30 - Thanksgiving | Anthony

2.4K 319 5
                                    

Le repas de famille avait été rythmé par les anecdotes de Brooke. Comme à son habitude, la grande sœur d'Anthony avait monopolisé la parole mais cela ne gênait pas le jeune homme. Il aimait l'écouter, Brooke ayant l'art de rendre passionnant l'événement le plus anodin.

Quand ses parents réussirent à en placer une, ils s'enquirent de ses notes. Anthony les rassura, ils n'avaient aucun souci à se faire. Anthony avait toujours été bon élève et cela n'avait pas changé depuis son entrée à Stanfild. Brooke l'interrogea sur ses activités extrascolaires, il resta assez vague et n'évoqua pas sa fraternité. Il fut soulagé de voir que sa sœur n'aborda pas le sujet et embraya rapidement sur autre chose.

— Et Maddie, comment va-t-elle ? demanda la mère d'Anthony. Comment ça se passe à... à...

— Felice, compléta Anthony. Ça se passe bien. Très bien même.

Il raconta ce qu'étudiait Maddie, son travail, son implication dans différents projets.

— Elle est bien plus active que toi, on dirait ! lança Brooke en donnant une tape sur l'épaule de son frère.

Anthony ne broncha pas, sa sœur avait parfaitement raison. Maddie était bien plus active que lui, il n'y avait aucun doute. Il profita du fait de parler de Maddie pour demander la permission d'aller faire un tour et de passer dire bonjour à la famille Harrington. Ses parents l'y autorisèrent dès la fin du repas.

Quand il sonna chez Maddie, Joanna vint lui ouvrir. Il la suivit jusqu'au salon et y trouva l'ensemble de la famille Harrington attablé. Ava et June lui sautèrent dans les bras, ravies de le revoir, puis Michelle et Lindsey le saluèrent chaleureusement. Anthony était apprécié par toutes, et cela dès le jour où ils avaient fait connaissance. Au départ, Anthony avait été quelque peu surpris et décontenancé par cette famille composée exclusivement de membres féminins, mais très vite, il s'était senti en faire partie.

Anthony s'installa aux côtés de Maddie, déposa un baiser sur ses lèvres ce qui ne manqua pas de susciter des ricanements de la part d'Ava et June. Anthony leur adressa un clin d'œil avant de sourire à Maddie, réalisant combien elle lui avait manqué ces derniers temps. Il n'avait pas passé de moments en tête à tête avec elle depuis une éternité. En réalité, depuis le jour où la colocataire de Maddie avait surgi dans leur chambre et leur avait appris l'accident de Sally. Depuis, Maddie ne s'était pas rendue à Stanfild et Anthony n'était venu qu'à deux reprises à Felice.

Il partagea le dessert tout en répondant à la cascade de questions de Michelle. « Comment était son université ? À combien de kilomètres de celle de Maddie ? Était-il satisfait des profs ? Du logement ? De la nourriture ?... »

Avant même qu'Anthony propose à Maddie prendre l'air, Joanna invita le couple à faire une balade tous les deux, le temps que le gâteau finisse de cuire.

— Et je pense que vous serez contents d'être un peu tous les deux, avança Michelle.

— Pourquoi ? demanda Ava. Ils ne sont pas bien avec nous ?

June leva les yeux au ciel.

— Mais c'est pour qu'ils se fassent des bisous !

Ava grimaça.

— Beurk ! Et vous en avez déjà fait un !

Maddie se leva de son siège en riant.

— On ne fait pas que s'embrasser, on discute aussi !

Elle ébouriffa les cheveux de ses deux cousines avant d'entraîner Anthony vers la porte. Elle promit de ne pas être trop longue, puis le couple quitta maison.

Ils marchèrent main dans la main dans les rues calmes, avant d'aller s'asseoir sur un banc situé non loin de leur ancien lycée. Ils abordèrent rapidement un sujet important : leur couple, et notamment le fait qu'ils se voyaient de moins en moins.

— C'est dur à vivre, admit Anthony. Mais si on tient le coup, on en ressortira plus fort. Notre couple en ressortira plus soudé.

Maddie acquiesça et dit :

— On savait que ce ne serait pas évident.

— Surtout qu'il y a les autres...

Maddie pivota la tête vers Anthony, les sourcils froncés.

— Quels autres ?

Anthony regarda loin devant lui.

— Eh bien, les autres garçons... Enfin, un, précisément.

Maddie soupira, visiblement agacée.

— Tu fais référence à celui à qui j'ai dit très clairement que je n'étais pas intéressée ?

— Il t'a embrassée...

Maddie soupira encore plus fort.

— Avant de savoir que j'étais en couple ! Écoute, si j'avais quelque chose à me reprocher, je ne t'aurais rien dit. Je t'ai parlé du baiser pour être totalement honnête envers toi et parce que je ne me voyais pas te cacher quoi que ce soit. Mais si j'ai fait le mauvais choix et qu'il vaut mieux que je m'abstienne d'être honnête, dis le moi.

Anthony se sentit aussitôt bête. Pourquoi lancer ce sujet alors que lui-même n'avait toujours pas été honnête concernant ce qui s'était passé lors de la soirée d'Halloween dans sa fraternité ? Et Maddie avait raison, elle faisait l'effort de ne rien lui cacher. Pourquoi remettait-il ce sujet sur le tapis ?

— Je savais que je vous trouverai là.

Maddie sursauta en entendant cette voix.

— Rachel ! s'écria-t-elle avant de se ruer sur sa meilleure amie.

— Eh, tu m'étouffes !

Entourée de Rachel et Maddie, Anthony eut l'impression de faire un bond en arrière et de se retrouver pendant l'été, alors qu'ils n'étaient que d'anciens lycéens, pas encore étudiants.

Ils évoquèrent leurs facs respectives, leurs quotidiens chargés et se trouvèrent d'accord sur le fait que ça les changeait du lycée. Ils se donnèrent des nouvelles d'anciens camarades de classe qui fréquentaient les mêmes universités qu'eux. Lorsque Rachel parla d'Ashton qui suivaient les mêmes cours qu'elle, naturellement, la conversation dévia sur Sally.

— Est-ce qu'il est allé lui rendre visite ? demanda Maddie.

Rachel haussa les épaules tandis qu'Anthony répondait :

— Oui, une fois. Mais il a eu du mal à s'en remettre. Du coup, il n'y est pas retourné.

— Je ne crois pas que grand monde y soit allé, avança Rachel. C'est pas comme s'il lui restait beaucoup d'amis du lycée au tyran.

— Rachel ! la reprit Maddie.

— Quoi ? Elle est peut-être dans le coma mais c'est toujours Sally Smith, hein.

Maddie baissa la tête et fixa ses mains.

— Je sais bien. Mais là, on parle de quelqu'un dans le coma.

Rachel corrigea :

— On parle de quelqu'un de cruel. On n'a pas besoin de faire un historique des horreurs que despote Sally a fait subir aux gens autour d'elle et particulièrement à toi, Maddie. Non ?

Maddie détourna le regard. Tomber dans le coma, ce n'était pas rien. Peut-être Sally n'en sortirait-elle jamais. Et malgré tout ce qu'elle avait enduré à cause de cette fille, Maddie trouvait ça triste.

Tandis que la conversation déviait sur un autre sujet, Maddie ne pouvait cesser de penser à Sally et à sa famille qui ne pouvaient pas profiter de la fête de Thanksgiving ensemble et du bonheur de se retrouver.



CampusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant