Chapitre XXX

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>NESS

    « Tu es d'une nullité surprenante. »

    Je roulai des yeux, excédée. Quel emmerdeur de première.

    « Mais je ne sais même pas ce que je dois faire !

    - Et tu crois que je le sais ? Sérieusement, maintenant plus que jamais, j'ai besoin de preuves que tu n'es pas aussi inutile qu'une humaine...

    - Térance ?

    - Quoi ? demanda-t-il, visiblement agacé lui aussi.

    - Ferme-la. »

    Je me laissai tomber sur le sol, le long d'un tronc et posai ma tête contre ce dernier, les yeux clos, tentant vainement d'oublier la présence de ce vampire insupportable qui nous avait mis dans une telle situation et qui, de surcroît s'en plaignait.

    Depuis deux heures, nous végétions dans la forêt, tous les deux, seuls dans cette immense étendue d'arbres et de plantes fatigués par la température presque hivernale. Tout ça parce que Monsieur voulait voir de quoi j'étais capable, de savoir si j'étais vraiment une Mortalis Anima, savoir si Jehan ne mentait pas en disant que j'avais d'incroyables facultés qui surpassaient les siennes. Je soupçonnai son ego d'avoir été blessé, d'ailleurs. Il ne s'obstinerait pas à me coller si ça n'avait pas été le cas...

     Térance avait profité du fait que Jehan soit aux abonnés absents depuis deux jours et que Gabriel soit en cours pour s'occuper de « mon cas déplorable » comme il se plaisait à le dire. Je ne savais pas vraiment pourquoi il n'était pas au lycée mais je me doutais que sa nouvelle place au sein du Conseil y était pour quelque chose.

    Personne ne résiste à son charme et tout le monde lui offre tout ce qu'il désire. Pitoyable.

    Alors que le soleil me surplombait et léchait mon visage offert à ses rayons, l'ombre me recouvrit et je grognai. Il ne pouvait pas juste me laisser tranquille deux secondes ? Ce n'était pas possible pour lui de se taire, de jouer aux statues et de me foutre la paix ?

    Apparemment non. Quelle plaie.

    Je levai une paupière et la refermai presqu'aussitôt en apercevant son expression insupportable au dessus de moi. Je décidai de jouer les Diogenes.

    « Ôte-toi de mon soleil, fis-je avec un mouvement lasse du poignet.

    - Lève-toi, larve.

    - Non. »

    Il m'attrapa brusquement la main qui continuait de bouger pour l'inciter à partir et me releva de force. J'en lâchai un grognement.

    « Térance, tu commences à me taper sur le système. Si je te dis que je ne sais pas comment faire, ça veut dire que je ne sais pas comment faire ! Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans cette phrase ?

    - Ton absence de motivation évidente, rétorqua-t-il. Je ne veux pas me battre avec une incapable alors montre-moi que tu ne l'es pas.

    - Très bien. »

    Je me concentrai et en quelques secondes à peine, j'entendis son cœur battre. Un rictus mesquin apparut sur mon visage sans que je ne puisse le retenir et avant même que Térance ne réagisse, l'étau de mon pouvoir comprima son organe vital. Ses battements ralentirent et je perçus sa douleur jusque dans mon corps.

    « Or... te... ga... cesse... cela... tout de suite, cracha-t-il avec difficulté.

    - Je croyais que tu voulais que je te montre mes capacités ? » fis-je, mesquine, un sourcil arqué et le regard braqué sur sa silhouette recourbée.

AU-DELÀWhere stories live. Discover now