Arbor Vitae

Chapitre 30

25.04.2016

— Mais tu es un incapable !

Un oreiller vola. La femme aux cheveux bleus, la fameuse Citadellis, semblait furieuse contre son amant. Je ne voyais toujours pas le visage de celui-ci, mais je pouvais deviner par sa position qu'il était plus que vexé.

— Grâce à ton incompétence ils savent tout ! Mes félicitations !

Je compris immédiatement qu'elle parlait de nous, enfin de Derek et moi. Visiblement, elle ne voulait pas que l'on apprenne nos « identités » respectives.

— Je te préviens, la signature est dans peu de jours, il faudra vite intervenir. Fais-le disparaître le plus rapidement possible.

— Je suis pratiquement certain qu'ils se doutent de quelque chose à propos de mon identité, ce ne serait pas avisé que je le fasse moi-même.

Cette phrase confirmait les soupçons de Derek, cet homme était au Domus Lucis et c'était un traitre, maintenant reste à savoir qui. J'aurais pu me repérer sur la voix, mais je ne la reconnaissais pas, il la maquillait sûrement.

— Peu importe, amène-le moi ! ordonna-t-elle.

— Comme tu voudras, mais si ça foire, tu ne te plaindras pas.

Il tourna les talons et abandonna sa maitresse dans la pièce, cette fois-ci sans passer à l'acte, première fois depuis le début de ces visions.

Je me fis expédier de la salle et me réveillai dans mon lit. Je me mis à respirer plus lentement et toujours sur la même fréquence, résultats, je réussis à me calmer en quelques minutes.

Avec cette vision, je savais maintenant que les deux amants comptaient passer à l'action avant la signature des accords, et que leur entente se désagrégeait. L'heure était grave.

J'ouvris la porte de ma chambre et je m'aperçus que Derek n'était plus sur le canapé. Il était plus de 7:00 et je trouvais bizarre que l'eau de la douche ne coule pas, peut-être qu'il s'était réveillé dans la nuit et était allé dans sa chambre ?

Eh bien non, la couverture était toujours sur le canapé et je vérifiai dans la chambre de Derek s'il n'y était pas. Mais ce n'était pas possible, il ne pouvait pas avoir déjà disparu. Je commençai vraiment à paniquer et je m'habillai en vitesse pour avertir Ric, James ou Alexis.

Et comme la dernière fois, Derek ouvrit la porte du salon. Il ne pouvait pas arrêter de faire ça, c'était passablement gonflant. Je croisai les bras et demandai d'une voix qui se voulait froide :

— Où étais-tu encore passé ?

— À l'infirmerie.

Je m'étais énervée pour rien. Je m'approchai et il m'expliqua qu'il avait encore mal à la cheville ce matin et qu'il était allé à l'infirmerie pour chercher de la glace. Ric l'avait gardé un instant pour lui parler de la mission d'hier.

— Qu'est-ce qu'il a dit ? demandai-je.

— Que Gregory avait fait une erreur et qu'elle était probablement destinée à lui et James.

— Mais il y avait nos noms sur la feuille, soulignai-je. Et les Altéras s'occupent des missions de niveau 6 et plus.

— C'est bizarre effectivement.

Je remarquai qu'il avait l'air passablement fatigué. Des cernes violacées se dessinaient sous ses yeux, sa peau était pâle et il semblait souffrir le martyre à cause de sa cheville.

— Ça va ? demandai-je.

— Ouais, je suis juste fatigué physiquement et nerveusement.

Je n'arrivais pas à détacher mon regard de celui de Derek, je n'avais jamais remarqué à quel point ses yeux étaient beaux, mais pas juste beaux, non je voulais dire spéciaux et qui faisaient de l'effet malgré leur air mort.