46 - Sujet à controverse

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Élise fixait d'un air songeur la page vide qui s'affichait sur l'écran de son ordinateur. Il faisait nuit, son visage était baigné par la lumière pâle de la lampe posée sur son bureau.

Elle entendit Maddie gigoter. Elle la savait réveillée.

— La lumière te dérange ? demanda doucement Élise.

Les yeux à moitié clos, la tête enfouie dans son oreiller, Maddie marmonna :

— Non, t'inquiète.

Elle bougea et se tourna sur un côté.

— Tu fais quoi ?

Élise se mit à mâchonner le bout d'un stylo.

— Je vais écrire l'article pour le journal.

— Hum. Lequel ?

— Celui sur la pièce de théâtre.

Un silence plana.

— La fameuse pièce. Tu me feras lire ?

— Bien-sûr.

Élise avait longuement hésité mais sa décision était prise. Elle savait comment rédiger son article et Maddie serait certainement la première satisfaite.

Élise se cambra pour s'étirer puis fit craquer ses doigts avant de les déposer sur le clavier.

— Si tu veux que j'arrête, tu me dis, hein ?

Sa question resta sans réponse, Maddie s'était déjà rendormie. Élise jeta un œil vers sa colocataire. Elle repensait de temps en temps à ce que lui avait confié Maddie à leur arrivée à Felice, surtout depuis que Maddie leur avait parlé à Meredith, Kristen et elle, de sa nouvelle « demi-sœur » et de ce qu'elle lui avait fait subir. Elle n'arrivait pas à la cheville de ce qu'avait fait enduré Sally à Maddie mais cette Mia avait bien contribué à son harcèlement.

Élise laissa ses doigts courir sur les touches et pianota sans relâche. Les courtes pauses qu'elle s'autorisait se résumait à boire une gorgée de café, et elle s'y remettait aussitôt. Elle écrivit cet article bien plus vite que tous les précédents ; c'était comme si elle n'avait pas besoin de réfléchir, tout s'enchaînait naturellement. Elle tapa le point final en bâillant. Elle enregistra le document et s'effondra sur son lit.

Le lendemain matin, c'est Maddie qui la tira du sommeil.

— Tu n'as pas entendu ton réveil... Il est presque neuf heures.

— Quoi ? Neuf heures ?!

Élise bondit du lit, paniquée. Elle s'habilla à la vitesse à l'éclair, se brossa sommairement les dents et attrapa son sac.

Maddie désigna l'ordinateur d'Élise d'un signe de tête.

— Tu ne le prends pas ?

Élise jeta un œil dans la direction de son bureau en attrapant son manteau.

— Non. Et l'article est fini. Si tu veux le lire, tu peux, prévint-elle avant de s'en aller.

Maddie resta un temps immobile à fixer l'écran en veille. Puis elle se décida : elle le lirait en rentrant des cours, elle n'aurait ainsi pas longtemps à attendre avant de pouvoir en parler avec Élise.

La journée passa à toute vitesse, Maddie se rendit d'un cours à un autre, puis à la bibliothèque pour quelques heures et enfin à Reggio Hall en fin d'après-midi.

Elle se débarrassa de ses affaires avant d'aller s'installer devant l'ordinateur de sa colocataire. Elle fit glisser la souris pour quitter le mode veille et un dossier s'afficha, contenant l'article sur la pièce de théâtre. Maddie l'ouvrit et se lança dans sa lecture.

Quand Élise retrouva Maddie dans leur chambre, elle fut surprise par son air fermé.

— Tout va bien ?

Maddie acquiesça sans conviction. Élise insista :

— Sérieusement, Mad, c'est quoi cette tête ?

— J'ai lu ton article.

Élise afficha un sourire.

— Alors ?

— Tu n'as pas pris de gants.

— Comment ça ? J'ai été honnête, tout simplement.

— Elle a été si mauvaise que ça ?

— Je n'ai pas dit qu'elle avait été mauvaise.

— C'est tout comme.

Élise leva les sourcils.

— Je n'aurais pas cru que tu la défendrais.

— Je ne dirais pas que je la défends. Mais de là à la descendre...

Élise éclata de rire.

— Tu n'exagères pas un peu, là ? J'ai encore le droit de porter un avis une prestation artistique et désolée de le dire, mais le jeu de Sally était à chier !

Élise croisa les bras sur sa poitrine.

— Tu n'y as même pas assisté, toi ! Difficile de juger à ta place, non ?

Son ton était sec.

— Je n'ai aucune envie de me disputer avec toi à cause de Sally.

— Ce n'est pas l'impression que tu me donnes.

— Je ne souhaite juste à personne de vivre ce que j'ai vécu.

Élise afficha un sourire crispé et prit son ordinateur.

— Je vais bosser dehors. À plus.

Elle claqua la porte derrière elle. Maddie se laissa tomber à la renverse sur son lit. Élise avait raison, pourquoi diable défendait-elle Sally ? Celle-là même qui lui avait pourri la vie. Elle ne le méritait pas. Tout comme, elle ne méritait pas d'être la raison qui éloignerait Maddie de son amie.





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