Chapitre 3

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      Chapitre 3 :

« Le beau est toujours bizarre »

Charles Baudelaire

- Aie ! C’est mon pied !

- Chut ! Elles dorment tu vas les réveiller !

-Oui madame le capitaine ! Regarde Isa a encore eu une crise de larmes.

- On dirait, oui.

- Je pense que tu ne t’es pas trompée, c’en est bien une.

- Ah ! Tu le sens toi aussi, mais il y a plus … De la bienveillance à outrance.

Luna, qui avait été réveillée dès l’entrée de Marc et Marie dans la chambre d’Isabelle, s’escrimait à rester immobile pour que l’illusion de son sommeil reste intacte. Elle se demandait maintenant s’ils parlaient bien d’elle. La voix douce de Marie mis fin à la petite comédie que jouait Luna :

- On t’a réveillée ma puce ?

Elle se tenait juste au-dessus de Luna, qui était pourtant sûre de ne pas avoir bougé d’un pouce pour éviter de se trahir. Elle finit par ouvrir délicatement les yeux en se disant que l’oscar était bien loin. La jeune fille essaya toutefois de sembler étonnée :

- Marie ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Il y a un problème ?

Luna s’appuya sur un coude et se passa sa main libre sur ses yeux et dans les cheveux d’un mouvement lent. Soudain elle aperçut le propriétaire de la voix masculine qui parlait avec Marie, il s’agissait de Marc. La pièce était plongée dans le noir, seul le couloir éclairé faisait parvenir un peu de lumière et c’est pour cela que Luna put apercevoir son visage et pour la seconde fois le souffle lui manqua. Elle fut éblouie par la splendeur de la personne qui se trouvait en face d’elle, sa beauté était sombrement envoutante avec ses cheveux aussi noirs qu’une nuit sans lune, ses yeux étaient enivrants avec leur couleur caramel, son nez fin contrastait avec sa bouche bien remplie. Le tout formant un cocktail explosif. La stupeur laissa place à la terreur, cette beauté n’était pas rassurante elle était effrayante. Luna parvint d’une voix saccadée à le saluer :

- Bon … jour

- Enchanté Luna

Il s’éloigna d’elle et alla s’appuyer sur le chambranle de la porte les bras croisés, il la fixa avec intérêt pendant quelques temps. Il était incroyable.

- Il est beau hein ?

Dit Marie en chuchotant pour ne pas réveiller Isabelle. Luna s’étonna elle-même en répondant dans un souffle :

- Très beau…

Marie gloussa et Marc leva les yeux au ciel mais Luna distingua qu’il n’était pas aussi désapprobateur qu’il ne voulait le laisser paraître, à son petit sourire en coin. Elle le trouva plus sympathique. Même si quelques instants plus tôt il l’avait un peu effrayée, elle avait le sentiment que cet homme n’était pas mauvais. Cependant, elle en était encore à se demander pourquoi Marc et Marie étaient entrés dans la chambre d’Isabelle à sept heures du matin. Comme s’il devinait ce que Luna pensait, Marc dit à Marie :

- Bon chérie, prends le verni qu’on est venus chercher. Qu’est-ce que tu prends au petit déjeuner ? Ajouta-t-il à l’adresse de Luna.

- De tout, je ne suis pas difficile.

- Ok, descend quand tu es prête.

Il tourna les talons en tendant la main en arrière. Marie, qui avait farfouillé sur le bureau de sa sœur sans grande conviction jusqu’à présent, partit en trottinant attraper la main qui attendait la sienne non sans faire un dernier sourire à la jeune fille. Luna remarqua aussitôt qu’elle n’avait pas pris de verni. Tandis qu’ils partaient Marie chuchota quelques mots à l’oreille de son mari qui se mis à rire silencieusement. La beauté qu’ils dégageaient était suffocante, presque écœurante pour quelqu’un d’aussi banal que Luna. Elle se rallongea et attendit que son amie se réveille. Deux heures plus tard Isabelle dormait toujours bruyamment, une jambe sur le ventre de Luna. Celle-ci poussa gentiment son amie et décida de rejoindre l’agitation qui régnait dans le salon. Pendant qu’elle marchait dans le couloir, Luna sentit l’impatience monter en elle. Elle voulait revoir Marc mais aussi voir la petite fille de ces deux magnifiques personnes. D’après ses déductions, il était impossible qu’Océane soit aussi belle que ses parents, ce ne serai pas naturel. C’est avec cette idée qu’elle descendit les marches et arriva dans le salon. Elle repéra à sa gauche Marc et Marie en pleine partie de chatouilles sur le canapé. Tandis qu’à sa gauche, dos à elle, se trouvait une petite fille assise à la grande table. Océane se tourna pour lancer à ses parents un regard de réprimande mais sans grand succès car un début de sourire se forma sur ses lèvres. Cette attitude rappela à Luna celle qu’avait eu son père quelques heures plus tôt. Le regard de Luna détailla le petit bout, elle était vraiment très mignonne, comme tous les enfants de son âge pensa Luna. Ses cheveux frisés lui arrivaient au-dessus des épaules et sa peau était mate, elle portait une petite robe rose et de gros chaussons blancs. Ce n’est que lorsque l’enfant remarqua la présence de Luna en détournant les yeux de ses parents tout essoufflés, que Luna fut frappée par la beauté de nouveau. Le regard intense de la petite fille se figea sur celui de Luna, pénétrants, vifs et électrisants tant d’adjectifs qui pouvaient décrire ces yeux, ces yeux comme Luna n’en avait jamais vus ; des yeux violets.             

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