un ton légèrement sec. C'est-à-dire ?

— Oui, plus productive, quoi. Qui fait des choses pour les autres. Enfin, autres que les soirées, je veux dire.

Anthony resta muet un moment, ses mains se crispant puissamment autour du volant.

— Ce groupe est accueillant et ne recrute pas sur tout un tas de critères débiles comme les autres, dit-il d'un ton tranchant.

Maddie prit cette réflexion directement pour elle mais elle s'abstint de répondre.

Un silence de plomb s'abattit alors dans l'habitacle.

Maddie n'avait aucune envie de se disputer avec lui mais il n'était pas pour autant question qu'elle s'empêche de dire ce qu'elle pensait.

Elle ouvrit la bouche pour lui exposer son point de vue mais Anthony la devança.

— Et cette fraternité me convient très bien, clôtura-t-il.

Maddie tourna la tête et regarda par la vitre avec un goût amer. Elle avait compris qu'il ne servait à rien de poursuivre cette discussion.

Le reste du trajet se fit sans un mot, avec comme seul bruit la musique qui résonnait dans les enceintes.



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