Chapitre 31

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Une main pâle se posa au sommet du Mur Rose, bientôt suivie d'une deuxième. Liesel, à la force de ses bras, se hissa en haut de l'édifice, prenant appui sur le monte charge comme elle pouvait. Elle tituba un instant une fois debout, peinant à retrouver son équilibre. La fatigue lui retombait dessus d'un seul coup, remplaçant l'adrénaline qui courait jusqu'à présent dans ses veines. Son corps lui faisait comprendre qu'il était temps de cesser de lutter.

Ses yeux errèrent un moment vers les plaines, avant de trouver un point d'accroche. La silhouette sinistre de la forteresse d'Utgard, une tour en moins, se parait peu à peu d'une lueur dorée. Le soleil s'était déjà hissé au dessus des forêts de pins, il devait être aux alentours de huit heures du matin. Elle regarda en bas, tentant d'estimer jusqu'où l'ombre du Mur s'étendait. Prise d'un vertige soudain, elle recula d'un pas, préférant éviter d'aller s'écraser en bas après avoir survécu à cette nuit terrible.

Une main se posa sur son épaule, l'aidant à se stabiliser.

« Tu ne tiens pas debout. Assieds-toi, on a le temps avant de repartir vers le centre. » Conseilla Reiner.

Elle secoua simplement la tête, pivotant pour lui faire face. Puis elle le prit dans ses bras, un soupir imperceptible quittant ses lèvres sèches. Enfin, elle était rassurée. Le cœur de son ami battait, elle pouvait l'entendre, le sentir contre sa tempe. Ils étaient vivants. Tous les deux. Et les autres aussi. Ymir, Christa, Bertholdt, Connie... Tous en un seul morceau. Certes, il manquait quelques bouts à Ymir, mais ils ne les avaient pas retrouvés, donc techniquement, elle était en un seul morceau. Une chance qu'elle soit capable de se régénérer.

Ymir... Quelle histoire. Liesel avait presque vu juste en faisant d'elle le cœur de ses soupçons. Mais cette nuit là, il s'était avéré que sa camarade n'était ni le titan Colossal, ni leur ennemie. Il s'agissait d'un petit gabarit, presque rabougri, mais bougrement agile. Un titan qui s'était dévoilé lorsque la situation avait encore empiré. Mais au lieu de sceller pour de bon le sort des recrues, elle leur avait sauvé la mise. Elle s'était battue pour éliminer la menace, et avait failli mourir sous les crocs de ses congénères. Qui qu'elle soit, ils avaient tous une dette envers elle. Sans son intervention, le bataillon serait arrivé trop tard pour secourir le petit groupe. Une chance, toutefois, qu'il ait fini par se montrer. Si Sasha, puis Liesel, n'avaient pas réussi à les guider jusque là, Ymir aurait été déchiquetée vivante, et les autres aussi.

« Ne me demande plus jamais de partir sans toi. » Murmura la jeune femme au bout d'une dizaine de secondes, sa voix à peine audible.

Son ami tapota maladroitement son dos de sa main valide, décontenancé par cet élan. Liesel avait une certaine répulsion pour le contact humain, il le savait bien. Hors entraînement bien sûr, car là, elle n'hésitait jamais à frapper comme une brute. La seule personne avec laquelle elle s'était montrée un minimum tactile était Marco, et encore, leurs interactions se limitaient à quelques accolades malhabiles.

« D'accord, Lizzie. Je te le promets. » Finit-il par jurer.

Elle desserra son étreinte et recula d'un pas, un demi-sourire éclairant ses traits fatigués. Puis elle se laissa tomber sur les fesses, préférant abaisser son centre de gravité pour un petit moment, seulement le temps de reprendre ses esprits.

« Merci. Si tu l'avais refait une seule fois, de toute manière, je n'aurais plus jamais écouté tes conseils. Sourit-elle. 

- Tu ne m'écoutes pas les trois quarts du temps, ça n'aurait pas changé grand-chose. Dit-il en levant les yeux au ciel.

- Tu exagères, disons plutôt la moitié. Et puis, c'est toi qui a fait l'imbécile aujourd'hui. Ton bras, d'ailleurs... Qu'est-ce que ça donne ?

LunaireWhere stories live. Discover now