Chains (trad.)

Chapitre 16

{PDV lecteur}

       L'adrénaline alimentait mes pas alors que je traversais la forêt en courant au travers des arbres en haletant lourdement. La douleur me dérangeait vaguement à la base de mon cou mais je l'ignorais, essayant de mettre autant de distance entre moi et Jack que possible. Pendant tout ce temps, cependant, une seule pensée me traversait l'esprit :
 
 
       Qu'ai-je fait ?
 
 
       Quand j'étais revenus à la raison, Jack était tombé inconscient sur le sol, du sang était collé à ses cheveux derrière sa tête et son masque était de biait, délogé par le coup. La logique m'étais finalement à moitié revenue, et j'étais rapidement retournée à la clairière et l'avais attaché à un arbre avec quelques cordes utilisées pour suspendre les mannequins. elles ne le tiendraient pas longtemps une fois qu'il se réveillerai, elles étaient usés et abîmée par les éléments, mais je ne savais pas quoi faire d'autre. Une fois qu'il se sera réveillé, je savais qu'il serait furieux, et l'attacher ne m'aiderait pas, mais je ne voulais pas qu'il me blesse encore plus.
 
 
       Cependant, comme je le disais, la logique ne m'était pas complètement revenue. En ce moment, j'étais un peu choqué. Mon cerveau avait peut être été coupé d'oxygène pendant quelques secondes. La douleur obscurcissait mon jugement. J'aurai pu réciter tellement de raisons pour lesquelles je ne me mettait pas à courrir juste maintenant, mais je savais qu'elles n'étaient toutes que des excuses. Je savais que les cordes ne le retiendraient pas longtemps lorsqu'il se réveillerait, qu'elles étaient vieilles et usées et qu'elles avaient été exposées aux éléments pendant longtemps. Pourtant, je n'avais pas couru.
 
 
       J'ai enlevé son masque.
 
 
       Je ne savais pas ce que je m'attendais à trouver. Je savais déjà que sa peau était grise et j'avais vu sa bouche à plusieurs reprises. Ce sourire sadique et carnassier était gravé dans ma mémoire pour toujours. Cependant, je devais encore voir son visage en entier. La curiosité avait pris le dessus sur moi. Glissant le masque sur son visage, je le souleva délicatement de sa tête. Mis à part sa peau grise cendrée, il avait l'air parfaitement normal. Son nez était un peu anguleux, ses lèvres ni trop épaisse ni trop mince. Naturellement, ses paupières étaient fermées lorsque je leva le masque, mais je n'osa pas essayer de les soulever pour jeter un coup d'œil à ses yeux de peur qu'il ne s'agite. J'avais le sentiment de déjà savoir ce que je trouverais en dessous de toute façon.
 
 
       Pendant que je regardais fixement, le masque glissa de mes doigts et tomba, et avant qu'il ne touche le sol, je courais déjà, sans regarder en arrière. Je courus aussi vite que possible, ignorant toute la douleur dans mon dos et mon cou alors que je m'éloignais de l'être inconscient.
 
 
       Terrible. Horrible. Cruel. Mauvais. Inhumain.
 
 
       Un monstre.
 
 
       Au final, c'est tout ce que Jack était. Je ne pouvais pas croire que je me laissais oublier, même pour une si courte période. Comment aurais-je pu me laisser m'inquiéter pour lui ? J'étais la victime ici, pas lui. J'étais celle qui était retenu prisonnière, enchaînée à un lit tous les soirs et ne sachant jamais quand ce scalpel argenté brillant pourrait percer ma chair. C'était ridicule ce qu'il fallait pour m'en souvenir enfin.
 
 
       Haletant, je m'arrêtai et m'appuyai contre un arbre, frissonnant pendant que je m'étreignais. Enfin, mon bon sens revenait, révélant à quel point ma situation était futile. Si je m'enfuyait maintenant, où irais-je ? Je n'avais aucune idée de l'endroit où nous étions, ni de la direction à prendre pour trouver la civilisation. J'avais plus de chances de me perdre longtemps avant que je ne trouve de l'aide, et si Jack me retrouvait alors... Je levai une main tremblante vers mon cou, tressaillant au moindre contact avec la peau meurtrie. Du rouge tacha mon doigt alors que je l'écartais, le fixant silencieusement.
 
 
       À ce moment, alors que je regardais mon sang, je réalisa quelque chose. Je n'avais nulle part où aller, nulle part où courir. Peu importe à quelle distance je courais, c'était inutile. Même si par miracle je trouvais de l'aide, où irais-je ? Buddy, la seule famille que j'avais, le seul ami et la seule personne que je connaissais, était morte. Et il avait essayé de me tuer. Plus jamais je ne pourrais regarder ma vie passé sans être rempli de doutes et de soupçons, impossible de me souvenir de son sourire sans revoir son regard vitreux alors qu'il était étendu dans une mare de son propre sang.
 
 
       Quand je me rendu compte de cela, quelque chose en moi se brisa. Les coins de mes lèvres s'étirèrent alors que je commençais à glousser doucement, devenant lentement un rire à part entière alors que des larmes coulaient sur mes joues. Je glissa contre l'arbre, enfouissant mon visage dans mes bras alors que je riais et pleurais comme une folle. Finalement, je compris que ma vie comme je la connaissais était définitivement partie. À ce stade, il ne me restait qu'une chose.
 
