Chapitre XXIX

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>NESS

    Les Disney, c'étaient toute mon enfance. Mais les films d'action où les cinéastes se plaisaient à utiliser le plus d'hémoglobine possible et à créer des combats épiques avaient remplacé ces dessins animés innocents à la mort de mon père et la disparition de Gabriel. Ça m'avait permis de comprendre que le monde n'était pas tout gentil, tout beau, tout merveilleux comme il était peint dans les cartoons. J'avais compris que des choses horribles pouvaient se passer même si dans les films, tout était quand même exagéré.

    En revanche, même si je raffolais de ces long-métrages depuis cinq ans, je n'avais jamais, ô grand jamais voulu en vivre un !

    Alors quand j'avais vu Térance enfoncer profondément le pieu en argent qui aurait dû être dans mon sac dans le cœur d'Igor avec un rictus si malsain, j'avais eu le puissant désir de mettre pause, faire sortir le dvd du lecteur pour m'éloigner le plus possible de cette scène d'épouvante. Malheureusement pour moi, je n'étais pas devant la télévision. Je vivais la scène, bien ancrée dans le réel.

    J'avais été d'autant plus horrifiée quand j'avais remarqué que personne ne bougeait, que tout le monde laissait faire comme s'ils étaient soulagés que quelqu'un se débarrasse enfin du Sang de la Lune Vampire. Et désormais, cette image restait gravée dans mon esprit de sorte que la présence de Térance à mes côtés me gênait profondément.

    Je finis par exploser après de longues minutes de silence, immobile devant la porte de l'appartement de Gabriel.

    « Pourquoi t'as fait ça, espèce de taré ?! »

    Il ricana de ma brusque réaction qui arrivait trois ans plus tard. Aucun commentaire ! Il arqua un sourcil tout en me dévoilant, pour la énième fois, ses dents étincelantes à la Colgate. Ça me donnait encore plus envie de gerber car il aurait très bien pu tuer Igor d'un coup de canines bien senti. Répugnant.

    « Je rêvais de faire ça depuis longtemps, me confia-t-il conscient de donner plus d'ampleur à ma répulsion.

    - J'avais décidé de ne pas le tuer !

    - Je t'en remercie d'ailleurs, sinon je n'aurai pas pu le faire, rétorqua-t-il.

    - Mais bon sang, Térance ! T'as que dix-huit ans et à cet âge, on est pas censé buter des gens ! Ni plus tard ! » hurlai-je.

    La porte de l'appartement s'ouvrit brusquement et Gabriel sortit sur le palier, stupéfait. Térance, quand à lui, riait dans sa barbe, malicieux.

    « Qu'est-ce qui se passe ? » s'exclama soudain le manticore.

    Les poings serrés, la mâchoire contractée, le sang pulsant dans mes tempes, je le fusillai du regard sans me contrôler et pointai un doigt rageur sur le vampire qui se délectait de la situation comme il s'était enivré de son acte immoral.

    « Il se passe que ce putain de suceur de sang vient de tuer l'un de vos hommes les plus importants et n'a pas de remords. Il n'a aucun scrupules, aucune conscience !

    - Tu as quoi ? s'écria Gabriel, éberlué.

    - Continuez de parler de mes exploits et je sens que mes chevilles vont se mettre à gonfler, cela risque d'être fort déplaisant.

    - Et en plus il se fout de ma gueule ! m'énervai-je en bousculant violemment Gabriel pour rentrer chez lui.

    - Tout le monde devrait me remercier, nous fit-il remarquer dans un haussement d'épaule, j'ai débarrassé le monde d'un abruti dangereux. Croyez-moi, je ferai un bien meilleur dirigeant pour mon espèce que cette tête à rayures.

AU-DELÀWhere stories live. Discover now