Chapitre 9

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Tous les jours, ou plutôt soirs, depuis maintenant sept longs mois, Liesel faisait de son mieux pour ne pas décevoir le camarade qui lui avait gentiment proposé son aide. Elle s'acharnait pendant des heures, mordait la poussière au moins une bonne douzaine de fois et finissait invariablement par lâcher un « stop, j'en peux plus » au bout d'un moment, à bout de souffle et les jambes en compote.

Mais ça portait ses fruits, au moins un peu. Elle n'était plus si mauvaise que ça, ses réflexes s'amélioraient à vue d'œil et elle avait beaucoup moins de mal qu'avant à se débarrasser de Marco, parvenant parfois même à le battre. Il fallait avouer que Reiner était une autre paire de manches, au sens littéral comme figuré : si Marco dépassait Liesel d'une quinzaine de centimètres, Reiner faisait un bon mètre quatre vingts, et en termes de carrure, ça n'avait rien à voir. Autrement dit, à partir du moment où elle tenait debout cinq minutes face à Reiner, elle résistait le triple lorsqu'elle affrontait Marco.

Mais pour l'instant, s'il lui était arrivé de maîtriser son partenaire d'entraînement diurne, pas une fois elle n'avait réussi à coincer Reiner. Et ça l'agaçait énormément.

Peu après leur rencontre, un soir de début mars, elle s'était retrouvée avec une poche de glace sur l'œil en raison d'une riposte pas tout à fait contrôlée. Il était certes bien meilleur qu'elle, mais ce n'était pas un combattant si expérimenté que ça, au final. Il avait passé dix minutes à s'excuser d'un air penaud, ce à quoi elle avait répliqué, avec un grand sourire, qu'elle avait vécu pire et qu'il était déjà gentil de l'aider à s'améliorer. Puis, cette question lui avait échappé. Une question qui la tracassait depuis quelques temps déjà, et à laquelle elle ne parvenait pas à trouver de réponses.

« Qu'est-ce qui t'empêche de dormir au point que tu préfères aider une parfaite inconnue ? »

Il avait baissé la tête. Un silence de quelques secondes s'était abattu sur les deux adolescents avant qu'il ne pose une main sur la tête de sa camarade, ébouriffant ses cheveux.

« Je te le dirai le jour où tu réussiras à me coincer, petite tête. »

Depuis ce jour, le surnom ne l'avait pas quittée. Et la question aussi. Elle détestait ne pas savoir, rester avec des points d'interrogation dans la tête, comme elle le disait.

Et cette nuit là, elle n'était clairement pas en train de se rapprocher de la réponse. Le cou pris dans un étranglement un peu trop efficace, un bras bloqué dans son dos, elle se débattait de son mieux. Elle finit par accepter sa défaite, laissant échapper un juron.

« Tu m'as eue, c'est bon... Tu peux me lâcher maintenant.

-Hors de question. Répliqua-t-il. T'as une ouverture pour m'attaquer, utilise la.

-Une ouverture ? Si je bouge, tu vas me péter le bras. Je suis coincée !» Dit-elle, articulant exagérément les trois derniers mots d'un air théâtral.

-Alors décoince-toi ! »

Comme s'il s'agissait de la chose la plus évidente au monde. Forcément, pour lui qui maîtrisait la situation, tout devait sembler bien plus simple.

« Et comment je suis censée faire ça ? Pesta-t-elle en tentant de se dégager.

- Sers toi de ton cerveau ! Il n'y a pas que tes bras que tu peux utiliser.

-Crois moi, si je pouvais te foutre un coup de genou là où je pense...

-Hep hep hep, c'est quoi ces idées mal placées ? Ironisa-t-il avec un sourire taquin.

-T'es limite collé à moi, et c'est moi qui ai les idées mal placées ? Répliqua-t-elle sur le même ton.

-T'essaie vraiment de me mettre mal à l'aise pour que je te lâche ? Dit-il avec un sourire désabusé.

LunaireWhere stories live. Discover now