Chapitre 16

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Je tente de me soustraire de la main d'Ashley mais elle ne m'en laisse pas l'occasion. Elle prend mes doigts dans celle qui est libre et embrasse les phalanges. Je suis ému et incapable de bouger maintenant.

-Tiens, régale toi ! Il faut que tu... Manges.

-Mon ange, tu as vu qui est ici ?

-J'ai vu oui. Salut, dit-il timidement.

-Salut, je réponds sur le même ton.

Je mets ma rancœur de côté parce que je ne veux pas rendre triste la dame qui m'a apporté un peu de bonheur durant mon enfance. Pas alors que la mort est proche. Je n'arrive pas à y croire. C'est injuste. Pourquoi elle ?

Parker se penche pour embrasser la joue de sa mère et se positionne à côté d'elle. Je profite qu'elle soit concentrée sur son fils pour me relever prêt à prendre la fuite. C'est sans compter sur son mari qui me fait asseoir et nous sert à tous des rafraîchissements.

-Je suis tellement contente qu'on soit tous réunis aujourd'hui. Je vais pouvoir...

-Maman. Arrête de parler comme si tu n'allais plus être de ce monde demain.

-C'est pourtant ce qui peux arriver.

-Non ! D'accord ? J'ai dit non. C'est impossible. Inconcevable. Alors s'il te plaît...

J'imagine aisément à quel point ça doit être difficile pour lui. Pour eux. Quand j'ai perdu mon père, je n'étais qu'un enfant mais ça été tellement brutal et inattendu tandis que là, il sait. Il vit avec la peur au ventre. On a beau savoir que ça peut arriver à n'importe quel moment, est-on vraiment préparé à ce genre de chose ? Je ne le pense pas. Ashley regarde son fils en souriant tristement puis hoche la tête. Elle prend son verre entre ses mains qui tremblent et boit un peu. Elle fixe le gâteau. Parker s'excuse. S'il avait su que sa mère avait de la visite, il en aurait pris d'autres. Surtout sachant que j'adore ça aussi. Je sens une bouffée de bonheur m'envahir quand je réalise qu'il se souvient de mon dessert préféré.

-J'adorais ça... Je n'en ai plus jamais mangé depuis... Depuis que je suis parti d'ici.

Je le vois déglutir. Je sens le regard de son père sur moi et le voile de tristesse qui passe dans les yeux de sa mère. Je n'aurais pas dû dire ça. Je m'étais promis de ne rien dire qui puisse inquiéter Ashley mais la présence de Parker me fait complètement déraillé.

-Edward ne savait pas cuisiner et là où nous vivions la pâtisserie n'en proposait pas.

Je me suis rattrapé comme je pouvais. Espérons que ça passe.

-Mangez-le tous les deux alors, propose Parker en souriant.

Je me sens terriblement gêné. Je ne suis plus un enfant. Lui non plus. Ses parents ont vieillis. Sa mère est très malade. Il y a dix sept ans qui sont passés. On dit parfois que le temps ne change rien mais ici, entre nous, tout a changé. Moi le premier. Je n'ai rien à faire dans cette maison. Je ne veux pas de son gâteau à la con.

-Une prochaine fois peut-être. Je n'ai pas très faim. J'ai besoin d'air.

Je me lève prêt à partir pour de bon. Dans l'entrée, j'entends la voix de Parker.

-Reste...

-Je ne suis pas à ma place dans cette maison.

-Elle est où ta place alors ? J'ai envie que tu restes. Si ce n'est pas pour moi, fais le pour elle. Ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas sourit comme ça .

-Je ne sais pas quoi lui dire.

-La vérité ? Propose-t-il.

-Non. J'en ai déjà discuté avec ton père. Elle est bien trop faible pour encaisser tout ça.

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