 
       Secouant la tête, je tituba et je me tourna, retournant lentement à la clairière en essuyant mes yeux. J'aivais toujours eu du mal à comprendre pourquoi les femmes avaient tant de mal à quitter des partenaires abusifs, mais maintenant je pensais que je pouvais enfin comprendre. Monstre terrifiant ou pas, il était littéralement tout ce que j'avais maintenant. Il m'avait tout pris, se laissant comme seule option. Je souri amèrement à cette pensée.
 
 
       C'est donc ça que de ressentir du désespoir.
 
 
 
{PDV de Jack}

       "Ungh..."
 
 
       Une brume irréelle empli l'esprit de Jack alors qu'il se réveillait de son sommeil sans rêve. Une douleur sourde palpitait à l'arrière de sa tête alors qu'il bougeait légèrement, le faisant grimacer. Qu'est-ce qu'il c'est passé...? Il n'avait pas envie de bouger, et il lui fallut un moment pour récupérer suffisamment pour que ses paupières puissent enfin s'ouvrir. Il regarda autour de lui lentement, essayant de ne pas faire de mouvement soudain avec sa tête pour ne pas aggraver la douleur. Des arbres feuillus verts l'entouraient, et l'air était teinté d'or à la lumière du soleil couchant. Grognant doucement, il essaya de se lever, mais il se trouva juste incapable de bouger. Le stresse se précipita au travers de son être alors qu'il baissa les yeux pour trouver une corde qui retenait sa poitrine, l'attachant à un arbre.
 
 
       Non ! Non Non Non Non !!
 
 
       La terreur le saisit alors qu'il luttait frénétiquement, ignorant la douleur grandissante dans sa tête alors qu'il tentait désespérément de se libérer. "LAISSE MOI PARTIR !" cria-t-il. "NE FAIT PAS ÇA ! JE NE SUIS PAS UN ANIMAL SAUVAGE ! LAISSE ! MOI ! PARTIR !" Les oiseaux s'envolèrent alors qu'il criait, le bruit de leurs ailes ne faisant qu'augmenter sa panique. "N'ENTEND TU PAS LE TONNER ? IL VA PLEUVOIR ! VA TU ME LAISSER COMME ÇA SOUS LA PLUIE ?! NE ME LAISSEZ PAS ICI ! S'IL TE PLAÎT !"
 
 
       La suie noire coulait de ses orbites vides à la place des larmes alors qu'il se débattait violemment contre les cordes, submergé par une panique totale et incontrôlable. Pourquoi était-ce arrivé ? C'était à cause de son comportement, n'est-ce pas ? Jack n'avait pas essayé de le mordre ces derniers temps, et il n'avait pas crié d'insulte ou craché à son visage pendant un moment pourtant. Il mangeait ses repas en silence et disait toujours "merci", même si c'était à contrecœur. Pourquoi était-il puni ? Il avait été un bon garçon. Il avait fait de son mieux pour bien se comporter. il l'avait fait.
 
 
       Il avait vraiment essayé.
 
 
       "... S'il te plait..." Les cris et les appels à l'aide de Jack s'évanouirent en un léger gémissement alors qu'il baissait la tête, ses épaules se soulevant alors qu'il sanglotait doucement. Crier ne changerait rien. Cette personne était folle. Il ne voyait Jack que comme un jouet, quelque chose d'intéressant pour occuper son temps. Il n'y avait aucun bon sens dans la tête de cet homme, seulement une curiosité cruelle et sadique. C'était juste une autre façon de tester le tueur inhumain, pour voir s'il pouvait le briser d'avantage, et ça fonctionnait.
 
 
       Des feuilles et des brindilles se brisèrent lorsque des pas se rapprochèrent lentement, mais Jack garda la tête baissée, ne voulant pas lever les yeux. Il ne voulait pas voir cette joie sadique dans les yeux de cet homme, entendre ce rire cruel et railleur. Des sanglots firent convulser son corps, gémissant doucement et ne prenant pas la peine d'essayer de dissimuler son désespoir total. Cela ne servait à rien. L'homme avait déjà enlevé son masque, et Jack était tellement habitué à cacher son visage qu'il ne savait pas comment dissimuler ses émotions sans lui.
 
 
       Désespéré. Tout était sans espoir.
 
 
       Le désespoir le submergea, des larmes noires coulaient de ses orbites. Puis, doucement... "Jack...?" La voix le prit au dépourvu. C'était calme, féminin et un peu doux, rien à voir avec la voix rauque et profonde de cet homme. Surpris, il leva lentement la tête pour voir une fille avec des cheveux [c/c] et des vêtements en lambeaux debout devant lui, elle avait de grand yeux [c/e] alors qu'elle le regardait fixement. Pendant un moment, il ne réagi pas, complètement confus. Ce n'était pas son ravisseur, c'était quelqu'un d'autre. Qui était-elle ?
 
 
       Et puis tout à coup, tout lui revint.
 
 
       Cet homme "Buddy" était mort, il était mort depuis presque deux semaines maintenant. Cette fille était [nom], son sauveur. L'ange qui l'avait sauvé des ténèbres, qui lui avait montré la lumière après avoir été si longtemps pris au piège dans un vortex sans fin de désespoir. Jack était libre maintenant, il ne devait plus jamais s'inquiéter au sujet de ce monstre. Mais alors... pourquoi était-il attaché à l'arbre ? Pourquoi était-il retenu à nouveau ?
 
 
       "... Pourquoi ?" Chuchota-t-il, son expression remplie de confusion et de vide alors qu'il la regardait fixement. "Pourquoi fais-tu ça...? Qu'est-ce que j'ai fait...? Pourquoi ...? "
 
 
       À ce moment-là, sa voix se brisa et sa tête tomba mollement en avant, des larmes noires coulèrent des vides où ses yeux devaient être.