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Tournant lentement les yeux, Shakespeare croisa le regard de Blaise de la même couleur que le sien. Elle ne fit même pas attention aux malfrats qui s'écroulèrent au sol. La rousse jeta celui qu'elle tenait comme un vulgaire chiffon, sentant la colère monter en elle. Il n'y avait pas de doute. Blaise était un démon. Il possédait des grandes ailes noires. L'homme la regardait dans les yeux sans montrer aucune émotion. Comment avait-il pu lui mentir droit dans les yeux ?
Cela expliquait beaucoup de choses. Notamment comment il en connaissait autant sur le démon. La colère grondait en Shakespeare, l'empêchant presque de penser correctement. Blaise reprit forme humaine, son expression devint coupable et triste. Elle ne savait plus quoi penser et elle ne voulait plus réfléchir. La seule chose équivalente à sa colère était la douleur dans son cœur. Blaise l'avait trahi.

"Je vais tout t'expliquer. S'il te plaît, Shakespeare.. Je peux tout t'expliquer." répéta-t-il

Il avança d'un pas vers elle mais c'est comme si une force destructrice essayait de le clouer au sol. Mais il était trop tard, la partie sombre de Shakespeare avait déjà prit le dessus et son moteur n'était rien d'autre que la haine et la rage. La rousse ne voulait pas entendre ses excuses. Elle voulait qu'il meurt. Pourtant, elle le savait, tout le monde finit par mentir.

"Tu m'as menti." lança-t-elle d'une voix glaciale

C'était un constat, comme si son démon intérieur se doutait que cela allait arriver. La partie raisonnable de la jeune femme s'était depuis longtemps laissée emporté dans le tourbillon de la haine. Il ne restait qu'une solution : l'élimination purement et simplement.

"Tu n'es pas différent au fond, tu manipules et tu mens comme les autres. Ça ne m'étonne pas venant d'un démon." lança-t-elle avec un mépris non dissimulé

Ce n'était pas Shakespeare qui parlait mais l'assurance avec laquelle elle s'exprimait aurait fait peur à n'importe qui. Elle avança pas à pas vers Blaise, ses cheveux s'agitant dans son dos à cause du vent devenant de plus en plus fort. Le ciel se couvrit de nuages noirs chargés d'éclairs ramenant avec eux la pluie froide. Les gouttes tombaient fort formant déjà des flaques. Shakespeare et Blaise furent rapidement trempés. Blaise ne bougea pas mais ne faisait pas le fier.

"Ecoute moi. J'allais te le dire, je cherchais juste comment le faire. J'ai fait tout ça pour toi..."

Il parlait vite mettant ses mains devant lui pour tenter d'apaiser sa colère. Ce qui ne marchait absolument pas, cela faisait même tout le contraire.

"Je n'en ai rien à faire. Tu es un monstre. Tu peux bien crever, je n'en ai rien à foutre. Est-ce que tu le comprends ?" interrogea-t-elle avec un sourire mauvais

L'atmosphère sembla encore s'alourdir sur Blaise mais le jeune homme tenta de ne rien montrer. L'aura de Shakespeare produisait même à ses pieds d'inquiétantes flammes noires. Elle était maintenant assez proche de lui.

"Shakespeare.."

"Assez !"

Sa voix se fit forte et claire. Elle accompagna sa parole d'un geste qui envoya valser Blaise contre un mur d'immeuble. Le jeune homme grimaça en s'écrasant au sol. Il se releva, s'il avait été humain, la chute l'aurait tué. Blaise ne dit rien de plus, ne voulant pas montrer qu'il souffrait. Peut-être cela ferait-il vaciller Shakespeare. Si sa confiance en ses pouvoirs et en sa capacité de destruction vacillaient, peut-être Blaise serait-il en mesure de l'arrêter.

"Tu avais ta place parmi les dieux à mes côtés. Si seulement tu n'avais pas été un démon."

Il n'y avait aucune émotion dans sa voix. Blaise ne répondit pas et ne bougea pas. Il refusait de lui faire du mal parce qu'il l'aimait. Shakespeare envoya une vague de ténèbres s'enfonçant dans le mur et laissant un peu plus la trace du dos de Blaise. Difficilement, le dos parvenait à contrôler ses pouvoirs tant la colère l'aveuglait. La rousse envoya une deuxième onde mais Blaise ne réagit toujours pas. Elle sembla même à peine le chatouiller. Ce n'était cependant qu'une façade. Il sentait ses côtes s'écraser un peu plus contre ses organes. Même s'il réussissait à en absorber une grande partie avec ses pouvoirs, son corps subissait des dégâts.

"Essayes de répliquer. Tu es vraiment pathétique et faible."

"Je préfère être pathétique plutôt que de devenir le monstre que tu es. Peu importe ce que tu penses. Tout ce que j'ai fait, je l'ai fait pour toi."

Shakespeare ne voulait plus l'entendre, ni le voir. Elle lança une troisième vague encore plus puissante que les précédentes. La rousse ne prit pas la peine de vérifier s'il était vivant ou mort et disparu dans des flammes de ténèbres. Le craquement qu'elle avait entendu laissait supposer qu'elle lui avait brisé la colonne vertébrale. Sa partie humaine était enfouie quelque part, et s'il elle ne refaisait jamais surface qu'allait-il se passer ?

Blaise avec ses dernières forces parvint à disparaître. Il ne devait pas mourir, sinon plus personne ne pourrait ramener à la raison Shakespeare.

Shakespeare [Terminée]Where stories live. Discover now