Chapitre 31

711 70 6
                                    

{PDV Lecteur} 

        "Qu'est-ce que c'est celle-là ?" 
 
 
        "Une Dendrobate à tapirer." 
 
 
        "Et celle-là ?" 
 
 
        "Rainette aux yeux rouges." 
 
 
        "Ooh ! Ooh ! Et celle-là ?"
 
 
        “[Nom], tu peux lire !” Buddy éclata de rire en montrant le texte. "Regarde par toi-même !" En rigolant, je sautai jusqu'au bord du chemin et scrutai l'enseigne devant le mur de verre, regardant les images colorées de grenouilles, émerveillées. Visiter le zoo était toujours amusant, surtout pour un enfant de sept ans. Cependant, la zone sur la forêt tropicale a toujours été ma partie préférée. L'humidité régnait dans l'air du bâtiment ressemblant à une serre, le chant des oiseaux résonnant autour de nous. Tous les oiseaux et les grenouilles exotiques colorés, la symphonie constante de la nature... C'était exaltant, la meilleure partie.
 
 
        En regardant le signe, je louchais en lisant les lettres. "Den... Dro... Ba... Te... Ble... Bleue... Dendrobate bleue !" Je me tournai vers Buddy, rayonnant fièrement, et il rit alors qu'il ébouriffait mes cheveux. 
 
 
        "C'est ça." dit-il alors que je rigolais, tapant dans ses mains. En se baissant, il me tourna et enroula ses bras autour de ma taille et me souleva, me tenant contre le verre. "Tu vois une grenouille bleue ?"
 
 
        "Là !" Dis-je fièrement, en montrant une grenouille à la peau bleue brillante et portant un motif moucheté noir accroché à une branche, en toute sécurité derrière le mur de verre.
 
 
        "Très bien ! Tu vois, tu n'as pas besoin du vieux Buddy pour te dire de quelle espèces sont ces grenouilles !" Il me fit tourner alors que je riais, me reposant rapidement. En souriant, j'enroula rapidement mes minuscules bras autour de sa taille, le serrant très fort.
 
 
        "Je t'aime, Buddy." dis-je en le prenant dans mes bras. 
 
 
        "Je t'aime aussi, Jacky." Attends... Jacky ? Je fronçai les sourcils, levant les yeux vers lui pour le voir me sourire. Un frisson me parcourut le dos alors que je fixais ses yeux brun chocolat, voyant un froid étrange que je n'avais jamais vu auparavant. Son sourire était toujours doux, mais à la fois sinistre et me glaçait le sang.
 
 
        En déglutissant, je dis timidement : "B… Buddy…?" Souriant toujours, il me passa une main sur le visage et quand il passa devant mes yeux, je fus soudain dans le sous-sol, mes bras suspendus au-dessus de ma tête. La panique m'inonda alors que je remuais mes frêles bras d'adolescente, essayant de me lever et de courir, seulement pour tirer sur mes poignets. Froid… J'avais si froid aux mains que je ne pouvais pas les ouvrir. Les larmes coulaient sur mon visage alors que j'essayais de courir, mais je me gela quand j'entendis un sanglot. En tournant lentement la tête, je vis Jack assis à côté de moi, la tête baissée et les épaules tremblantes. Un suintement noir coulait de ses orbites creuses, se déposant sur le sol devant lui.
 
 
        "J-Jack." murmurai-je, les yeux écarquillés. "Jack, calme-toi ! Tu vas bien ! Juste… ne panique pas !" J'essayai de le rassurer bien que je ne sois pas aussi sûr de moi-même, et ses sanglots ne faiblirent pas, mais devinrent plus forts. La noirceur qui glissait sur ses joues prenait une teinte rouge et du sang coulait bientôt de son visage, une seule goutte atterrissa dans la flaque noir au sol et fit onduler sa surface avant que le tout ne devienne cramoisie.
 
