Chapitre X

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>NESS

Nerveuse, j'attendis que tout le monde soit endormi pour me lever du lit de fortune qui avait été installé à mon intention dans la chambre d'Athénaïs. Je me redressai pour attraper mes chaussures qui se trouvaient au bout du matelas, me chaussai puis me levai lentement en essayant de faire le moins de bruit possible. Athénaïs dormait si profondément qu'elle ronflait comme un tracteur. Je pris le blouson que les sorcières m'avaient donné, l'enfilai puis sortis de la chambre. La boule d'angoisse qui s'était formée dans mon estomac se desserra un peu mais continua de me tordre le ventre. Je n'étais pas encore sortie de la résidence Nox. Danae ou une sorcière insomniaque pouvaient encore à tous les coups sortir et me surprendre en train de m'enfuir. Je ne devais, en aucun cas, baisser ma garde.

Avec précaution, je me dépêchai de descendre les escaliers, qui, à mon grand soulagement, ne grincèrent pas et me précipitai vers la porte d'entrée. Je la déverrouillai et quittai ce repère de sorcières, l'adrénaline courant dans mes veines. Je ne savais absolument pas ce que je risquais en m'enfuyant de la sorte mais j'étais sûre que si je venais à croiser un surnaturel, ma vie allait s'arrêter net. Je n'allais peut-être même pas me rendre compte que j'étais morte. Pessimiste. Je secouai la tête en refermant mon blouson sur moi et pris la direction de la forêt. Me dépêcher. Je me mis à courir, sans regarder derrière moi.

J'espérai sincèrement que ce ne soit ni la nuit des vampires ni celle des goules ou des manticores, sinon j'étais sûre de me transformer en chair à pâté. La forêt s'élevait déjà devant moi, aussi menaçante que l'autre côté mais les ruines n'étaient pas là, ce qui prouvait que je n'étais pas chez moi. Je ralentis mes foulées une fois à la lisière des bois et, le souffle court, fixai l'obscurité. Est-ce que j'allais vraiment faire ça ? Suicidaire. Est-ce que j'allais vraiment prendre ce risque ? Mortel. Ce n'était pas le jour de passage alors Charlotte et les Nymphes n'allaient pas pouvoir m'aider à passer sans encombre. Elles n'allaient pas pouvoir me protéger et le temps de tout traverser, je pouvais croiser n'importe quoi sur mon chemin. Dangereux.

Je pris une grande inspiration et rentrai dans les bois d'un pas décidé malgré mes mains qui tremblaient et mon cœur qui s'emballait. Ma gorge se serrait au fur et à mesure que j'avançais entre ces immenses arbres, dans cette atmosphère macabre et ténébreuse. Le froid provoquait une série de frissons que je n'arrivais pas à contrôler mêlés à la succession de frissons de peur qui hérissaient mes poils. Je n'arrivais pas à me mettre à courir.

Je regardai de tous les côtés, terrifiée en tentant de marcher plus vite mais j'avais la sensation que la forêt se refermait sur moi, qu'elle était infinie et que je ne pourrais plus sortir. Prisonnière. Le silence était mortel, l'air lourd et le ciel noir jusqu'à ce qu'un hurlement déchire ce calme effrayant.

Mes pieds butèrent contre le sol boueux tandis que je suspendais ma respiration. Qu'est-ce que c'était que ça... un million de scénarios jaillit dans mon esprit et je me pétrifiai moi-même sur place. Stupide.

Un grognement sourd traversa l'ensemble des bois et résonna en moi suivi par des détonations qui me firent sursauter. Qu'est-ce qu'il se passait ? Je balayai les environs du regard, paniquée mais ne vis que le noir des sous-bois jusqu'à ce qu'une légère lumière s'allume à plusieurs mètres de moi. Des voix s'élevèrent accompagnées de grognements animaux. Je fis un pas vers le bruit, le cœur battant lorsque j'entendis quelqu'un s'exclamer :

« Dégagez ! Vous êtes trop prêts de la limite.

- Limite. Limite. Quelle limite ? »

Cette voix n'avait rien d'humain. On aurait dit à la fois un chuchotement et un rire guttural épouvantable. J'aperçus alors une silhouette étrange, recourbée sur elle-même à quelques mètres de là où je me trouvais et m'approchant lentement, de plus en plus, je finis par remarquer le corps qui gisait à ses pieds. Oh. Mon. Dieu.

AU-DELÀWhere stories live. Discover now