Be Free

Bonus

Une drôle d'odeur flotte dans l'air quand je franchis le pas de la porte. Par drôle, j'entends, pas très agréable. Parker a encore dû s'improviser pâtissier. Je secoue la tête, partagé entre amusement et désespoir. Il ne se loupe pas à tous les coups, mais lui servir de cobaye n'est pas toujours bon pour mes papilles.

-Salut ! m'accueille-t-il avec un baiser.

Que c'est bon de rentrer chez soi, d'être attendu et accueilli de la sorte. Je ne m'en lasse pas. Fût une époque où j'avais peur de rentrer dans la demeure qui n'a jamais été la mienne. Ce temps est révolu. Il m'arrive encore d'être hanté par les fantômes du passé, bien entendu, mais cet homme merveilleux les chasse d'un seul regard empli d'amour. Il n'a pas idée du pouvoir de guérison, d'apaisement qu'il a sur moi. Je l'aime ce type. Plus que ce que mon âme jadis tourmentée et meurtrie ne l'aurait espéré.

-J'ai fait un gâteau ! Goutte-moi ça, ordonne-t-il en tendant sous mon nez une cuillère.

-Oh... Euh... Cool.

Je n'ai guère le temps d'en dire davantage qu'il m'a déjà fourré le truc à la bouche.

-Hmmm...

Nom de Dieu !

Il sourit de toutes ses dents pendant que j'essaie de mâcher et d'avaler cette mixture pour le moins étrange.

-C'est bon ? interroge-t-il avec un sourire.

-Hmmm, gémis-je.

Je me demande s'il pense réellement que mes plaintes sont en réalité une expression d'extase gustative ou s'il est ravi de me torturer avec cette chose infâme. Je ne tiens plus. Je ne peux pas. C'est au-dessus de mes forces. Je vais vomir si je gobe ce machin. Alors, comme ces gens qui croquent dans un chocolat dégueulasse à la liqueur, je porte une main à ma bouche pour ne pas tout recracher sur le sol et cours jusqu'à la poubelle.

-File-moi un truc à boire ! Vite !

-C'est pas bon, hein ? demande Parker dépité.

-C'est dégueulasse ! couiné-je avant de boire une gorgée d'eau.

-Au moins c'est honnête, soupire-t-il.

-C'était censé être quoi au juste ?

-Ton gâteau favori.

-Ah ! Pourquoi tu ne t'es pas contenté d'aller l'acheter directement au magasin, Parker ?

J'aimerais me sentir coupable de casser son délire sauf que je ne tiens pas à mourir empoissonné. Maintenant que je suis heureux, en bonne santé et épanoui, je veux vivre le plus longtemps possible.

-J'avais envie de tenter le coup. De te faire plaisir. J'ai encore tout foiré, je suis trop nul...

- Moooh, dis-je comme un idiot, attendri malgré sa tentative d'homicide involontaire, certes, mais tout de même.. C'est gentil. Adorable. Mais il faut que tu comprennes que même si tes petits plats sont géniaux, niveau dessert, t'es une catastrophe, chéri.

-Chéri ?

-Hein ? m'etonné-je.

-Tu viens de m'appeler chéri !

-C'est faux...

Pour ma défense, c'est sorti tellement naturellement que je ne m'en suis même pas aperçu. Si Parker est un adepte des "bébé, mon ange, mon cœur, mon amour..." et j'en passe d'autres tout aussi cucul la praline, ce n'est absolument pas mon style. J'aime bien qu'il le fasse, c'est mignon, ça me rend tout guimauve, mais moi, je ne le fais pas ! Jamais. Pas intentionnellement en tout cas. Comme maintenant. Je sens que je vais en entendre parler encore un moment.