 
        "Jacky, Jacky, Jacky." La voix familière me fit me geler, et je me tournai lentement pour voir Buddy se tenir devant nous. Des ombres couvraient la partie supérieure de son visage, mais un sourire sadique aux proportions inhumaines était visible alors qu'il nous regardait de haut. Accroupi devant Jack, il ébouriffa ses cheveux et Jack cria, tirant sur les chaînes pour tenter de s'échapper désespérément. Buddy lui colla violement un grand X rouge sur la bouche alors qu'il lui relevait brusquement le menton, ses yeux étaient remplis de larmes. 
 
 
        Tout à coup, je me senti comme si je planais derrière Buddy maintenant, non... comme si j'étais lui. Je pouvais voir le regard de désespoir et de terreur sur le visage de Jack alors que du sang coulait sur ses joues depuis ses orbites vides, et sentais son corps trembler sous ma main. Un sourire sadique traversa mon visage alors que je le regardais avec un sourire si doux.
 
 
        "Ne sois pas si triste, Jacky." dis-je d'une voix enrouée, mes yeux marron chocolatés. "Tu vas bien..." Les larmes coulèrent sur les joues de Jack alors que je me penchais contre lui, et soudain, je fus séparé à nouveau, regardant Buddy sourire de façon moqueuse devant un Jack en larmes. Une à une, les larmes coulaient sur mes propres joues, me sentant impuissant. 
 
 
        "Stop." murmurai-je, incapable de détourner le regard. “Arrête ça… Tais-toi…! Ne dis pas ça ! Ce n'est pas toi ! CE N'EST PAS TOI !" Je criais dans l'oreille de Buddy mais il ne me regardait même pas. Jack, cependant, avec ses yeux creux et sans émotion, son regard traverssa mon âme. Le X rouge disparut de sa bouche, ses lèvres sans couleur se séparant légèrement. 
 
 
        "Aide.. moi..." murmura-t-il, et à ce moment-là, quelque chose se cassa. J'ai crié, tombant à genoux quand Buddy se mit devant lui, bloquant ma vue.
 
 
 
        À bout de souffle, mes yeux s'ouvrirent et je me retrouvai à regarder un mur de bois, emmailloté dans un cocon de couvertures. Lentement, je commença à m'asseoir seulement pour entendre un bruit de chaîne, me faisant hurler d'horreur et me serrer dans mes bras, faisant empirer le bruit. Après quelques instants, mon rythme cardiaque commença à revenir à la normale et je pris quelques grandes respirations avant de m'asseoir, soulevant les couches de couvertures pour regarder ma jambe. Une manille métallique était serrée autour de ma cheville sur une chaussette épaisse, et il me fallu quelques instants pour la reconnaître et mon environnement aussi.
 
 
        Laissant la couverture glisser, je me laissa tomber sur le dos et fixa le plafond, gémissant doucement alors que je couvrais mon front avec mon bras. Chaud et moite. Que ce soit à cause de la couverture ou la fièvre, je ne le savais pas. Depuis qu'il avait pris ma température deux nuits auparavant, Jack avait insisté pour que je reste au lit ou sur le canapé. Il n'a toujours pas enlevé la chaîne, disant qu'il ne voulait pas que je tente de me lever. Je ne sais pas pourquoi il était si inquiet à ce sujet. Après tout, je n’avais pas vraiment beaucoup d’énergie pour le moment.
 
 
        Mon cauchemar se répèta dans ma tête pendant que je retraçait les motifs du plafond en bois. Les larmes coulaient dans le coin de ma vision à chaque répétition, mais je continuais à le rejouer et à prêter attention à chaque détail, en essayant de l'inscrire dans ma mémoire. Je ne voulais pas oublier, même si c'était un cauchemar. Je sentais que je devais m'en souvenir, me rappeler que je n'étais pas la seule victime. Jack avait autant souffert que moi -non, il a plus souffert. Il m'a terrifié, mais il m'a quand même mieux traité que Buddy l'a traité lui.
 
 
        En fermant les yeux, je laissa mon esprit vagabonder. Où était Jack, de toute façon ? Étant donné mes cris, je m'attendais à ce qu'il entre en ouvrant brusquement la porte en se demandant ce qui n'allait pas. En me rappelant que j'avais une horloge maintenant, je jeta un coup d'œil dessus et je vis qu'il était assez tard. Il était probablement en train de chasser. En soupirant, je reposa ma tête et refermai les yeux. 
 
