Chapitre XXII

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>NESS

    « NESS ! »

    Je n'eus pas le temps de l'esquiver : Athénaïs avait déboulé de l'étage, dans sa tenue traditionnelle du dimanche soir et s'était jetée sur moi. Elle s'accrochait à mon cou comme une forcenée et me faisait perdre l'équilibre si bien que je dus me tenir contre le mur de l'entrée pour ne pas tomber lamentablement sur le parquet.

    Elle se recula et saisit le col de mon pull. Elle me tira en avant, les sourcils froncés.

    «  Non mais ça va pas ! Tu étais passé où ? » s'exclama-t-elle visiblement en colère.

    Un flot de questions continu s'abattit sur moi mais je me contentai d'être silencieuse jusqu'à ce que la puce blonde se calme. Lorsqu'elle eut fini, elle était si essoufflée qu'elle ne pouvait plus afficher son expression furieuse et se contenta d'attendre ma réponse.

    « Bonjour, Athénaïs. »

    Elle me relâcha brusquement et croisa ses bras sur sa poitrine en me fusillant du regard.

    « Ness Ortega, dit-elle sur un ton ferme. J'aurai pu croire que l'on t'avait enterrée vivante !

    - Sauf que non. Et je t'avais laissé un mot pour te prévenir afin que tu ne te fasses pas ce genre d'idées stupides.

    - Oui mais... quand même ! Ne me refais plus cette frayeur ! J'étais en panique depuis que les soldats de l'Armée Bleue sont rentrés en ville. Heureusement que Émile et Gabriel m'ont dit avec qui tu étais...

    - Ils t'ont dit quoi exactement ?

    - Que le protecteur du Secteur t'avait aussi protégée.

    - Pourquoi tu t'es inquiétée alors, si tu savais ? fis-je en arquant les sourcils, peu sûre de la suivre.

    - Parce que... je... enfin... BREF ! C'EST PAS DE MA FAUTE SI JE PANIQUE VITE ! » s'exclama-t-elle en secouant ses bras vers le ciel.

    Je souris, amusée et la pris dans mes bras. Chose miraculeuse. Elle parut surprise mais ne se pria pas pour me rendre mon étreinte, me coupant la respiration au passage. Lorsque je la lâchai, je remarquai la présence d'Emile qui me souriait, lui aussi soulagé. J'eus un pincement au cœur en voyant que des personnes se préoccupaient plus de moi de ce côté de la ville que chez les humains. C'était triste à dire mais... ceux qui me ressemblaient le plus me détestaient le plus. La Noirceur, dont je ne connaissais toujours pas le réel prénom, m'avait bien choisie. Je m'étais fait des amis que je ne pouvais pas abandonner. C'était impossible pour moi de continuer ma vie sans être accompagnée par cette sorcière amusante qui paniquait trop vite, par le manticore qui vivait pour les Disney, par tous ces surnaturels qui étaient plus humains que les vrais.

    « Qu'est-ce qui t'arrive ? T'es bloquée ? me demanda Athénaïs, moqueuse en me désignant mon sourire de son index.

    - T'as déteint sur moi.

    - Ça doit être ça, rit-elle. Allez viens ! J'ai une surprise pour toi. Un petit truc qui te soulagera de ton stress.

    - Du tien aussi, non ?

    - Du mien aussi, oui. »

    Avec un sourire de deux kilomètres, Athénaïs passa son bras sous le mien et trottina vers la bibliothèque suivie par Émile. Elle m'emmena vers le fond de la salle, là où leur complexe Disney était placé et je ne fus pas étonnée de voir que tout était de nouveau installé pour un second marathon de dessins animés. Sauf que, contrairement à la dernière fois, une grenouillère Stitch recouvrait le pouf sur lequel je m'étais assise. J'écarquillai les yeux et me tournai vivement vers la sorcière. Elle était plus que fière d'elle. Son expression était si illuminée qu'elle me fit flipper.

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