Prologue

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“Someone, somewhere is made for you”

Dil To Pagal Hai

Prologue

Ce jour-là, l’institutrice libéra la classe des CE1 de l’école Jean Jaurès II dix minutes en avance afin de ne pas rater pour la énième fois son rendez-vous chez le dentiste. Une petite fille attendait ses amies devant l’école, Annie et Cécile mettaient toujours plus de temps à ranger leurs affaires qu’elle. C’était une fin d’après-midi en plein hiver et malgré l’air froid qui fouettait le visage des trois enfants un ciel sans nuages entourait le soleil. La petite fille était incroyablement déçue ; sa grande sœur n’avait pu se libérer pour venir la chercher comme elle le faisait habituellement le mardi. Sa sœur était depuis toujours son modèle et elle avait toujours envié sa beauté, son intelligence et son naturel extravertie. Tous les évènements se succédant cet après-midi-là semblaient s’emboiter parfaitement pour préparer les prochaines heures. Tous, depuis la femme qui regardait craintivement un chien imposant passer à côté de la poussette qu'elle poussait. Ce même chien se soulageant près d’un arbre récemment taillé d’où la légère brise détacha une feuille qui alla directement se loger dans les cheveux de la petite fille. Les minutes qui suivirent comme suspendues dans le temps donnait l’impression de retarder la fin tragique de cette journée. L’école s’arrêtait généralement à 16 heures 30 et le chemin du retour pour les trois jeunes amies n’était pas très long. Elles devaient descendre la petite route au bout de laquelle se trouvait l’école avant de tourner pour rejoindre l’avenue Henri Pontier en passant devant le cabinet médicale. Cécile remontait l’avenue vers l’hôpital tandis que les deux autres fillettes descendaient vers le collège Rocher du Dragon. Leur descente se passa dans la joie et la bonne humeur. Dépassant l’allée où elle vivait, Annie décida d’accompagner sa copine dans l’allée suivante jusqu’à chez elle. Une fois engagées dans l’allée les bruits de l’avenue s’estompèrent à mesure qu’elles s’y enfonçaient. Comme d’habitude, il n’y avait personne dans l’allée mais rapidement des pneus crissèrent derrière les enfants. L’une d’elles s’effondra directement sans avoir eu le temps de se retourner pendant que la seconde fut entrainée dans le véhicule dont personne n’eut jamais connaissance du modèle ni de la couleur. A 18 heures, une jeune fille s’engagea à son tour dans l’allée des Mûriers. Le sourire plaqué sur son visage s’évapora quand elle aperçut une masse sombre étalée à même le sol plusieurs mètres plus loin. L’angoisse grandissait plus elle s’approchait. Le cœur de l’adolescente manqua un coup lorsqu’elle identifia cette forme qui était en fait la silhouette d’un enfant. Il s’agissait pas de n’importe quel enfant c’était Annie la meilleure copine de sa sœur. La honte s’empara d’elle lorsqu’elle se rendit compte de l’onde de soulagement qui l’avait traversé en se rendant compte qu’il ne s’agissait pas de sa sœur.  Chassant ces pensées, elle se précipita vers le corps inanimé de la petite fille et cria « Annie ? Annie ? », elle mis son oreille au-dessus de la bouche d’Annie comme elle l’avait vu faire dans des films à la télévision. Le souffle régulier qu’elle senti dans son oreille la rassura. Elle prit le petit corps inanimé d’Annie dans ses bras et remonta l’avenue vers l’hôpital d’un pas rapide.

Annie cligna les yeux en se réveillant et regarda autours d’elle, deux visages inquiets étaient penchés sur elle ; ses parents. Elle se redressa mais sa tête la fit souffrir :

- Rallonge toi mon cœur, dit sa mère. En se tournant vers son mari elle laissa échapper quelques larmes de soulagement. Après quelques minutes Annie commença à se rappeler de ce qu’il s’était passé avant qu’elle ne perde conscience. L’agitation qui régnait dans le couloir était visible de son lit, elle vit passer la famille de son amie disparue, ils avaient tous les traits du visage tirés et les yeux rougis par les larmes. Ils s’arrêtèrent quelques mètres après la chambre d’Annie et parlèrent à un policier qui tenait un calepin. La porte entrouverte de la chambre de la fillette lui permit d’entendre des bribes de la conversation « … Toujours ensembles… Passe bien d’habitude… Elles jouent souvent alors je ne me suis pas inquiétée…» dit une voix pleine de sanglot. La fille aînée de la famille Bianco était assise non loin de l’endroit où se tenaient ses parents et regardait droit devant elle, les yeux perdus dans le vide.