 
        J'espère que cette fièvre disparaîtra bientôt... 
 
 
 
{PDV Jack} 

        Clack, click, click, clack...
 
 
        Jack s'assit sur le canapé, tapant sur son ordinateur portable. Il avait retrouvé assez de force pour qu'il puisse enfin reprendre confiance dans son schéma initial de stalk et attaque, et tout en poursuivant une cible potentielle, il avait vu une famille partir, clairement préparé pour des vacances. En tant que tel, il avait décidé de profiter de la maison vide pour emprunter leur réseau wifi. Trouver le mot de passe n'était pas si difficile -c'était dans un tiroir avec des télécommandes- et assez vite, il avait réussi à se connecter avec le portable de [Nom].
 
 
        Allongé sur le canapé, l'ordinateur portable à plat sur le ventre, il tapa la liste des symptômes qu'elle avait manifestés ces derniers jours. Internet n’était peut-être pas la source la plus fiable, mais il ne pouvait pas vraiment l’emmener chez un médecin (en fait, il était la chose la plus proche d’un médecin que ses amis pouvaient se procurer), et ses manuels ne pouvaient pas en dire autant. En outre, il avait déjà des soupçons et voulait savoir s'ils correspondraient à ses recherches en ligne.
 
 
        Effectivement, une pléthore de sites Web de divers degrés de légitimité apparurent, chacun citant ses soupçons dans le titre. Il a cliqué sur chaque lien pour les lire, découvrant que la majorité de ses symptômes étaient apparus sur plusieurs sites Web. Un mélange d'orgueil et de crainte l'envahi au fur et à mesure qu'il les parcourait, renforçant encore ses soupçons. Il avait besoin d'une distraction. Que devrait-il faire, cependant...
 
 
        Poursuivant sa connaissance préexistante des ordinateurs, il décida de perdre son temps. Bien qu'il ait le portable de [Nom] depuis un moment maintenant, il ne l'avait pas trop manipulé si ce n'était que de parcourir certaines des informations enregistrées. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas été capable de jouer avec une personne véritablement, et comme il avait juste une connexion Internet pour le moment... Il pourrait aussi se rafraîchir la mémoire, pas vrai ? Il était actuellement minuit et il savait que personne ne l'avait vu entrer par effraction. Il se sentait donc assez en sécurité pour perdre du temps ici.
 
 
        En ouvrant les fichiers, il commença à naviguer de manière aléatoire, et plus il le faisait, plus les souvenirs commencèrent à revenir. Bientôt, il faisait les choses automatiquement, en cliquant sur les fichiers avant de réaliser ce qu'il faisait. C'était comme si son corps se rappelait quoi faire avant son esprit. Marrant, c'était plus facile de se rappeler comment utiliser un ordinateur plutôt que comment cuisiner. Y avait-il une sorte de complot dans son cerveau à cet égard ?
 
 
        Au fur et à mesure qu'il se familiarisait avec l'interface, un souvenir soudainement apparue lui faisant faire une pause. Lentement, il déplaça le curseur dans le coin, ouvrant l'option de déconnexion. Habituellement, il ne se souciait pas de se déconnecter, car l'ordinateur se déconnectait automatiquement chaque fois qu'il le fermait ou qu'il se mettait en veille. En cliquant sur le bouton, il se sentit immédiatement stupide alors que l'ordinateur commençait le processus de déconnexion. Pourquoi a-t-il même fait ça ? Il n'y avait pas vraiment de raison, il ne prévoyait pas de partir. Sa mémoire musculaire l'avait simplement incité à le faire. 
 
 
        Mais lorsque l'écran d'utilisateurs apparut, ses pensées s'arrêtèrent. 
 
 
        À côté de l'icône d'une photo de [Nom] avec son nom, il y en avait un autre, aucune image sélectionnée pour le profil et un seul nom en majuscule : 
 
 
        BUDDY.

Chains (trad.)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant