Chapitre 11

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Avant de commencer ce chapitre, je voulais juste dire quelque chose : à partir de maintenant, dès que je fais une erreur de cohérence ou autre, n'hésitez pas à me le signaler immédiatement, en majuscules et avec trois points d'exclamation s'il le faut. Je ne suis pas très sûre de moi par rapport à ce qui va suivre.
Merci à vous !

















Une semaine à peine s'était écoulée depuis qu'Isa et Walter avaient, d'un commun accord, décidé de garder un œil sur l'Éventreur et ses hommes. De timides résultats pointaient le bout de leur nez, petit à petit, creusant des cernes violacées sur les visages des deux jeunes gens. Ni l'un ni l'autre ne dormait beaucoup, en ce moment. À vrai dire, ce n'étaient pas non plus des marmottes le reste du temps, mais le manque de sommeil se faisait cruellement ressentir. Walter, en particulier, vivait avec la sensation déroutante d'avoir en permanence des yeux vissés à l'arrière de la nuque. Il avait beau faire le fier, Isa avait vu clair dans son jeu : il avait peur. Et ça le rendait encore plus paranoïaque que d'habitude, si toutefois une telle chose était possible.

Cette journée s'annonçait comme toutes les autres. Réveil, thé, patrouille, repas, patrouille, repas, patrouille, et au lit. Il n'allait plus voir Isa qu'une fois par semaine, chaque vendredi. C'était amplement suffisant, et puis, ça lui accordait au moins un peu de temps à consacrer à ses recherches au sein des brigades. Il avançait, mine de rien. Il avait trouvé le vrai nom de l'homme qu'ils cherchaient, et avait une petite idée de ceux qui seraient susceptibles d'en savoir le plus à son sujet. Une courte liste, qu'il avait transmise à sa complice. Lui-même gardait un œil sur les rares concernés, mais il était bien plus facile pour la jeune femme de garder une vue d'ensemble sur la situation. Quoi qu'il en soit, il sentait que les choses avançaient enfin, et ça le rassurait.

Tasse de thé à la main, le jeune homme parcourait les titres du journal d'un air absent, comme à son habitude. Il n'y avait pas grand-chose qui l'intéressait, dans ce genre de feuilles de chou... Mais bon, ça lui permettait au moins de se distraire un peu en se moquant intérieurement des prénoms stupides de la rubrique naissances.

Ce matin-là, il n'arriva pas à la rubrique naissances ; il lâcha son journal à la page des faits divers. Ses mains s'étaient brusquement crispées sur le papier, arrachant une partie de l'article au passage. Cela n'empêcha pas ses yeux agités de reconstituer le titre en capitales d'imprimerie.

Disparu lors de la chute de Shiganshina, un septuagénaire retrouvé mort à son domicile.

Il décortiqua l'article avec méthode, mot après mot, cherchant un quelconque indice susceptible de le rassurer. Tant qu'il n'aurait pas trouvé le détail qui clochait, qui lui prouverait qu'il ne s'agissait pas de son grand-père, il ne lâcherait pas l'affaire. Mais plus les phrases avançaient, plus ses mains devenaient moites. Tout concordait. Même si aucun nom n'était mentionné, il ne pouvait s'agir que de lui. Soixante douze ans. Vétéran du bataillon d'exploration. Issu d'un village de l'enceinte du Mur Rose, famille entière massacrée en 845 à l'exception de deux petits enfants... Rien n'était omis.

Que s'était-il passé ? Est-ce que c'était les gens qui en avaient après lui qui avaient fini par avoir sa peau ? Est-ce qu'il s'était senti menacé et avait mis fin à ses jours pour éviter d'en avoir trop à révéler ? Il s'était forcément passé quelque chose... Il n'avait pas pu mourir comme ça.

Le défunt présentait tous les symptômes d'une attaque cardiaque, certainement due à son grand âge. L'autopsie a confirmé cette hypothèse dans l'après-midi.

Le jeune homme replia le journal, tentant de retrouver une contenance. Pas mal d'yeux s'étaient reportés sur lui. Hors de question qu'il se laisse aller en public, il était bien trop fier pour ça. Alors il termina son thé d'une traite et s'apprêtait à se relever lorsqu'une main se posa sur son épaule.

LunaireWhere stories live. Discover now