Chapitre VI

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>NESS

      Seule dans la chambre d'Athénaïs, j'étais assise depuis dix minutes sur le lit et tapotais mes doigts sur mes genoux, nerveuse. Lorsque nous étions rentrées dans le bâtiment qui ressemblait fortement au palais de ma tante mais qui ne l'était visiblement pas, Athénaïs m'avait ordonné de me coucher et de dormir avant d'être propulsée dans l'horreur et la noirceur. Je n'avais rien compris et je ne comprenais toujours rien. Je pensais que m'endormir dans mon rêve allait me réveiller dans la réalité mais ça n'avait rien changé. Force était d'admettre que ce n'était pas un cauchemar...

      Ce qui m'avait amené à penser que... à rien justement ! J'y pigeais que dalle ! Ça n'avait aucun sens, merde ! J'avais beau rembobiné les dernières heures, ça ne m'aidait toujours pas. Je ne voyais aucune explication plausible. De toutes manières, comment associer les mots "Sorcière" et "Métamorphe" avec la réalité ? Impossible.

      Athénaïs était allée trouver ses amies pour essayer d'améliorer ma situation mais ça n'avait rien de rassurant. Au contraire, ça me rendait plutôt nerveuse. Si on cessait d'être rationnel quelques secondes - impossible - et qu'on acceptait le fait qu'Athénais soit une sorcière - impossible ! -, cela voulait dire que ses amies l'étaient aussi - IMPOSSIBLE. Et selon les histoires, les sorcières n'étaient pas très sympathiques, pas très belles, pas très accueillantes et plutôt machiavéliques. Est-ce que c'était le cas de ces dernières ? J'espérais sincèrement que, pour une fois dans ma misérable vie, la chance me sourirait. Espoir vain.

      « Alors, ne paniquez pas, d'accord ? »

      Interpelée, je me redressai. Elles arrivaient.

      « Pourquoi voudrais-tu qu'on panique ?

      -  Hum... tu verras.

      -  Tu me fais perdre mon temps, Athénaïs. J'ai autre chose à faire, grommela l'une d'entre elles.

      -  C'est vraiment important », s'exclama mon "garde du corps" qui ouvrit la porte.

      Trois filles entrèrent à la suite d'Athénaïs qui se posta à côté de moi. Leur regard se posa sur moi et je me raidis quand leurs yeux s'écarquillèrent d'horreur. La première à réagir fut une fille aux cheveux multicolores et aux yeux vairons terriblement déstabilisants.

      « Une humaine ! Par toutes les sorcières de Salem, tu es complètement folle ! Il faut la tuer !

      -  Calme-toi, Danae, fit une grande blonde qui l'empêcha de me sauter dessus.

      -  Comment veux-tu que je me calme ! Vous vous rendez compte qu'elle pourrait causer notre mort ! Je ne veux pas mourir à cause d'une humaine, vociféra Danae dont les prunelles semblaient brûler de colère.

      -  Non, il faut réfléchir sereinement, la contredit une seconde fois la blonde ce qui la fit lever les yeux au ciel.

      -  Depuis quand est-elle là ? demanda une fille aux dreadlocks blonds.

      -  Hier soir, elle est rentrée par la fenêtre, répondit Athénaïs. J'ai essayé de lui faire retraverser la forêt mais Arnaud nous a surprises.

      -  Arnaud ? Heureusement que ce n'était pas le jour des vampires, frissonna la même fille.

      -  Il aurait mieux valu, on en serait débarrassée, grogna Danae en me foudroyant de ses iris noisette et verts.

      -  Qu'est-ce qu'on fait ? » demanda Athénaïs, sincèrement inquiète.

      Le silence fut sa seule réponse. Les trois autres réfléchissaient, ou du moins deux d'entre elles car j'avais cru comprendre que Danae n'avait pas vraiment envie de m'aider. Mais je ne comprenais toujours pas ; m'aider pour quoi ?

AU-DELÀWhere stories live. Discover now