Chapitre VII

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>NESS

Un boulet. Voilà ce que j'étais à leurs yeux. Ça ne changeait pas vraiment de d'habitude mais j'avais espéré que cela soit différent. Il fallait se rendre à l'évidence, depuis le début j'avais raison ; où que j'aille, je serais l'être différent, fauteur de troubles.

Les sorcières devaient certainement me maudire pour leur infliger cela. Je ne savais pas ce qu'elles risquaient exactement en me cachant des autorités mais vu les têtes qu'elles tiraient à chaque fois qu'elles me voyaient, je pouvais en conclure que ça n'avait rien de joyeux. Est-ce qu'elles risquaient la prison comme ceux qui cachaient des coupables ? Est-ce qu'ils avaient tout simplement une prison ici ? J'en avais pas la moindre idée et ça m'exaspérait. J'aimais bien comprendre, je haïssais rester dans l'incompréhension totale et c'est ce qui m'arrivait aujourd'hui.

En plus de ne servir à rien, je m'énervais moi-même en me posant tout un tas de questions auxquelles je n'aurais jamais de réponse étant donné que les sorcières refusaient catégoriquement d'éclaircir ma lanterne. Et j'étais rongée par l'inquiétude quant à Kevin. Est-ce qu'il se trouvait vraiment ici ?

En fin de journée, la résidence Nox sembla beaucoup plus vivante. Les sorcières étaient toutes rentrées du travail ou de l'école et ne cessaient de faire des allers-retours entre leurs chambres, la cuisine, le salon, la salle commune de jeux et autres pièces tandis que je demeurais immobile, assise au fond d'un fauteuil à les regarder s'activer. Qu'est-ce que je pouvais faire d'autre ? J'avais passé la journée à me convaincre que tout ça était bien réel et à 20h26, j'étais désormais sûre que je ne me trouvais pas dans un cauchemar sans fin bien que j'aurai certainement préféré que ça en soit un. J'avais même essayé d'appeler ma tante - très grosse blague - mais il n'y avait aucun réseau. Athénaïs avait raison ; ils étaient coupés de notre monde.

« Tu ne sortiras jamais d'ici. »

Je tournai la tête et découvris Danae qui me toisait avec dédain.

« Peut-être. Peut-être pas.

- Si j'étais toi, je ne ferai pas la maligne. Il y a plein d'êtres redoutables dehors qui sont affamés et qui, j'en suis sûre, aimeraient te bouffer toute crue. La chair et le sang d'une humaine, ça en fait baver plus d'un », me dit-elle sournoisement.

Je ne savais pas ce qu'elle cherchait à faire exactement mais il me semblait qu'elle essayait de m'intimider. Manque de peau pour elle, j'avais l'habitude des menaces ou des moqueries alors son petit charabia ne me faisait ni chaud ni froid, qu'elle soit une sorcière ou non. Impassible, je la scrutai avant de dire, sur un ton totalement neutre qui parut la faire bouillir de l'intérieur :

« Peut-être. Peut-être pas.

- Laisse-la tranquille, Danae, intervint Alys, on a besoin de toi en cuisine.

- Si personne ne lui fait peur, elle ne partira pas. C'est une mauvaise idée de la protéger », maugréa l'arc-en-ciel avant de se diriger vers la cuisine.

Alys la regarda s'en aller puis se tourna vers moi avec un sourire piteux. J'arquai un sourcil et elle s'installa à côté de moi, dans le canapé qui jouxtait mon fauteuil. Elle s'appuya sur l'accoudoir et s'excusa pour le comportement de Danae.

« Ne fais pas attention à elle, elle a juste... bref, pas trop chamboulée ?

- Qu'est-ce que vous craigniez si on me trouve ? lui demandai-je, ignorant royalement sa question - stupide.

- Toi, la mort et nous... ou du moins Athénaïs perdra ses pouvoirs et quittera la ville.

- Comment c'est possible ? m'étonnai-je, incrédule.

AU-DELÀWhere stories live. Discover now