- Où est-elle ? Demanda la petite voix d'Annie.

Sa mère baissa les yeux vers elle mais garda le silence.

- Maman  où est-elle ? Que s’est-il passé ?

Un homme entra dans la chambre d’Annie et s’approcha du lit.

- Bonsoir Annie, je suis l’inspecteur Laimond et j’ai quelques questions à te poser.

- D’accord monsieur.

- Tout d’abord, raconte-moi en détail ce qu’il s’est passé depuis que vous avez quitté l’école.

Tout au long du récit de la petite fille l’inspecteur hocha la tête mais se dit que le manque de précision ne permettrait pas au témoignage d’Annie d’être d’une quelconque aide pour la suite de l’affaire. Son coéquipier qui avait interrogé la famille entra dans la chambre après avoir passé quelques coups de téléphone quand Annie finit de raconter sa version des faits. Ils remercièrent la famille avant de s’éclipser. En sortant de l’hôpital ils se mirent à parler de leurs découvertes :

-Je doute que la famille de la victime n’ai quoi que ce soit à voir dans l’enlèvement. Ils ont tous les trois un alibi en béton ; la sœur était chez une amie et j’ai appelé la dite amie et elle m’a confirmé l’information, elles sont restées ensemble jusqu’à 18 heures alors que l’enlèvement à probablement eu lieu peu avant 17 heures. Mr Bianco était au bureau sa secrétaire a confirmé qu’il n’en est partis qu’après avoir reçu l’appel de sa fille. Il en est de même pour sa femme.

- Il semble que ce soit un enlèvement très bien organisé, des pro à mon avis. Ils ont mis un coup sur la tête de la petite Annie avant qu’elle ne puisse voir ou entendre quoi que ce soit. Mais je me demande ce que peut bien être le mobile de cet enlèvement, la famille a des revenus relativement modestes donc une demande de rançon serait vaine.

-Bon je vais au poste faire le rapport de l’enquête préliminaire au chef, prends des gars avec toi et mets la ligne des Bianco sur écoute, on ne sait jamais, aucune piste n’est à négliger. Dis leur de rentrer chez eux avec vous et d’attendre.

Et ils attendirent, ils attendirent des jours durant. Jusqu’à ce que les jours se transforment en semaines et que les semaines se transforment en mois. La police usa de tous les moyens à sa disposition pour retrouver la fillette disparue et finalement une alerte enlèvement fut lancée. Les Bianco étaient bien conscients que tout avait été mis en œuvre pour retrouver leur enfant sans trop de résultat. Il y eu cette fois où une vieille dame avait appelé en disant qu’elle avait vu une petite fille correspondant au signalement de la petite fille disparue sur le bord d’une route. Quand l’inspecteur Laimond et son coéquipier vinrent l’interroger à son domicile pour avoir plus de précisions, personne ne vint ouvrir peu importe combien de fois ils sonnèrent. Ils finirent par entrer et furent assaillit par une odeur nauséabonde qu’ils connaissaient. Ils trouvèrent la vieille dame morte assise dans un fauteuil en face de sa télévision. Un détail étrange frappa  l’inspecteur Laimond ; la femme avait sur ses genou un chat qui lui aussi était mort. Cette piste fût abandonnée à contrecœur une fois que le légiste conclu à une mort naturelle.

L’espoir quitta peu à peu les membres de la famille qui essayèrent de reprendre une vie normale. Seulement la perte d’un être cher et la douleur qu’elle entraîne changent les vies à jamais. Et le temps passa, seul remède aux maux. 

EnchaînésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant