Chapitre 36

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J'essaie de savoir ce qui m'arrive. Je me souviens de Teddy. De la voiture qui est arrivée. Du gars qui ouvre son coffre et du premier qui vient me parler. Il s'est penché sur moi. J'ai eu un mouvement de recul mais il m'a saisit le bras. Le plan a changé. C'est ce qu'il a dit avant d'ajouter autre chose.

-Il n'a pas aimé les paroles rapportées par mon collègue. Sache juste que je suis sincèrement désolé.

-Pourquoi tu...

Et puis la douleur lancinante. La lame qui déchire ma peau. Le sang qui s'écoule. Un autre coup. Puis un troisième avant que je ne tombe en essayant de faire un pas vers ma voiture. Les sons des pneus qui crissent sur les graviers. Des voix autour de moi. Mais juste son prénom qui tourne en boucle dans ma tête et qui parvient à franchir la barrière de mes lèvres.

-Parker...

On m'a dit qu'il allait bien et qu'il était en sécurité au poste. J'espère qu'on ne m'a pas menti. Je fais tout mon possible pour ne pas fermer les yeux comme on me le demande. C'est dur. J'ai mal. Les paroles prononcées deviennent de plus en plus lointaines. Je cligne des yeux à plusieurs reprises luttant de toutes mes forces contre le sommeil qui m'emporte. Seulement je suis fatigué. Tellement fatigué. Et j'ai mal. Je sombre doucement.

J'ai l'impression de ne plus rien sentir. La sensation que mon corps ne m'appartient plus. J'ai des images plein la tête. Mon père, Ashley, Parker, Billy aussi à qui je n'ai pas pensé depuis très longtemps, Edward, Connor, Isaac...

Il faut que je me réveille. Je dois revoir Parker. Je ne veux pas mourir. J'ai déjà pensé à de nombreuses reprises que seule la mort pourrait me libérer mais maintenant je sais que c'est faux. Je veux vivre. Je veux continuer à construire quelque chose avec lui. Je veux qu'on habite ensemble dans ma maison. Qu'on voyage tous les deux. Je veux dessiner les aventures que j'ai dans la tête depuis toujours. Créer ma propre bande-dessinée. Passer des vacances dans une maison isolée de campagne. Dormir dans les bras de la personne que j'aime. Faire l'amour avec elle. Ressentir encore et encore le bonheur que j'ai connu grâce à lui. Grâce à son amour, sa compréhension et sa patience.

Parker...

Il a déjà perdu sa mère. Je ne peux pas le laisser. Il ne me le pardonnera jamais si je m'en vais. Je ne veux pas l'abandonner. Jamais. J'ai besoin de lui. De sa présence, de sa tendresse, de son amour. Je veux encore goûter ses lèvres, sentir ses mains sur mon corps abîmé parce qu'avec lui j'ai eu l'impression d'être beau. De ne pas être sale et répugnant. Je veux continuer à apprendre l'amour charnel avec lui.

Il m'a offert la sécurité à l'abri dans sa maison alors que je me remettais sur les rails. Il m'a apporté un soutien auquel je n'aurais jamais pensé avoir droit. Il m'a écouté raconter ce que j'avais vécu. Il ne m'a pas jugé. Il était en colère contre eux. Il est revenu pour me le dire. Il m'a montré à quel point c'était beau quand on s'aime. Il m'a appris qu'il n'y avait aucune honte à avoir des sentiments pour un autre homme. Il m'a tellement donné. Je veux pouvoir lui rendre tout ça.

Je suis sa personne et il est la mienne. C'était une évidence. Pourquoi il a été le seul à franchir toutes les lignes invisibles que j'avais tracées ? Le seul que j'ai laissé faire ? Parce que je n'avais jamais cessé de penser à lui malgré les années de séparation. Il a tenu toutes ses promesses d'enfant et même celles d'adulte. Je dois tenir les miennes. Il faut que j'ouvre les yeux. Je dois réussir. Je me suis toujours relevé. La mort aurait pu m'emporter des dizaines de fois mais je lui ai toujours échappé.

Je dois y parvenir cette fois-ci comme avant. Le visage souriant de mon père s'impose dans mon esprit. J'ai envie de le rejoindre. De lui parler. D'entendre sa voix. Ce serait tellement plus facile. Je tends une main mais il ne l'a prend pas. Il secoue la tête en faisant un signe du menton. Je vois Parker en larmes. Je ressens ses lèvres sur les miennes, ses doigts dans mes cheveux. J'entends sa voix qui me murmure qu'il m'aime, qu'il ne supportera pas d'être loin de moi. Plus maintenant. J'essaie de bouger.

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