Chapitre 23

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Nous roulons depuis un petit moment déjà sans même nous adresser la parole. Je le sent tendus comme un string à côté de moi. Ça promet...

- Je crois qu'on devrait plutôt rejoindre les autres. T'es fâché contre moi et...

- Non. Certainement pas. Toi et moi on doit avoir une petite discussion. dit-il sèchement toujours sans un regard pour moi. 

Ok...bon...je me renfrogne dans mon siège en triturant mes doigts. Quelques instants plus tard, la voiture s'arrête. La nuit commence à tomber, mais je reconnais l'endroit où nous sommes : le LaPrele Park, celui où nous étions aller la première fois. 

Il sort, fait le tour du véhicule et vient ouvrir ma portière. Cela pourrait paraître pour un geste romantique, mais vu l'air qu'il affiche et la tension ambiante...c'est loin d'être le cas.

- Sort, m'ordonne-t'il

- Non. dis-je  en croisant les bras sur ma poitrine. Je dois avoisiner l'apparence d'une gamine de 5 ans, mais je m'en tape. 

- T'es pénible. grogne-t'il

Il souffle, se penche dans l'habitacle pour détacher ma ceinture. Sa proximité met tous mes sens en alerte. Mon cœur, qui est pourtant sensé être décédé en même temps que Kévin, se manifeste en accélérant la cadence. 

- C'est bon, c'est bon...je vais le faire. Jsuis pas une gamine ok. je m'énerve

- Parfois je me le demande. marmonne-t'il

Il s'écarte et me laisse sortir du véhicule. Il le verrouille et commence à marcher vers le centre du parc, en son centre, vers le lac plus précisément. Je le suit difficilement avec mes escarpins. Déjà que j'était sur les nerfs...ça ne fait qu'amplifier ma colère. 

- Bon, c'est bon là? Ou tu comptes me noyer dans le lac?

- Ne me tentes pas.

- Tu m'énerves.

- Tout t'énerves en ce moment Kloé. Et si on est là c'est parce que j'aimerais comprendre ce qu'il t'arrive.

- Et tu crois qu'en m'emmenant dans un parc vide le soir ça allait me mettre à l'aise et me faire parler? j'ironise

Sans me répondre il s'installe sur un banc surplombant le lac. Il me laisse une place pour m'asseoir à côté de lui, mais je refuse d'y aller. Je reste donc debout, en retrait à quelques mètres de lui. 

- Je t'écoute. Tu peux y aller...lâches toi. Dis moi ce qu'il ne va pas. 

- Qui te dit que quelques chose ne va pas? Et qui te dit que j'ai envie d'en parler avec toi?

- Kloé, je suis pas aveugle, je vois bien qu'en ce moment tu es à prendre avec des pincettes, tu t'énerves pour un rien et...

- Pour un rien? Qui es-tu pour juger de l'importance du sujet de mes colères? 

- Oh bon dieu Kloé, merde. Arrêtes. Arrêtes de faire ta gamine. 

Il se lève et se tourne vers moi. 

- Je ne fait pas ma gamine. Juste, c'est toi, tu m'énerves.  

- Ok...et pourquoi? Qu'est-ce que j'ai fait? 

Je reste stoïque, incapable de lui répondre. Il se rapproche alors de moi, sondant mes yeux surement à la recherche de réponses. 

- Sais tu, Kloé, combien ça me coûte à chaque fois de venir te voir? Sais-tu ce que je suis obligé de faire pour venir dans ce trou paumé?

- Je t'ai rien demandé moi, je lui répond légèrement vexée 

- Mais putain Kloé, tu crois que je fais ça pour n'importe quelle personne que je coach? Sérieusement Kloé, réfléchis 5 min. Et si c'était le cas, tu ne crois pas que je t'aurai demandé de me payer?

- Ah on en est là maintenant....à l'argent. S'il n'y a que ça, balance moi ta facture je me démerderais. 

- Mais putain, crie-t'il, t'es vraiment impossible quand tu t'y mets. 

Il se passe la main dans ses long cheveux.  Je suis nerveuse. Je sais ce qu'il ne va pas, mais je ne me sent pas prête à lui en parler. Alors je fais diversion en tentant de ne pas craquer. Je ne sait pas, et n'aime pas mentir. Je pars du principe où de toute façon tout se sait un jour ou l'autre.  

- Brock, je...

- Non, tais toi. Tu en as assez dit. Je pensais qu'on était ami mais...

- On l'est...je mumure penaude

- Ah bon, et c'est comme ça que tu traites tes amis? 

- Non mais...

- Mais quoi Kloé? QUOI? 

Il s'était rapproché de moi et me surplombai de sa hauteur de géant. Je n'osait pas relever la tête, honteuse de mon comportement vis-à-vis de lui. Il me considérait bien comme une amie et non comme un simple sujet d'une expérience sportive.

- Tu...je me racle la gorge, les mots ne voulant pas sortir. 

- Je quoi? demande-t'il toujours sévère

Je lui doit la vérité. Mais, putain ce que c'est dur. Je ne peut pas lui dire. Je ne peux pas lui dire ce que je ressent quand il est là, quand il n'est pas là, quand il me frôle, me touche. J'ai peur de me ridiculiser. Mais le pire...c'est que ce n'est pas ça le pire dans cette histoire. Ce n'est pas ce que je ressent pour Brock qui me met dans cet état, c'est quelque chose de bien pire.

Il me saisit le menton pour relever mes yeux sur lui. Mais je lui refuse un regard. 

- Kloé, dis moi. Regarde moi et dis moi. 

- J'oubli Kévin. 

Et à ces mots, des larmes jaillissent de mes yeux, je ne savais même pas qu'elles étaient là à guetter la moindre occasion de sortir. Je dégage alors mon visage de sa main et lui tourne le dos. 

- A chaque fois que tu es là, je ne pense plus à lui. C'est comme si...comme si je l'abandonnait, comme si je le trompait...dis-je la voix tremblante.

- Oh...

- Oui, oh. Ça ne fait même pas un an, et je commence déjà à l'oublier. Quelle belle garce je fais hein? 

- Non, ce n'est pas ce que je dirai...

- Mais c'est pourtant ce que je suis. 

Et je suis d'un coup prise d'une colère, d'une hargne. Une vague de violence m'envahie. Une colère vis-à-vis de moi. Je me déteste. Je me dégoutte. Oublier Kévin si tôt au profit de Brock...c'est ignoble. Pleine de cette rage, cette haine, je me retourne vers lui d'un coup.

- Alors, ça te fait quoi de savoir ce que j'ai en ce moment hein? Ça t'avance à quoi? je crie méchamment, me tournant vers lui le regard menaçant. Enfin, aussi menaçant qu'il peut être avec les traces de mascara qui a dû couler avec mes larmes. 

Il fronce les sourcils, cherchant surement les bons mots. 

- Ok...on y va. 

- Quoi? Où ça? dis-je surprise par la tournure de la conversation. 

Il me saisit alors par le poignet, déclenchant les habituels décharges électriques dans mon bras. Il me tire dans la pénombre jusqu'à la voiture. Je lute pour suivre son allure, et surtout pour ne pas y laisser mes chevilles.

Malgré mes nombreuses interrogations, il ne m'a toujours pas répondu. Il me fait grimper dans la voiture, fait le tour avant de monter derrière le volant. Il démarre au quart de tour. Il ne prononce pas un mot de tout le trajet, mais envoie plusieurs textos. 

De l'état de colère, je suis maintenant entre un mélange d'interrogation et de peur. 







The American Dream...ou pas!!Where stories live. Discover now