Chapitre 2

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-Alors c'était comment le bahut ? Avait demandé Edward d'une voix pâteuse.

-Bien. Heureusement que Billy a partagé son repas avec moi. Tu n'as pas laissé d'argent dans mon sac.

Mon ton sonnait clairement comme un reproche. Ça ne serait jamais arrivé avec papa ou Ashley. Je n'allais pas mourir de faim mais quand même !

-Y'a plus de thunes. Faut attendre que je touche ton allocation.

-T'aurais au moins pu me préparer un truc !

Il s'est levé en titubant. Il devait être ivre. En plus, il sentait hyper mauvais.

-À qui tu crois que tu parles gamin ? J'suis pas ton père !

-Ça c'est clair ! Mon père était mille fois mieux que toi.

Je ne l'avais pas vue venir. La gifle avait été tellement puissante que mon oreille sifflait. J'avais gémis en mettant ma main dessus. Jamais mon père n'avait levé la main sur moi. Personne ne m'avait jamais frappé avant lui. J'étais complètement abasourdi. La bouche grande ouverte je l'ai fixé en attendant une explication qui justifierait son acte.

S'il s'était contenté de ça, j'aurais pu encaisser... Il m'a fait tomber en me poussant très fort. Je me suis pris bon nombre de coups de pieds. Dans le ventre et sur les jambes. Pas suffisamment puissants pour me faire hurler de douleur mais assez pour avoir envie de pleurer. Parce que malgré tout, ça faisait mal.

-Tire toi dans ta chambre ! Tu ne boufferas pas ce soir non plus ! Sale petit con.

Montant les marches deux par deux, je m'étais écroulé sur mon lit en pleurant. Le visage souriant de mon père dans le cadre me faisait face. Cet homme n'avait rien en commun avec lui. Rien du tout. Mon père était un ange alors que lui c'était comme le diable. Et encore, je n'avais pas tout vu. La porte d'entrée qui avait claquée m'avait apprit qu'il était sorti.

J'étais descendu pour prendre un truc à grignoter avant de remonter me cacher. Mes devoirs étaient faits et ma douche prise. J'avais la joue et l'oreille droite rouge vif. Ce n'était pas très grave. C'était les marques qui commençaient à apparaître sur mon corps qui m'inquiétaient. Demain on ne verrait plus rien sur mon visage. Je ne sais pas pourquoi il avait fait ça. Peut-être parce que j'avais parlé avec insolence. Est-ce que c'était une raison suffisante pour prendre une raclée ? Je me suis endormi en rêvant que Suzanne venait me chercher pour me reconduire chez Parker.

Le lendemain matin, c'est avec un coup de poing dans la porte qu'il m'a réveillé. Quand je suis descendu à la cuisine, il était déjà parti au travail. Sur la table de la salle à manger, j'ai trouvé un muffin, un billet et un jeu vidéo. Ça faisait un moment qu'il était sorti mais je ne l'avais pas. Est-ce que c'était sa façon à lui de demander pardon ? Mais... Il avait dit qu'il n'y avait plus d'argent alors d'où ça venait ? J'ai inspecté les lieux et j'ai vu qu'il n'avait plus qu'une partie de sa collection de DVD. Pour ce que ça me faisait. Je n'avais pas le temps de regarder la télé. Je ne savais pas si je devais être content ou pas. C'était bizarre.

Le muffin était à la myrtille et un peu dégueu mais au moins j'avais quelque chose dans l'estomac en arrivant au collège. À la pause déjeuner, Billy était venu me rejoindre.

-Tiens !

Il m'avait simplement tendu un énorme sandwich en souriant de toutes ses dents.

-J'ai de l'argent aujourd'hui tu sais. C'est pas la peine, mais merci.

-Oh allez ! Regarde j'en ai un autre ! J'ai dit à ma mère que j'avais un ami et que des fois t'avais pas toujours à manger. Elle s'en fiche de tout faire en deux fois.

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