Chapitre 13 - partie 3/3

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Sans un regard pour son oncle, Carmella se leva avant de le suivre, la tête haute.

- Tu devrais t'estimer heureuse de ton sort. Un jour tu seras comtesse de Sinderbrod comme l'a été ta mère. Cela ne vaut-il pas mieux que de cirer le sol ?

- Tout travail ou torture serait pour moi un châtiment moins cruel que d'épouser Julius ! affirma Carmella avec calme et lenteur, ce qui donna encore plus de violence à ses mots prononcés avec plein de froideur.

- Petite ingrate ! Combien de fois devrais-je te le répéter ? Je suis ton oncle et tuteur, de par ces titres tu me dois respect et obéissance.

- Je ne vous dois rien si ce n'est deux ans de dur labeur jour et nuit, l'humiliation de servir dans ma propre maison, et le restant de mon existence lié à un homme que je méprise autant que vous !

- Espèce d'insolente ! Tu feras moins la fière une fois seule avec Julius ! répliqua Edward avec un rire diabolique.

Carmella ne répondit rien à cette menace qui deviendrait dans peu réalité. Elle se contenta d'avancer, tel un condamné qui marche vers l'échafaud.

Tout en avançant, elle repensa au propos tenu par Sir Edward alors qu'on la conduisait dans sa chambre afin de la préparer pour la cérémonie.

« Après votre mariage vous partirez en lune de miel pendant au moins trois mois. Vous reviendrez lorsque tu porteras mon petit-fils. Ainsi personne ne pourra plus rien contre nous. »

Carmella ferma les yeux avec douleur. Comment pourrait-elle appartenir à Julius ? Pire que cela, jamais elle ne pourrait avoir un enfant de lui ! Ce serait... affreux ! Comment chérir un enfant, symbole de leur union ? Elle fut parcourue d'un frisson. Mais après tout, n'avait-elle pas accepté ce mariage dans un but bien défini qui lui semblait mériter tous les sacrifices du monde ?

Son oncle lui avait mis entre les mains l'un des plus vils et démoniaques des marchés : ou bien elle épousait Julius, ou bien il ferait arrêter le marquis pour enlèvement de mineur... Comment pourrait-elle le supporter ?

Une larme de douleur s'écrasa sur sa joue.

Elle fut tirée de ses pensées en réalisant qu'ils arrivaient à la porte de la petite chapelle du manoir. Près d'un prêtre se tenait Julius, attendant, immobile. Cheryl, elle, avait pris place sur l'un des bancs les plus proches de l'autel. Vous pensez bien qu'elle n'aurait manqué ce spectacle pour rien au monde.

Ignorant la main tendue de son oncle, Carmella avança dans l'allée tandis qu'une larme perlait silencieusement sur sa joue.

Arrivée à ses côtés, Julius lui murmura tout bas :

- Cet instant, j'en ai rêvé toute ma vie. Tu seras bientôt mienne aussi bien légalement que corps et âme.

Les mains de Carmella se crispèrent sur l'imposante étoffe dont on l'avait vêtue.

Mon corps t'appartiendra peut-être, mais jamais tu ne pourras avoir mon âme sale ordure ! pensa-t-elle en son for intérieur.

S'adressant à l'évêque, Sir Edward lui dit :

- Commençons sans tarder. Le temps passe et nous sommes pressés.

Sur ces mots, l'office débuta. Carmella écoutait avec la gorge serrée, ne pouvant retenir quelques larmes de s'écouler sur son visage qui exprimait une tristesse sans nom.

- Si quelqu'un connaît un juste motif interdisant les futurs mariés ici présents de s'unir par les serments sacrés du mariage, qu'il parle tout de suite ou se taise à jamais.

Ce destin qui nous lieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant