Chapitre 5

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Je suis resté plus d'une semaine sans aller à l'école. Personne ne s'inquiétait pour moi. Comme quoi je ne valais vraiment rien. J'avais beaucoup de mal à bouger et à guérir de mes blessures cette fois-ci. Mon corps refusait la moindre petite nourriture. Je vomissais sans arrêt. Dès que je fermais les yeux, je sentais de nouveau ses mains sur moi, son sexe en moi... Chaque fois que je fermais les yeux, je le voyais lui. Je n'étais plus que l'ombre de moi-même. Un fantôme qui errait en peine entre les murs de sa prison.

-Demain tu retournes en cours. Je veux pas de problème. T'as intérêt à fermer ta gueule sinon je te jure que je te tuerai. Et puis, personne ne te croiras.

De toutes façons, je n'aurai rien dit à personne. Comment j'aurais pu ? J'étais faible, lâche et dégueulasse. Billy m'a de suite serré très fort mais je n'ai pas pu m'empêcher de reculer comme brûler par son contact. Je ne supportais plus qu'on pose une main sur moi. Il a bien essayé de me tirer des informations mais je ne pouvais pas lui dire. Il n'aurait pas compris. Il ne m'aurait plus aimé. Il n'aurait plus voulu être ami avec moi. J'ai commencé à prendre du recul mais il s'accrochait alors j'ai eu de l'espoir.

Peut-être que lui ne m'abandonnerait pas.

Je suis entré au lycée sans que cela ne se reproduise et mon oncle s'est mis à traîner à la maison, ou plutôt dans ma prison, avec des types louches. Je suis rentré pour le trouver assis dans la cuisine avec sa bande un soir de février.

-C'est qui le gosse ? A demandé un type qui avait une apparence engageante contrairement aux autres.

-Mon neveu. Le fils de mon frère. Ce con n'a pas trouvé mieux à faire que de se faire buter. Je me retrouve avec ce mioche.

-Tu as quel âge ?

Je n'ai pas répondu. Je ne savais pas si j'avais le droit de le faire. Tout était prétexte pour me frapper alors je préférais avoir la permission avant de faire quelque chose.

-Travis, mon ami t'as posé une question.

-J'ai quinze ans. Je vais au lycée.

-Mon fils a le même âge que toi, a-t-il dit en souriant tendrement.

J'avais simplement hoché la tête. Et puis, Edward s'était mis à dire que j'étais une tapette devant tout le monde. Les yeux baissés, j'aurais voulu crier que non mais je n'étais pas courageux. L'homme qui m'avait parlé avait froncer les sourcils et les autres s'étaient mis à rire.

-Tu l'as recadré ?

Celui qui avait lâché ça était effrayant. Une montagne de muscles. Son visage marqué par de nombreuses cicatrices ne me disait rien qui vaille. Je n'aurais pas voulu me retrouver entre ses mains. Elles étaient énormes.

-Ouais.

-Oui...

-T'es sûr Eddie ? Je peux m'en occuper sinon.

J'ai lancé des regards paniqués à la bande et surtout à mon oncle. J'espèrais vraiment qu'il n'allait pas autorisé cet homme à me faire quoi que ce soit. Durant l'été, pendant ses absences et quand il ne m'enfermait pas dans le débarras froid et noir, j'avais commencé à faire un peu de sport dans ma chambre. Je voulais prendre un peu de volume en espérant secrètement avoir un jour la force de me défendre et de lui rendre la monnaie de sa pièce. Soyons réalistes, j'étais toujours aussi gringalet. Je ne grandissais pas vraiment.

J'avais écarquillé les yeux d'horreur quand l'autre avait posé une liasse de billets sur la table en souriant. Il allait me vendre à cet homme sans réagir. Il était encore plus répugnant que ce que je pensais.

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