Chapitre 8

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Gavin, un des gamins qui bossait pour moi est venu chercher une partie du butin le lendemain. Lui ne voulait que de la thune. Parce qu'il voulait quitter cette ville et partir à l'aventure. Un bien joli rêve. J'espérais pour lui qu'il y arriverait. Il n'était pas très futé mais c'était un gentil gars. Ils l'étaient tous. C'est juste qu'ils n'avaient pas eu de chance dans leur courte vie.

-Il est où Connor ?

-Parti.

-Pourquoi ?

-Parce que. On a plus besoin de lui. Vous lui foutez tous la paix.

-Tu le kiffes hein ? Avait demandé cet idiot en jouant des sourcils.

-N'importe quoi.

Cependant, il n'était pas dupe.

-Ouhla tu rougis mec ! C'est pire que ce je pensais.

J'avais porté une main à ma joue sous ses yeux rieurs. Il m'avait eu ce petit con.

-Ta gueule abruti ! Je te paie pas pour t'occuper de ma vie sentimentale. Il est parti et je lui souhaite d'être heureux. C'est tout.

Il avait redoublé d'hilarité. Je n'avais pas pu m'empêcher de sourire en retour. Mais c'était vrai. Je n'allais pas reproduire ce que mon oncle m'avait fait. Je me devais de lui rendre sa liberté. Vraiment. Pour qu'il comprenne que si je ne le retenais pas, c'était parce que je l'aimais et que je voulais le meilleur pour lui.

J'ai fait des conneries. Je ne me souciais plus de rien. Plus rien ne valait la peine que je fasse attention. Le semblant de vie que j'avais construit n'était plus rien. Je me suis rendu au point de rencontre pour récupérer la nouvelle marchandise. Edward Maxwell me faisait le grand honneur de venir en personne. Il a balancé les sacs à mes pieds sans un mot. Mais il s'est ravisé avant de remonter en voiture.

-Il paraît que Troye t'as fait chier ?

-C'est qui celui-là ?

-Troye enfin ! C'est lui qui t'as livré l'autre fois.

-Ouais. Il s'est plaint à son patron chéri ?

-T'as pris en assurance mais méfie-toi. Je peux tout aussi bien te foutre à terre en un claquement de doigts.

-Tu ne pourras pas me faire tomber plus bas que tu ne l'as déjà fait.

Avec un ricanement à me faire frissonner tout entier, il est parti. J'étais en train de ranger tout ça dans mon propre véhicule quand je me suis fait prendre la main dans le sac. Littéralement. Pas de bol. Dommage que ce connard se soit déjà tiré. Ils auraient fait d'une pierre deux coups. Je n'ai absolument pas résisté. J'étais au contraire résigné. À quoi ça aurait servi de se défendre ? Ce n'était pas de la farine dans ces sacs. J'avais l'impression d'être suivi depuis un moment déjà, ça devait arriver. Je n'avais que ce que je méritais. Direction la case prison.

Au poste, je suis entré sous le regard et le sourire triomphant de Mendez. Son collègue souriait méchamment. Je l'ai entendu dire qu'il voulait que je prenne cher. Je l'ai fixé pour lui faire comprendre que s'il savait ce que j'avais déjà pris alors il saurait que plus rien ne pourrait me faire plus de mal. J'ai bien vu qu'Isaac avait su interpréter mon regard. Ce mec était doué pour capter les émotions. J'en étais persuadé. J'ai baissé les yeux et j'ai vu. Le badge de son collègue avec son nom complet.

Parker Mayers.
Mon Parker.
Mon meilleur ami.

Connor l'avait déjà mentionné mais je pensais bêtement que Parker, c'était son nom de famille. Je n'avais pas fait le lien. Comment j'aurais pu ? Mais lui, quand il avait entendu parler d'un Travis, est-ce qu'il avait pensé à moi ? Est-ce qu'il se souvenait de nos promesses ? Des constructions de forteresses ? Sans doute pas. Il était trop jeune. En tout cas, j'étais heureux pour lui. Il avait réalisé son rêve lui. Il était devenu ce qu'il avait toujours voulu être. C'était un beau jeune homme maintenant. Aussi grand que moi, comme il l'avait prédit, je devinais une fine musculature sous son uniforme. Oui, Parker était devenu très beau.

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