L'Ordre des Etoiles

Chapitre 58

Gabriel me guide jusqu'à une porte vitrée, il l'ouvre et me laisse passer la première. La pièce est un grand bureau au sol de marbre et aux murs blancs, les meubles en bois sont épurés et impeccablement bien rangés. Je souris en pensant au bureau qui se trouve dans ma chambre, à l'heure actuelle il doit être encore recouvert de bouquins en tous genres et de feuilles de dessins.

Gabriel se poste à côté de moi et remarque mon sourire, je me ressaisis immédiatement.

- Vous avez trouvé quelque chose de marrant ? me demande-t-il.

- Oh non, désolé. Enfin, c'est juste que tout est si bien rangé, il n'y a pas une seule poussière, ce qui est tout le contraire de mon bureau.

Il balaye la pièce du regard et sourit à son tour.

- Oui, c'est vrai. Mais pour être sincère, il n'y a qu'ici que je parviens à garder un bureau rangé, chez moi c'est tout autre chose. Je vous en prie, prenez place.

Il me désigne les fauteuils devant le bureau, je m'y assois tandis que Gabriel se place sur le second en me tendant un verre. Je réalise alors ce qu'il y a dedans, la couleur rouge sombre étant un grand indice. J'attrape le verre, sans rien laisser paraître, et contrôle ma soif pour ne pas passer pour une débutante.

Je respire calmement et prends une gorgée une fois sûre de pouvoir contrôler ma soif. Le vampire porte lui aussi son verre à sa bouche, et pas une seule seconde ses iris prennent cette couleur rouge.

- Ça fait longtemps que vous êtes un vampire ? demandé-je en voyant sa parfaite aptitude à se contrôler.

- Oh, je ne compte plus depuis des années. À force on oublie, mais ça doit bien faire deux ou trois cents ans.

- Je ne pensais pas que vous étiez aussi âgé, dis-je en souriant, j'ai l'impression de n'être qu'une enfant comparée à vous.

- Vous semblez pourtant bien contrôler votre soif, la lumière du soleil ne vous gêne pas ?

- Non, fort heureusement. J'ai rapidement pris l'habitude, vivre de nuit n'est pas forcément ce que je préfère.

- Oui, je comprends. Ce n'est pas toujours facile, et d'où venez-vous ?

- De Los Angeles.

Je suis surprise de la rapidité de ma réponse, mes talents de menteuse s'améliorent un peu plus à chaque fois. Gabriel hoche de la tête, croyant parfaitement ce que je lui dis.

- C'est un endroit magnifique, reprend-il, j'y ai vécu quelque temps. Mais New York reste ma ville américaine de prédilection.

- Vous n'avez pas toujours vécu ici ?

- Non, je suis né et j'ai vécu en Italie. C'est aussi là-bas que c'est déroulé ma transformation, j'ai eu beaucoup de mal à partir.

- Pourtant les vampires ne sont pas réputés pour être des sentimentaux, dis-je en reprenant une gorgée de mon verre.

- Je dois être l'exception qui confirme la règle, répond-il en rigolant, mais ma faiblesse était une femme.

- Celle qui vous a transformée ?

- Oui, elle s'appelait Amélia. C'était une sublime femme, vous me la rappelez beaucoup d'ailleurs. J'avais à peine vingt ans quand elle m'a transformé, alors qu'elle frôlait les quatre cents ans. Mais l'amour n'a pas d'âge.

- Elle n'est plus de ce monde ?

- Non, elle s'est fait tuer une centaine d'années plus tard. Une rébellion qui a fait beaucoup de victimes.