Chapitre 25

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Je redresse la tête afin de sonder son visage. Que veux-t 'il dire par là? Il ne veux pas qu'on ne se voit plus. Mais pourquoi? Je n'ai pas été des plus tendre avec lui. Pourquoi insister? 

- Je vois bien que tu n'as pas bien compris ce que je t'ai dit tout à l'heure. Je ne me déplace pas autant pour n'importe qui. Je n'annule pas certains de mes rendez-vous pour n'importe qui. J'apprécie être avec toi Kloé, même quand tu fais ta sale tête. me dit-il dans un sourire. 

- J'ai l'impression que je ne fais que ça en ce moment...

Je me relève et vais m'asseoir sur le canapé. Brock reste au côté du sac de frappe. Je me sent vidée. 

- Quand je suis arrivée ici, je m'étais promis de me remettre à vivre. J'étais une coque vide, et le but était de me reconstruire. Mais, alors que j'ai l'impression d'y arriver, le fait que ce soit grâce à toi, que tu me fasses ressentir des sentiments que je ne pensait plus pouvoir avoir, j'ai le sentiment de trahir Kévin. Je ne revis pas grâce à moi, mais grâce à toi.

- Et c'est mal? 

- Oui.

- Pourquoi?  

- Parce que....parce que...non laisse tomber...

Brock vient s'agenouiller devant moi. Il écarte mes jambes afin de pouvoir être au plus proche de mon visage. La sensation de ses mains sur mes genoux déclenche une vague de chaleur et agite mon bas-ventre. Il pose ensuite ses mains en coupe sur mon visage afin de le redresser. Il essuie mes joues mouillées de ses pouces. Il est à genoux, mais nous sommes tout de même à la même hauteur. Putain de géant. 

- Tu te souvient, une fois je t'ai dit que je ne te lâcherai jamais. Je ne compte rien laisser tomber te concernant Kloé ; je ne compte pas te laisser tomber. 

- Mais pourquoi?

- Parce que je pense que tu en vaut la peine. Parce que je pense que ces sentiments que tu ressens et qui te dérangent sont probablement les mêmes que les miens. Parce que je pense que sous cette carapace coriace de fille dure se cache une fille extraordinaire. Et enfin parce que mon cœur me dit de ne pas laisser tomber tout simplement.  

Ok, là mon cœur bat si fort que je suis sur qu'on doit l'entendre à Pékin. Ses yeux azur sont si tendres quand il les pose sur moi à cet instant. Le mouvement de ses pouces sur mes joues est tellement apaisant que je pourrai rester comme ça encore un long moment. 

Je saisit sa main gauche sur ma joue et la fait descendre le long de mon cou. J'y vais lentement car je ne veux pas louper une seule des sensations que cela me procure. C'est le 14 juillet dans mon corps. Son regard fait des allers-retours entre mes yeux et nos mains. La course s'arrête quand sa main se trouve au dessus de mes seins, sur mon cœur qui bat la chamade. 

- Tu sent ? 

- Quoi? 

- Mon cœur? Tu le sent battre? 

- Oui. Ses yeux son maintenant concentrés sur sa main.

- À la mort de Kévin, il s'est arrêté. Il ne remplissait plus que son job de pompe à sang. Il ne tressautait plus, battait à un rythme toujours égal. Bref, il était mort en même temps que lui. Depuis quelques temps, à chaque fois que tu es dans les parages, il accélère. Quand tu souries ou que tu ries, je frôle la crise cardiaque. Quand tu me touches je suis à deux doigts de la tachycardie. 

Je lui laisse un petit temps afin qu'il assimile ce que je viens de lui avouer. C'est énorme pour moi qui suit plutôt super réservée surtout quand il s'agit de parler de mes sentiments les plus profonds et intimes. Et j'ai surtout peur qu'ils ne soient pas réciproque. Je me mord alors la lèvre. J'y suis peut-être aller un peu vite. Mais foutue pour foutue...autant tout lâcher. 

- Là où je suis totalement perdue Brock, c'est que malgré que j'aimai Kévin plus que tout au monde et qu'il était l'homme de ma vie, jamais mon corps ne réagissait autant à sa présence. C'est quelque chose de totalement inédit pour moi, et ça me fait peur. J'ai peur car cette sensation est tellement addictive, que si elle devait s'arrêter...je...je ne suis pas certaine que je pourrait m'en remettre une seconde fois...

Il retire ses mains et se remet de bout. Je le regarde. Il semble perdu. Les larmes me montent aux yeux. Je suis certaine que je me suis complètement fourvoyée. Il a du enfin comprendre que si je réagissait ainsi qu'avec lui, c'est parce que j'avais développé une attirance pour lui ; tandis que lui ne me perçois que comme une amie. Je pleure de honte...et de déception. C'est le râteau le plus douloureux de ma vie.  

Il quitte la pièce, me laissant ainsi complètement vidée de toute énergie. Après un moment, je sort à mon tour, vais dans la salle de bain. Je me rince le visage, et essuies les ravages du mascara. Je rattache mes cheveux et me mouche le nez. J'ai mal à la tête d'avoir renifler depuis tout ce temps. 

J'avance penaude en direction de la pièce principale. Il est là, droit comme un piquet à regarder par la fenêtre. Je me racle la gorge pour signaler ma présence. Il se retourne vers moi, mais reste à sa place. Il me regarde sans rien dire. Je n'arrive pas non plus à discerner la moindre expression sur son visage barbu. 

- Je suis désolé...commence-t'il

- Non, laisse...c'est pas grave. Tu ne pouvais pas savoir. je le coupe. Est-ce que tu pourrais me ramener à la maison? J'ai envie d'une bonne douche et d'aller me coucher.

- On t'a déjà dit que tu étais pénible à couper la parole! dit-il en souriant

- Oui...Amy me l'a reproché encore tout à l'heure. 

- J'allais dire que j'était désolé que tu n'ai pas eu assez confiance en moi pour m'en parler avant. 

- Oh parce que tu crois que c'est évident? Peut-être que dans ton monde de mannequin où tout le monde est beau comme un dieu ça l'est ; mais pour le commun des mortels, ceux qui n'ont pas été aussi gâté par la nature que vous, c'est plutôt difficile. 

Il s'esclaffe de rire. Malgré moi, le coin de mes lèvres remonte légèrement. Il s'approche de moi et me sert dans ses bras. Ma tête contre son torse, mes bras autour de sa taille, je ne me suis jamais autant sentie à ma place. 

- On fait quoi maintenant? demande-t'il

- Bah tu me ramènes à la maison avant de...

- Arrêtes, tu sais très bien ce que je veux dire. dit-il après avoir pouffé 

Il s'écarte légèrement de moi, ce qui me tire une grimace. Il saisit mon visage en coupe et me caresse avec ses pouces. J'adore quand il fait ça. Ses yeux regardent mes lèvres. Je suis sur que si j'était branchée à un monitoring, il biperait de partout. J'ai la gorge sèche. Je déglutit difficilement.

- Je...je ne suis pas prête. je murmure

- Je sais. souffle-t'il



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